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Tout au long du XIX°, de nombreux humanistes déploraient le comportement violent des hommes vis à vis de leurs chevaux. Une des raisons de cette situation était qu'une grande partie des personnes issues des classes moyennes et populaires, menant à titre privé ou professionnel, n'avaient, hormis leur expérience personnelle, aucune formation.
La Société Protectrice des Animaux, initiée en 1839 et structurée en 1845, s'efforça de palier à cette situation en multipliant les actions d'information, d'implication dans la modification de la législation (loi Grammont en 1850), et de formation. Malgré l'obligation de passer des examens de conduite pour certains corps de métier, p.e. les cochers de fiacres d'omnibus, ces initiatives n'eurent d'effet que très très progressivement.
Les chevaux de luxe, quant à eux, au vu de leur valeur et de l'implication de leurs propriétaires, étaient entretenus dans les meilleures conditions, aussi bien pour leur hébergement que pour leur utilisation. Une attention toute particulière était apportée au choix des personnels.
"Avoir un bon cocher était plus important qu'un bon cuisinier. Avoir un cheval malade ou blessé était un drame." -Comtesse de Manges dans comment j'ai vu 1900--
Cette situation n'excluait pas totalement l'existence d'actes inadaptés dans l'application des meilleures techniques de dressage et de menage; fouet, ...
"Sur cent gentlemen qui mènent leur voiture au bois, combien en trouvez vous qui tiennent les rênes d'une main sûre, expérimentée, capable de parer à un accident, de les tirer de l'imprévu?... C'est l'attelage, le plus souvent, qui est maître de son guide et c'est lui qui décide de la marche avec ou sans encombres. Les mails-coachs sont nombreux à Paris; parmi leurs propriétaires, pouvez vous m'en nommer plus d'une demi douzaine -et j'ai le chiffre large- pour qui le "four in hand" n'ait plus de secrets? -Vallée de Loncey dans Le cheval du bourgeois 1888".
Pour inciter les meneurs à se former en continu, la Société hippique, créée en 1866, mit en place des concours dotés de qualifications et de primes. Ainsi, au niveau menage, les meneurs étaient classés selon leur compétences: 1° Degré; bases élémentaires, 2° Degré (prime 20 frs); attelage 1 et 2 chevaux, 3° Degré; attelage à quatre (prime 50 frs)... Ces termes et définitions de niveaux d'aptitude perdurèrent jusque dans les années 1970 pour l'obtention de diplômes d'attelage.
Les journaux des sportmen; "Sport illustré", "La vie en plein air",... accompagnèrent cette volonté de vulgarisation des compétences équines en publiant régulièrement des articles pédagogiques visant à mettre à jour les connaissances de leurs lecteurs. C'est un de ceux-là, écrit par Paul Megnin et traitant de l'utilisation du fouet, que nous vous présentons. Il est assez tardif puisque qu'il est paru dans "La vie au grand air", en 1920.
Vous y trouverez, entre autres, une savante explication du célèbre enroulement du fouet d'un attelage à quatre, geste qui rend encore perplexe nombre de nos meneurs actuels y compris en tradition.
"Le fouet en main"
"...L'un des principes dont ne doivent jamais se départir ceux -maîtres et cochers"- qui mènent à un, à deux, comme à quatre, c'est que le fouet engendre la crainte et non l'obéissance. C'est pourquoi son maniement est très délicat et demande un tact tout spécial, qui doit faire juger de l'à propos de son emploi.
Lorsque l'on ne mène qu'un cheval, le fouet doit être tenu au bout de la poignée, et doit pouvoir manoeuvrer indépendamment de la main gauche, lui porter aide dans les différents mouvements du maniement des guides.
Le fouet doit être dirigé en avant et à gauche, la monture un peu plus élevée que la poignée. Comme l'a écrit le comte de Montigny, ce maître en matière de menage: "pour bien manier le fouet, il faut avoir le poignet et le bras très moelleux, et tenir le fouet sans aucune espèce de contraction"
Jamais, on ne devrait employer le fouet dans un mouvement de colère, jamais encore comme vengeance, pas même comme châtiment. Voilà ce que l'on ne fera, je crois, jamais comprendre, pas plus aux charretiers qu'aux cochers de fiacre de la bonne ville de Paris."
