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Vous trouverez une présentation très accessible des articles de vos "THEMES FAVORIS" dans le répertoire ci dessous.

Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.

 

 

Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.

Place de leur production dans l'évolution des métiers de la carrosserie.

 

 

La carrosserie hippomobile est reconnue comme le domaine privilégié des charrons, forgerons, menuisiers, dessinateurs en voiture, sellier,... Pourtant, dès la moitié du XIX°, d'autres acteurs; chaudronniers, tôliers, fraiseurs,...mécaniciens et ingénieurs s'implantent progressivement dans les ateliers. Avec l'automobile, ils en deviendront les maîtres.

Leur implantation dans ce secteur de l'activité carrossière prend son origine  au XIX°, dans l'industrie et l'agriculture, pour tous les véhicules dont l'usage peut être amélioré par la construction métallique et par la mécanisation.

Un autre secteur porteur de nombreuses innovations est celui, peu souvent traité, du maintien de la propreté et donc de l'état sanitaire des villes. L'explosion de la surface et de la population des villes du XIX° implique la nécessaire amélioration et la mécanisation de toutes les activités concourant au nettoyage des villes.

Progressivement, des solutions techniques sont apportées à l'évacuation des déchets et au nettoyage de la voirie, donnant naissance à de nouveaux types de véhicules. Ces innovations participent ainsi à l'apparition d'un secteur d'entreprises spécialisées employant ces nouveaux acteurs professionnels, precedemment cités. 

Afin de mieux décrire l'objet et la nature de ces différents véhicules et l'implication de nouveaux métiers dans le secteur de la carrosserie industrielle, il me semble nécessaire de resituer succinctement leur développement dans l'histoire du traitement des déchets et de l'assainissement des villes.

 

Brève histoire du traitement de déchets dans les villes

 

Si dans l'antiquité les villes arrivent, peu ou prou, à traiter la question des déchets, celle-ci  devient plus problématique à partir du moyen âge, période d'avènement d'une ère d'insalubrité des villes de plus en plus problématique.

Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.

D'aprés Rigord, chroniqueur de la cour, Philippe Auguste est le premier à engager des mesures: "Un jour de l'an de grâce 1184 le roi fut incommodé à sa fenêtre par les odeurs qu'exhalait la boue. Il fit alors mander le Prévot et les bourgeois et leur ordonna le pavage de toutes les rues et voies de Paris."

Dans les faits, le pavage se limite cependant à seulement deux artères principales. Lui-même et ses successeurs prennent différentes mesures obligeant les citadins de jeter leurs ordures à l'extérieur de Paris et à enlever boues et immondices de la chaussée. Malgré les risques de sanctions, ces règlementations ne sont pas respectées par la population. Ce manque d'hygiène et de salubrité des lieux publics, commun à toute l'Europe, contribue à la propagation de nombreuses épidemies. 

La rue de moyen âge; lieu de circulation, de commerce, mais aussi d'évacuation des déchets et où il fallait mieux pouvoir tenir le "haut du pavé".

La rue de moyen âge; lieu de circulation, de commerce, mais aussi d'évacuation des déchets et où il fallait mieux pouvoir tenir le "haut du pavé".

 

La situation commence à s'améliorer au XVI° siecle par une première décision de louis XII, qui organise un ramassage  des ordures ménagères par tombereaux en finançant ce service par une taxe dite "des boues et des lanternes". François premier ordonne que les habitants mettent leurs déchets dans des paniers et nettoient devant leur porte avant le passage des tombereaux. Il met donc en place un service organisé avec des hommes, "les boueux", et des matériels spécifiquement dédiés à cette tache.  Le mouvement hygiéniste entraîne ponctuellement un certain nombre d'évolutions; caniveaux latéraux, égouts souterrains, pavage des fosses d'aisance pour éviter la pollution des nappes phréatiques,... La mise en place de ces pratiques est chaotique et n'est pas suffisante pour répondre à la situation d'insalubrité des villes, ce qui est souligné dans ce texte de 1797 de Pierre Chauvet.                                                                                                                            

Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.

