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Les femmes ont très vite aimé se déplacer sans fatigue, vêtues de leurs plus somptueux atours, la voiture leur servant d’écrin !
Sous César, le pilentum , voiture de ville à 4 roues et 2 chevaux étaient exclusivement réservé aux flamines, aux vestales et aux matrones romaines. Les hommes ne montaient jamais dans une telle voiture. Le carpentum du même type, mais à 2 roues, servaient aux impératrices, aux patriciennes. Les poèmes, les chansons de gestes du Moyen-âge décrivent avec précision les lourds chariots allongés, richement peints de couleurs chatoyantes et drapés de brocart dans lesquels voyageaient les reines, châtelaines et leurs filles d’honneur. Derrière suivaient les charrettes avec matelas, literie, provisions, vêtements, chevaux de rechange, valets armés veillant sur les bagages…
Vers la fin du XIIIe siècle, quelques dames de la noblesse voyagent dans Paris en voitures couvertes si « superfluitées » qu’elles sont bientôt interdites par Philippe le Bel. Le char branlant de la duchesse d’Orléans en 1396 et celui d’Isabeau de Bavière en 1405 figurent parmi les plus anciennes voitures connues. Henri IV possédait un char branlant mais un seul, ce qui lui fit écrire à Sully : « je ne sçaurais vous aller voir aujourd’hui à l’Arsenal car ma femme a fait atteler ma coche et est sortie dedans. » Bientôt ce même Sully pestera contre le luxe qui poussait les Parisiennes « à ne plus cheminer par terre mais à se pourmener somptueusement en carrosses. ». Paris en compte alors 325 !
En juin 1577, Marguerite de Valois, en partance pour les Flandres raconte : « j’allois en une lictière à piliers doublez de velours incarnadin d’Espaigne, en broderie d’or et de serge nuée, à devise. Cette lictière toute vitrée et les vitres toutes faictes à devise y ayant ou à la doublure ou aux vitres, quarante devises toutes différentes avec les mots en espaignol et italien, sur le soleil et ses effects. Laquelle estoit suivie de la lictière de Mme de la Roche-sur-Yon, et de celle de Mme de Tournon, ma dame d’honneur, et de dix filles à cheval avec leur gouvernante, et de six carrosses ou chariots où alloit le reste des dames et filles d’elles et de moy… »
A l’époque de Louis XIV, tapissiers, peintres et menuisiers travaillent à l’embellissement des véhicules.
En 1644, selon Mme de Motteville, Anne d’Autriche effectue sa toute 1ère promenade en calèche, nouvellement créée, dans les allées de son parc à Rueil… En 1656, pour franchir les 24 lieues de Paris à Forges où elle prend les eaux, la Grande Mademoiselle, met 4 jours. Le 1er, elle couche à Poissy ; le 2e, à Pontoise ; le 3e, elle dine à Gisors, poursuit sa route pendant la nuit et arrive à Forges au petit jour suivant. En 1676, Mme de Montespan gagne Vichy dans une calèche attelée à 6 chevaux, suivie d’une autre calèche attelée de même avec 6 filles, 2 fourgons et six mulets pour les bagages, 12 cavaliers pour l’escorte. « Plus modeste, Mme de Sévigné, pour l’y rejoindre, se contenta d’un simple carrosse à 4 chevaux et ne mit que 9 jours parce qu’elle avait de bons chevaux ! » En 1760, Mme d’Épinay se rendait aux eaux de Cauterets avec 20 malles énormes ; « Trois filles, très habiles, de vraies merveilles, avaient charge de veiller à l’entretien des toilettes qui y étaient contenues ». Une saison aux eaux (une cure durait en moyenne 40 jours), y compris le voyage, représentait plusieurs mois de l’année. Un guide d’alors, le plus sérieusement du monde, recommandait à la voyageuse de rédiger un testament « afin d’éviter toute discussion entre les membres de sa famille, au cas qu’elle vint à décéder en chemin. » En 1787, le voyage de Paris à Barèges durait 17jours ; en 1830, il ne faut plus que 11 jours en diligence…
