Vous trouverez une présentation très accessible des articles de vos "THEMES FAVORIS" dans le répertoire ci dessous.
"Le moniteur de la sellerie civile et militaire"
1889
Nous allons prochainement diffuser un album de sellerie très rare, présentant les divers types de selles et, surtout, de harnais proposés à ses lecteurs par le journal professionnel "Le moniteur de la sellerie civile et militaire", de 1884 à 1900.
Il m'a paru necessaire de faire précéder la diffusion de cet album d'une présentation de cet organe de presse professionnel vendu aux selliers bourreliers de tout l'hexagone.
Un premier journal professionnel, "Le moniteur de la sellerie et de la bourrellerie", se crée le 10 avril 1884. Il diffuse aux artisans des conseils techniques, patrons,...sur la réalisation des différéntes fabrications de selles, harnais, matériels d'écurie,... Cette publication eut donc un impact important sur la diffusion des modes parisiennes, à l'ensemble du territoire.
Son premier directeur, Charles Vincent, voulait en faire "une oeuvre durable et utile". Cet objectif fut largement obtenu puisque, aprés avoir été plusieurs fois modifié pour suivre l'évolution de ces métiers, ce journal sera diffusé jusqu'à la fin des années 1990.
A sa mort, la publication fut reprise par son fils (portant le même prénom): Charles Vincent, qui, à la demande des professionnels, en modifie de façon importante son contenu, en Janvier 1889.
"non seulement le moniteur vit mais encore le succès qu'il a obtenu l'oblige aujourdhui à augmenter son format, pour que, par une nouvelle méthode de publication, toutes les matières réclamées par ses abonnés soient régulièrement traitées sur chaque numéro."
A partir de cette date, le journal change de nom et devient le:
"Moniteur de la sellerie civile § militaire"
Bourrellerie-Harnais
Cette nouvelle version est plus étoffée et s'organise en plusieurs parties.
" Ce journal développe donc son activité et divise sa publication en cinq parties principales; sellerie, bourrellerie, armée, informations, renseignements.
Donc, à partir de ce numéro, rien de ce qui interesse l'industrie du harnachement ne pourra passer pour nous inaperçu. Nous nous attacherons à avoir, à côté de la partie technique que nous ferons encore plus complète que par le passé, une partie industrielle renseignant sur les moyens de fabrication les plus nouveaux en France et à l'étranger.
Une partie commerciale, recherchant des débouchés pour notre industrie,...
Notre page de renseignements divers donnera l'état actuel des formations de sociétés, faillites, brevets nouveaux,..
Nous continuerons, comme par le passé,...à apporter le plus grand soin dans le choix et l'exécution de nos gravures, qui, à elles seules, remboursent complètement le prix si minime de notre abonnement."
Pour mieux cerner l'influence de cette publication sur la profession, nous vous proposons de découvrir quelques éléments de ce premier numéro.
Commençons par la présentation de la planche technique du mois qui concernait l'équipage d'officier. Elle est réalisée, comme toutes les planches jusqu'au début du XIX° siècle, par le dessinateur Blondeau.
Nous voyons que ces planches étaient accompagnées d'explications assez exhaustives allant des contraintes d'utilisation aux modalités techniques de réalisation, en passant par les coloris, matières utilisées,...
Elles étaient accompagnées de patrons de certaines parties du harnachement, comme pour cet "équipage d'officier", de patrons des sacoches, tapis,... .
Les autres articles de ce numéro sont très variés:
Manière de garnir et dégarnir les chevaux et d'ajuster les harnais à deux chevaux.
Colliers divers, Hermet et Anglais" (présentation d'innovation en matière de colliers)
Gros collier de trait ( explication sur la mise en oeuvre d'un collier.)
Harnais rivés et boulonnés (approche très critique de cette innovation de 1889).
Travaux sur un Mylord
La partie militaire se compose d'un texte sur l'avenir des maîtres selliers militaires. Dans le numéro de février, le journal aborde le harnachement de gendarmerie,...
Differentes informations concernant les aides à l'industrie, informations juridiques, annonces,.... complètent l'ensemble. Comme vous avez pu le constater sur la page de couverture précédente, ainsi que sur celle de février 1889, cette publication présente de nombreuses publicités.
A cette publicité s'ajoutait une liste de fournisseurs recommandés par la revue.
Si la planche présentée concerne la fabrication d'une selle militaire, les planches proposées par ces revues offrent un panel beaucoup plus étendu de types de fabrication; selles civiles, articles d'écuries et, bien entendu, de multiples harnais; de service, de luxe, de gala, de loisir ou de travail. En voici quelques exemples postérieurs à l'album que nous vous présenterons la semaine prochaine; un harnais à bricole de dressage (1901) et un harnais à collier bricole pour voiture à deux roues (1902).
Une étude plus approfondie de l'ensemble des exemplaires de ces publications permettrait de mieux comprendre les techniques de sellerie-bourrellerie postérieures à 1884. On pourrait analyser les critères d'évolution, ou de non évolution, de la fabrication des selles et harnais.
Dores et déjà, on observe, dans le premier quart du XX° siècle, que, même si le nombre de selliers semble rester constant, la suprématie galopante de l'automobile impacte le marché de la sellerie entraînant une perte de créativité.
Comme nous l'avions noté dans l'article "Catalogue Renaud", on constate qu'aprés les importantes innovations de la fin du XIX°; collier extensible, collier métallique (voir article "collier métallique, dit aussi élastique"), ..., la production du début du XX°, mis à part, en 1910 le brevet de collier de la maison Elasto, n'est plus porteuse d'innovation et, majoritairement, se contente de recopier les modèles précédents.
Ainsi, en 1933, le numéro de janvier de la revue, nommée alors "Le moniteur de la sellerie. Bourrellerie carrosserie ", présente une planche d'un harnais de limon qui n'est qu'un grossier découpi de la planche de 1889. Le texte d'accompagnement n'a également que peu évolué.
Dans ce numéro, les sujets traités diffèrent largement de ceux de 1889. Ils suivent l'évolution des marchés des selliers bourreliers. Malgré une certaine résistance, le nombre d'articles concernant la bourrellerie, la sellerie et le garnissage de voitures hippomobiles diminue fortement. En remplacement, apparaissent des articles sur la confection de bâches, la fabrication de matelas et, bien evidemment, sur la sellerie automobile. Mais le plus surprenant est, en 1933, la place donnée aux démarches administratives: fiscalité, commercial, législation sociale, qui représentent le tiers du contenu.
Aprés cette parenthèse sur l'évolution de la revue, revenons au XIX° siécle.
Le directeur de publication de ce premier numéro du " Moniteur de la sellerie civile et militaire" de janvier 1889 était conscient de l'importance encyclopédique de ses descriptions de sellerie et bourellerie quand il écrivait:
"Ces gravures hors texte composeront dans quelques temps une fort belle collection, qui sera comme une histoire parlante du harnachement sous ses formes les plus diverses; réunies, elle feront un album d'une réelle valeur".
Cet album, composé d'une centaine de planches de modèles de sellerie et de bourrellerie de luxe ou de travail, témoins de l'histoire du harnachement de 1884 à 1900, vous sera présenté la semaine prochaine dans la suite de cet article.
Texte:
Patrick Magnaudeix
(Figoli)
Documentation:
Planches harnais (collection Pratt)
Journaux 01/1889, 02/1889, Janvier 1935 (source BNF)
Album sellerie civile et militaire (collection de l'auteur)
Temoin de l' évolution de ces métiers de la sellerie, une grande entreprise de production de baches et de stores du sud gironde a conservé en l' état, l'ancien atelier de sellerie familial.