Au XIX°, les problématiques liées à la propreté de la cité sont accentuées par deux facteurs principaux;

-présence de nouveaux déchets, liée au développement des industries au sein même des cités.

-accroissement exponentiel de la population urbaine. Paris passe de 500000 habitants  en 1800 à près de deux millions à la fin du siècle avec une ville qui a englobé ses faubourgs.

Progressivement, des politiques et des moyens spécifiques sont dédiés aux différents types de déchets à traiter; ménagers, artisanaux, industriels, gadoues, fumiers, ainsi qu'au nettoyage des rues.

Nous allons traiter maintenant des moyens humains et matériels imaginés pour répondre à ces différentes situations. 

Evacuation des déchets ménagers et professionnels

 

Dans la première partie du XIX° siècle, et malgré les nombreuse alertes  des hygiénistes, le traitement des ordures ménagères reste très problématique sinon anarchique. 

Ainsi, à Paris en 1853, malgré une réglementation n'autorisant le dépôt des ordures sur les trottoirs qu'à partir de quatre heures, les habitants les sortent souvent vers 21 heures. On devine à quel environnement sont confrontés les noctambules car les déchets ménagers sont le plus souvent déposés à même le sol, au mieux dans des paniers non couverts. 

Ces déchets exposés sur la voie publique font le bonheur d'une multitude de chiffonniers qui, d'une certaine façon, font un tri sélectif en collectant tout ce qui peut encore avoir une valeur marchande; os pour fabriquer les boutons, gélatine, papiers et chiffons pour les transformer en papier, les peaux de lapin en colle ou le métal pour les alliages. Ainsi, à Paris à la fin du XIX°, près de  30000 à 40000 personnes; hommes, femmes et enfants, munies d'un crochet et d'une hotte, survivent chichement de cette activité. 

Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.
"Le chiffonnier" Photo Eugène Atget.

"Le chiffonnier" Photo Eugène Atget.

Ils alimentent diverses industries comme on peut le constater dans ces dessins de triage et de dechirage de tissus d'une usine de papier dans les années 1870.

Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.
Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.

 

Les déchets restants sont ramassés par les "boueurs". Ils peuvent être des employés municipaux mais sont le plus souvent employés par des entreprises privées travaillant par adjudication.                                 

Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.

 

Les voitures sont attelées à un ou deux chevaux en flèche. Le "charretier" gère l'équipage alors que le "chargeur" s'occupe des déchets. 

Cartes de vœux distribués par les "boueurs" de Marseille pou recevoir leurs étrennes.
Cartes de vœux distribués par les "boueurs" de Marseille pou recevoir leurs étrennes.
Cartes de vœux distribués par les "boueurs" de Marseille pou recevoir leurs étrennes.
Cartes de vœux distribués par les "boueurs" de Marseille pou recevoir leurs étrennes.

Cartes de vœux distribués par les "boueurs" de Marseille pou recevoir leurs étrennes.

 

Pendant une grande partie du XIX°, les voitures utilisées sont de simples tombereaux basculants, souvent rehaussés par des plats-bords. Pour la plupart ils ne sont pas étanches et déversent sur la chaussée de nauséeux liquides.                        

Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.
Exemple de système à bascule.

Exemple de système à bascule.

 

Des charrettes adaptées sont utilisées pour le transport des fumiers, déchets des halles,.. 

Charette aux halles de Paris

Charette aux halles de Paris

 

Ce n'est qu'en 1884 que le préfet de police de Paris, Eugène Poubelle, instaure un règlement sur l'enlèvement des ordures ménagères: "Dorénavant, les ordures ménagères seront ramassées par l'intermédiaire d'un récipient en bois garni de fer blanc, de manière que rien ne puisse s'en échapper. Ces récipients pourront également contenir des cendres chaudes sans risque d'incendie."  Sa volonté d'organiser un ramassage complémentaire par tri sélectif avec des bacs spécifiques pour les papiers, chiffons, verres, porcelaine ou coquilles n'aboutit pas.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  

Les premières "poubelles"

Les premières "poubelles"

 

Cette homogénéisation des bacs va permettre de faciliter le travail des "Boueurs" qui, pour certains, pourront bénéficier de nouveaux véhicules. Ceux-ci sont équipés, à l'arrière, d'un mécanisme permettant de déverser les poubelles directement dans le tombereau.

