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Par figoli
Les revêtements de la chaussée à Paris :1 Le pavage de bois
Chantier de Taille de pavé de bois dans les années 1900
A La fin du 19° siècle, la circulation dans les rues de Paris était intense et les accidents nombreux. Voir articles La vie d'un cheval à Paris vers 1890 …Le revêtement de la chaussée était un des principaux facteurs de la fatigue des animaux et des accidents. Le revêtement idéal ne fut pas trouvé et les rues de Paris disposaient de cinq types de revêtement qui avaient chacun leurs avantages et contraintes ou dangerosité : le pavé gros, le petit pavé piqué, le macadam, l’asphalte (carbonate de chaux pure imprégné de chaux) et le plus vilipendé; le pavage de bois.
Pourtant, bien avant son utilisation il semblait réunir tous les suffrages. Dans un livre de 1844, intitulé « Les civilisations futures », Monsieur Sax prédisait comme « merveille du futur ce revêtement que toutes les villes allaient s’approprier". Cette idée ne se réalisa que bien plus tard à Londres… Il a été présenté à Paris par la compagnie anglaise « Improved Wood Pavement Company » qui devint ensuite la « Société des pavages en bois ». Paris ne se dota de cette surface de roulement qu'en 1881. Les premiers essais eurent lieu Rue de la croix des petits champs et Rue Richelieu.
Voici présenté, dans l’article du "Journal illustré" du 7 Octobre 1883, l’installation de ce revêtement. (Les dessins sont signés de G.Julien et G. Giaud).
"Il faut d’abord dépaver la chaussée que l’on veut paver en bois, c'est-à-dire en enlever les anciens pavés de grés ou le macadam qui la recouvrait. Ce premier travail achevé, on nivelle le terrain afin d’avoir un plan régulier.
Enlèvement de l'ancien pavage, nivellement du terrain et pose de la forme en béton
On coule sur ce terrain plat une forme en béton et sur cette forme on étend une couche formant un enduit composé d’un mortier, du ciment et de la chaux. Là-dessus se pose le pavé de bois qui a été trempé dans du bitume et desséché.
Pose des pavés de bois et des lattes
Il se pose par bandes perpendiculaires à l’axe de la chaussée, et entre chaque rangée, chaque bande, on place une latte de un centimètre d’épaisseur environ qui a pour but un isolement momentané et qui doit ensuite disparaitre. Lorsque la surface couverte par les pavés de bois est en effet suffisante, on retire cette latte, et dans l’espace qu’elle laisse vide, on coule du bitume bouillant, qui unit entre elles toutes les bandes et les scelle en quelque sorte.
Enlèvement des lattes, coulage du bitume dans les interstices
Lorsque le bitume est refroidi, on verse sur la surface ainsi préparée un mortier très clair, et au moyen d’un balai dur que l’on promène partout, on achève de remplir les joints.
Mise du mortier sur le pavage terminé.
Les pavés dont il s’agit sont faits avec du madrier de sapin, débité en rectangles d’environ 8 centimètres de largeur sur 12 centimètres de hauteur et 22 centimètres de longueur. »
Sur ce revêtement très uni, une rainure était effectuée tous les quarante centimètres afin d’éviter la glissade des chevaux.
Ce pavé qui avait l’avantage d’être ; peu bruyant, étouffant le bruit des pas des chevaux, réduisant au minimum les cahots et très roulant, fut installé dans les voies des quartiers les plus cossus de Paris : avenue des Champs Elysées, avenue Marigny, place Beauvau, rue de l’Elysée, place de l’opéra, rue royale, grands boulevards,…Cette technique très élaborée ne semblait cependant pas convaincre les usagers de son efficacité. Alors que l’implantation des pavés de bois continuait, voici ce qu’en disait un article de l’"Univers illustré" du 31 juillet 1897.
«Les revêtements faits en pavé de grés piqué sont très doux au roulement des voitures et n’ont pas contre eux les malédictions lancées contre le pavé de bois par le bicycliste dont la machine dérape par temps de pluie, par le cocher qui sent son cheval mal assuré, par l’hygiéniste qui prétend y voir un abri pour les masses pestilentiels et les microbes. Mais rien n’y fera, ni bicyclistes écrasés ni chevaux abattus, ni fièvres, le progrès marche !... »
En effet, les Parisiens lui reprochaient de pourrir en dégageant une odeur nauséabonde, de se couvrir par temps de pluie ou de neige d’une couche épaisse de boue qui transformait les rues en patinoires pour chevaux. L’utilisation des automobiles (déposant des résidus de graisses et d’huile) renforçait les risques. La situation devenait intenable dans les lieux de stationnement des chevaux ; station d’omnibus, de fiacre, de chevaux de renfort,…le pavé de bois pourrissait plus rapidement se transformant en un véritable foyer d’infection. Pour pallier aux risques de glissades dans les pentes, les ingénieurs eurent l’idée de paver la moitié de certaines rues en bois et l’autre en pierres. Ceci provoqua des situations explosives comme le décrit Ghislaine Bouchet dans son livre « Le cheval à Paris 1850-1914. »
« …les maraîchers qui arrivaient à deux heures du matin sur le boulevard Malherbes, descendaient toujours la rue du côté gauche. Les voitures qui arrivaient en sens inverse, surprises, avaient tout juste le temps de se rabattre également sur leur gauche. Les accrochages étaient inévitables et dégénéraient parfois en bagarres. La chaussée était responsable de cette inversion du sens de circulation. Sa partie droite, à la descente, était empierrée, sa partie gauche revêtue de bois. Les charretiers pratiques, préféraient pour descendre le pavé en bois et pour monter, le côté empierré, plus accrocheur pour les pieds des chevaux. »
Pourtant, comme le montre cette photo et aussi celle du début de cet article, l'installation de pavés de bois continua dans les années 1900.
Ce revêtement fut abandonné et progressivement remplacé pour disparaitre définitivement en 1938. Il faut noter que "Dame Nature" accéléra quelquefois le retrait de ce pavement comme le montre cette carte postale d'inondations à Paris.
Texte et Documentation :
Figoli.
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