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Par figoli
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Comme chaque année, l'été a ramené son tribut de fêtes des moissons, des battages à l'ancienne et autres festivals de la ruralité, voulus comme autant de célébrations d'un passé agricole glorieux et idéal.
Je me suis promis, il y a bien longtemps déjà, de ne plus traverser la France pour assister à l'une ou l'autre de ces cérémonies, mais l’envie d’y découvrir quelque rareté, au moins exposée, finit toujours par piétiner mes bonnes résolutions...
Sans être atteint, je l’espère, du syndrome malin du « c’était mieux avant », je dois bien confesser un regret, trop souvent répété ces dernières années, de n’avoir assisté qu’à de malheureuses parodies !
Je me garderai bien ici de juger les autres prestations (sieurs de longs, batteurs au fléau, cordiers, etc), les attelages et leurs meneurs restant ma « priorité ».
Certes, il n’y avait pas autrefois, loin s’en faut, que de belles attelées menées dans les règles de l’art, des voitures dans un état et d’un équilibre irréprochables mais est-il normal aujourd’hui de montrer des animaux à peine toilettés, des cuirs cassants gris de poussière, de véritables épaves hippomobiles ?
Si je conçois bien le souci de sécurité et de confort qui fait, par exemple, remplacer un authentique collier régional par un collier « américain » moderne, il me semble logique de mettre à l’unisson toute la présentation… et de la soutenir par un discours sur la traction animale contemporaine.
Je sais toute la difficulté à trouver des attelages agricoles chevronnés. Les chevaux de travail sont rares, les charretiers bien davantage encore, et recourir à des professionnels s’avère souvent financièrement impossible. Si les nombreuses associations d’attelage locales se prêtent volontiers au jeu, on ne s’improvise pas moissonneur, laboureur, débardeur. Au détriment de la crédibilité du spectacle, il faut alors être trois conducteurs pour exécuter, grâce une charrue approximativement réglée, un méchant labour avec un attelage en paire équipé de harnais « marathon » (oui, je l’ai vu !)…
Je sais aussi combien il est difficile aux organisateurs de mobiliser leurs « troupes », et qu’à être trop regardant sur le costume de l’un, les accessoires de l’autre, le geste du troisième, le risque de démotiver et clairsemer les rangs augmente exponentiellement. Il n’en demeure pas moins que le succès d’une manifestation traditionnelle passe immanquablement, je pense, par un minimum de vraisemblance. On ne regrettera donc jamais assez les déguisements des acteurs : le classique du genre restant la blouse paysanne du XIXème siècle, largement délaissée dès l’entre deux-guerre, tombant sur un blue-jean, des baskets, le chapeau « de cow-boy » en paille… sans parler des tee-shirts et autres casquettes publicitaires !
La reconstitution historique est un exercice d’une extrême complexité qui exige un grand investissement personnel, de la documentation et, ne le cachons pas, quelques moyens financiers. Pourquoi donc compliquer - et saborder - les choses alors que la plupart des matériels remis en route pour l’occasion date (ou était encore utilisée) dans les années 1950, époque bien plus aisée à restituer que les années 1900 ?
Qu'on ne se méprenne pas sur mon propos. Je ne souhaite discréditer aucune organisation, encore moins appeler au boycott général, mais j’entends juste regretter le déplorable tableau de travaux bâclés, d’animaux maltraités sous des harnais inappropriés, mal réglés. Qu’on arrête d'ériger en témoignage historique, l'odieux spectacle d'attelages brouillons et improbables qui, du reste, desservent auprès du grand public la traction animale d’aujourd’hui, professionnelle et innovante.
Que dirons-nous, dans 50 ans, d’un chauffeur en manteau de fourrure, lunettes de natation sur les yeux, assis au volant d’un modèle automobile des années 1980 à moitié déglingué : c’est comme çà qu’on se déplaçait en 2013 !
Bon, je sais, pour finir, on est 30 (?) névrosés à s’en émouvoir, mais qu’on se le dise, je ne me soignerai pas ! Parce qu’heureusement, il existe toujours des moments de Grâce, comme en témoignent les images ci-jointes…
Etienne Petitclerc
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