 

Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.
Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.

 

   Les tombereaux sont également doublés de tôle afin d'éviter les écoulements. Ils sont progressivement remplacés par des voitures aux paroies métalliques totalement étanches pouvant être dotés d'un système de fermeture.

 

Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.

 

Plus tard, ils seront remplacés par des camions à benne métallique basculante pour contenir aussi bien des déchets ménagers que des déchets industriels ou déchets d'abattoirs,...

 

Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.

 

Ainsi collectés, ces déchets sont évacués dans des décharges situées à  l'extérieur des villes, au grand dam des populations voisines. L'extension des villes entraîne le lotissement de maintes d'entre elles. Dès les années 1890, des centres de broyage et d'incinération sont créés autour de Paris. Les gadoues broyées sont transformées en engrais pour l'agriculture, appelé le "poudro", les déchets non transformables sont incinérés pour créer de la vapeur et de l'électricité. 

Centre de traitement d'Issy

Centre de traitement d'Issy

 

Dans des situations exceptionnelles, les déchets ménagers peuvent encore être déversés, comme aux siècles précédents, directement dans les cours d'eau, comme en 1910 à Paris pendant l'inondation du siècle.

Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.
Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.

Evacuation des déjections humaines

Elle se pratiquait de deux façons:

-par la collecte des contenus des pots d'aisance à l'aide de tonneaux en bois ou tonnes métalliques appelées "toupines".

Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.
Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.

 

-par la vidange des fosses d'aisances de façon manuelle ou par l'utilisation de pompes à bras puis de pompes à vapeur qui remplissent des tonnes à lisier.

Vidangeur de la fin du XVIII° siècle avec sa cloche pour avertir les passants.

Vidangeur de la fin du XVIII° siècle avec sa cloche pour avertir les passants.

Pompe à vapeur et tonne

Pompe à vapeur et tonne

Ces différents transports, dans des véhicules pas toujours étanches, aggravaient l'état de saleté de la voirie  déjà envahie par le crottin des chevaux ; ainsi 80000 chevaux circulaient dans Paris. Si, comme nous l'avons traité précédemment, nombre de rues était pavées, une grande partie était en macadam. A la fin du XIX°, seulement quelques trottoirs étaient asphaltés. 

 

Nettoyage de la voirie

 

Les citadins sont donc confrontés par temps sec à la poussière et par temps pluvieux à la boue. Le nettoyage quotidien des rues est donc indispensable. Il s'appuie essentiellement sur le balayage des rues avec lavage pour les parties pavées. D'avril à septembre, les rues sont arrosées pour essayer de  limiter les poussières créées; par l'usure des pavés, la composition même du macadam ou les suies des cheminées des nombreux ateliers et usines,... Cet arrosage est assuré par les habitants et par les collectivités.

- Depuis 1851, les habitants ont obligation, pendant les grandes chaleurs, d'arroser devant chez eux une fois par jour, du moins pour ceux qui ont l'eau courante.

-les services de la ville prennent, au début, le relais dans les grandes artères puis, progressivement, dans l'ensemble de la cité. Cet arrosage est assuré par des bornes fixes auxquelles sont adjoint des tuyaux d'arrosage. Seuls les secteurs les plus passagers ou les plus prestigieux en sont équipés.

 

L'arrosage à Paris
L'arrosage à Paris

L'arrosage à Paris

 

La majorité de l'arrosage du réseau urbain est assuré par une noria de voitures à traction hippomobile ou manuelle, dédiées à cette utilisation. Elles supportent, au début, de simples barriques puis des cuves métalliques équipées d'un système d'arrosage. 

Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.
Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.
Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.
Photo Atger

Photo Atger

 

Ces véhicules servent également au lavage à grandes eaux.

