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Par figoli
En France, l'emploi du cheval pour tracter les wagonnets de minerais ou de charbon s'est généralisé vers 1860. En 1926, 10 000 chevaux y étaient employés, plus que 130 en 1960 ! Seules les races de poneys ou de chevaux à forte masse musculaire et bonne ossature étaient retenus. Les éleveurs spécialisés dans leur dressage les habituaient au casque de cuir et à la traction de fortes charges... Les meneurs travaillaient à la voix, criant "au collier" si un effort important devait être fourni, "au cul" si le cheval devait freiner la poussée, "à la soupe" quand c'était l'heure des repas ou des pauses.
A la 3e année sonnée, les chevaux descendaient dans la mine, enfermés verticalement dans un harnais ou un filet solide (seul moyen pour empêcher leur asphyxie), les yeux bandés, les membres entravés parfois protégés de paille, un couvre-nuque protégeant leur front contre le plafond bas des galeries.
Si les souffrances des mineurs ont été largement évoquées par Zola, celles des chevaux sont restées dans l'ombre. Toutefois, compagnons de misère des mineurs, ceux-ci leur témoignaient des attentions attentives.
A Liévin, les chevaux tiraient 20 wagonnets de 460 kg chacun sur un parcours de 2 000 m. Ailleurs, ils tiraient 10 chariots de 405 kg sur 900 m... Certains chevaux apprennaient vite à compter et refusaient de démarrer s'il y en avait plus que le nombre habituel ! La plupart avait mémorisé le parcours avant de devenir aveugle et se déplaçait sans difficulté dans les galeries. La mortalité atteignait 30%. La plupart ne voyait plus le soleil, les prairies verdoyantes et l'air pur. Incroyable toutefois, lorsqu'ils étaient bien soignés, à l'abri des rigueurs de l'hiver et des chaleurs de l'été, dans la température constante, bien nourris et bien abreuvés, il est prouvé que les chevaux y atteignaient la plus longue longévité, atteignant à l'aise 30 ans.
Ils partageaient les coups de grisous : "la galerie où nous étions en contenaient 65 ; 4 ont survécu, 3 sont incapables d'aucun travail. Le seul cheval blanc qui a résisté bravement nous aide à déblayer les galeries et les morts, les siens et les nôtres..." (L'Illustration 1889) La grande majorité ne sortaient des ténèbres que les sabots en l'air, à l'état de carcasses. Lors des catastrophes, quand l'inondation ou l'éboulement menaçait, les hommes se sauvaient... abandonnant les chevaux à leur triste sort...
Texte :
Rosine Lagier
Sources : sa bibliothèque familiale et son ouvrage
"Il y a un siècle, le Cheval" éditions Ouest France,2003, lauréat du Prix Centauriades.
Note de Figoli:
Nous complèterons cet article par cet album contenant clichés et cartes des collections Figoli, Henri Baup, Emanuel Guargues, courtoisie,...
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