Au XVIIIe siècle, les voitures s’ornent de décors sculptés de vases et de fleurs, de broderies, d’allégories, de marqueteries de bois précieux, avec abondance de poches pour loger toutes sortes d’objets indispensables aux voyageuses, des bouillottes, des chaufferettes… « Les filles de l’Opéra et les courtisanes, enrichies par leur commerce avec les grands, viennent étaler leur luxe impudent dans leurs carrosses. » Les dames de qualité disposent de nombreuses voitures. En 1767, la dauphine Marie-Josèphe de Saxe en possède près de 40 : 13 berlines, 9 carrosses, 4 chaises de poste, 2 vis-à-vis, 2 diligences, 2 gondoles, 1 calèche, 1 soufflet, 1 diable, 1 cantine… En 1780, le carrosse de porcelaine de la duchesse de Valentinois, tiré par 4 chevaux gris pommelé avec harnais de soie cramoisie brodés d’argent, occasionne la stupéfaction. Quelques semaines plus tard, Mlle de Beaupré apparaît dans le sien, tiré par 4 chevaux isabelle harnachés de velours bleu foncé rehaussé de broderies d’or. Mme de Pompadour, lorsqu’elle circule dans son phaéton bleu d’azur, s’habille en rose, mais c’est dans son phaéton rose, vêtue de bleu, qu’elle plut au roi ! Sous Louis XV, on dénombre 15 000 véhicules à Paris !
Pendant le Directoire, le Journal des Dames et des Modes de 1801 déclare même : « qu’on ne saurait être une petite maîtresse sans avoir au moins une voiture. »
Avec Napoléon 1er réapparaissent les beaux attelages de gala avec cocher et laquais élégamment vêtus. En 1814, à la mort de l’impératrice Joséphine, les remises de La Malmaison abritent 24 voitures…
Vers 1812, Georges Sand, enfant, mettait 3 jours de Sologne à Paris, dans la berline de sa grand-mère, Mme Dupin de Francueil : « c’était une vraie maison roulante, pleine de provisions de toutes sortes, de cartes, d’itinéraires, d’argent, de livres ! Ma grand-mère et la femme de chambre empaquetées dans des châles et des coussins s’installaient dans le fond tandis que je m’allongeais sur la banquette d’en face. Trois caisses et cinq ou six paquets encombraient le reste de l’espace. »
Sous Napoléon III, l’impératrice Eugénie se promenait, dès les beaux jours, dans « sa grande Daumont à capote lilas attelée de 4 chevaux bai empanachés de fleurs de glycine. Les livrées du cocher et des équipages se composaient de capes vertes à franges et glands d’or, de vestes vertes et or, de culottes de peau et de bottes à revers. En hiver, sous la neige, elle voyageait dans un traineau attelé à 2 superbes bai brun. Les harnais étaient ornés de cuir de Russie et de macarons dorés, les colliers étaient garnis de grelots. Des aigrettes rouges empanachaient leur tête et des macarons dorés brillaient sur leur front. »
A l’Exposition universelle de 1867, M. Ehler propose aux dames des landaus, des phaétons, des calèches, des coupés de ville, des victorias et des voitures de campagne aménagés selon les saisons. Quelques très luxueux park drags et road coaches comportent lavabo et siège d’aisance en porcelaine alimentés par une réserve d’eau dissimulée dans un coffre. Puis vinrent les créations particulières pour les jeunes filles et même, en 1910 pour une voyageuse allant en Perse, le tilbury démontable construit à Paris par Grummer, qui se rangeait dans 3 housses fabriquées par Vuitton !
"Pour la revue du soir, on pouvait voir les petites danseuses venues en cab aux portes du Moulin Rouge"...
Rosine Lagier
Sources : mes collections, ma bibliothèque et mon ouvrage « La Femme et le cheval, des siècles d’histoire ». Quelques amusantes illustrations proviennent de mes collections de chromos publicitaires ...
Prochainement : "Le driving" : conduire ou mener, le rêve de toutes les femmes au fil des siècles !