Le menage à un cheval
"Le fouet - dans le menage à un cheval- doit servir, exclusivement, à le porter en avant s'il ne répond pas à la voix, à le faire allonger, à stimuler son ardeur ou encore, et c'est en cela qu'il est le plus utile, à détourner son attention au moment où il va commettre une faute. Que de fois cet instrument - dont on fait trop souvent un instrument de torture- sert à éviter des écarts quand il est mené légèrement.
Dans le menage à deux, le fouet sert, en outre, à régler la vitesse ou l'étendue des tournants."
Le toucher de fouet
"Pourra-t-on jamais faire comprendre à certains cochers que le toucher du fouet peut être qu'une caresse! Un fouet est aussi délicat à manier qu'une chambrière - et il suffit de savoir manier une chambrière pour dresser un cheval- Certains ont la manie de faire claquer la mèche, c'est une faute grave, car le bruit fait peur au cheval plutôt qu'il ne l'excite. Il faut lancer la mèche progressivement en accompagnant le manche, qui doit rester presque parallèle à lui même, et la mèche doit arriver sur le point visé au moment le plus rapide de sa course; si on veut donner le coup de fouet piquant, on n'a qu'à retirer vivement la mèche.
Voulez vous porter votre attelage en avant avec le fouet, baissez d'abord la main qui tient les guides, de façon à laisser au cheval la liberté d'étendre son encolure; le coup de fouet devra tomber à ce moment précis, et ce n'est que lorsque le cheval aura répondu qu'on le reprendra à la main. Si le cheval ne répond pas, recommencez un appel de fouet, en allant crescendo, mais cessez dès que la réponse aura été donnée.
Dans un attelage en tandem, le fouet, qui est presque une chambrière en ayant la longueur de la mèche, sert surtout à régulariser l'allure du leader."
" C'est dans l'attelage à quatre que le fouet est le plus actif; mais il est d'une application difficile et délicate, et la première leçon que reçoit le débutant est celle du maniement du fouet."
Le fouet dans le menage à quatre
"Le fouet s'emploie soit pour exciter les leaders, soit pour appuyer les wheelers et principalement dans ce dernier cas. Il faut attaquer les leaders en les touchant là où l'on veut, sans toucher les autres chevaux, sans claquer, sans faire siffler la mèche; et dans ce mouvement, il faut, avant tout, éviter de déplacer le haut du corps. Appuyer les wheelers c'est soit les mettre dans les traits, soit les aider à tourner; dans ce cas, la monture du fouet devra être relevée, c'est à dire l'extrémité dans la main droite, le tiers enroulé le long du manche et le reste pendant en boucle. Pour relever la monture, il faut la saisir avec la main droite à l'extrémité; étendre le bras vers la droite, en élevant un peu, et maintenir le manche du fouet dans le prolongement du fouet. Dans cette position, on marquera un temps d'arrêt puis on abaissera d'abord le manche vers la droite, et on le dirigera ensuite horizontalement à gauche en décrivant une forme de cédille de manière à venir faucher la monture vers son milieu; on obtiendra ainsi deux boucles, l'une au milieu du manche, l'autre à la naissance de la monture. On saisira avec la main gauche la boucle du milieu, on déroulera en la tirant la partie enroulée entre les deux mains, et on la saisira avec la main droite qui la tiendra en même temps que la poignée."
"Quant à l'usage du fouet dans le menage à quatre, il dépend absolument des chevaux de l'attelage et quelques journées de leçon pratique valent mieux que toutes les explications que je pourrais donner.
Et je dirai seulement, en terminant ce court exposé sur l'usage du fouet; se servir du fouet n'est pas chose facile. Bien peu de gens savent en faire usage, surtout en modérer et en approprier l'emploi."
"Paul Megnin."
Texte:
Patrick Magnaudeix
Documentation:
Collection de l'auteur.
Le fouet en main -Paul Megnin- La vie au grand air
Comment j'ai vu 1900 -Comtesse de Manges-
Le cheval du Bourgeois - Vallée de Loncey-
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