Lavage des rues à New York

Lavage des rues à New York

 Ce nettoyage systématique de la voirie est rendu possible, dès 1855, par:

-La modification de la de la voirie. En 1832, la construction des rues à rigole centrale est définitivement abandonnée. Désormais, les voies sont équipées de deux caniveaux latéraux dédiés à l'évacuation des eaux et reliés a un réseau d'égouts de plus en plus important.

-le pavage des rues qui permet leur étanchéité puis, au début du XX°, leur goudronnage.

-La mécanisation du balayage des rues. Le balayage d'entretien des rues manuel, qui monopolise un nombre considérable d'agents, se montre insuffisant par rapport à la surface à nettoyer, à la quantité de déchets, à l'évacuation des gadoues liées à un lavage ou à de fortes intempéries. 

Le balayage mécanique des rues

 

Ce balayage, souvent confié à des compagnies privées mais aussi à des agents municipaux, est financé par des impôts spécifiques. Ainsi, les Parisiens étaient-ils taxés, suivant l'une des 7 classes de rues, de 10 à 70 centimes le mètre. A la fin du XIX° siècle, le balayage et le ramassage des déchets et crottin dans des charrettes et tombereaux est effectué de 3 à 5 heures en été et de 4 à 7 heures l'hiver. En complément de cette activité nocturne, pas moins de 3000 agents continuent, de jour, à passer le balai. Pourtant, la ville dispose déjà de près de 200 machines à balayer à traction hippomobile.

La première balayeuse mécanique est inventée en 1846 pour la ville de Manchester par Joseph Witworth, célèbre mécanicien plus connu pour l'invention du fusil et du canon qui portent son nom. La balayeuse Whitfoth est conçue pour effectuer le balayage et ramasser gadoues et autres déchets. Elle est formée par une suite de balais, assemblés symétriquement sur deux chaînes sans fin, tendues, chacune, par des poulies sur lesquelles elles s'enroulent poussant ainsi les gadoues en avant pour les porter dans le réceptacle de la machine et charger les déchets dans une caisse tombereau. Cette ingénieuse invention subit plusieurs modifications comme le modèle utilisé à Paris en 1865 qui, monté sur deux essieux, sépare les balais du tombereau, permettant ainsi d'opérer la séparation des matières. De nombreuses autres machines sont inventées:

 

Balayeuse Withworth
Balayeuse Withworth

Balayeuse Withworth

 

A la même époque ,CS Bishop invente, en 1849, un autre dispositif aux Etats Unis, suivi tout au long de la fin du siècle par'une multitude d'inventeurs; 300 brevets déposés dans les seuls Etats Unis.

Balayeuse de Bishop

Balayeuse de Bishop

Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.
Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.
Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.
Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.

 

De nombreuses autres machines sont inventées:

- des balayeuses composées uniquement de brosses. Elles permettent de rassembler les gadoues qui sont alors chargées par les cantonniers dans des tombereaux dédiés à cette fonction ou directement envoyées dans le réseau du tout à l'égout.

Plan de balayeuse.

Plan de balayeuse.

 

De nombreux modèles sont mis en service  dont voilà quelques exemples:

Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.
Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.
Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.
Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.
Modèles utilisés dans les villes de Pari et du Mans.

Modèles utilisés dans les villes de Pari et du Mans.

Tomberaux à 2 et 4 roues spécifiques au ramassage des résidus de balayage.
Tomberaux à 2 et 4 roues spécifiques au ramassage des résidus de balayage.

Tomberaux à 2 et 4 roues spécifiques au ramassage des résidus de balayage.

 

- des arroseuses balayeuses dont les boues sont projetées dans les caniveaux reliés au réseau du tout à l'égout.

Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.
Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.
Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.

 

Dans des rues non pavées sujettes aux ornières, le balayage peut être complété par le passage d'un égalisateur de terrain.

Road cleaner municipal contrator, créé par Hennessy en 1875

Road cleaner municipal contrator, créé par Hennessy en 1875

-des arroseuses balayeuses ramasseuses.

Un des premiers modèles est présenté à l'Exposition universelle de 1867. La poussière, amalgamée par la pluie fine diffusée par le système d'arrosage, est poussée en avant et est remontée dans des augets actionnés par une vis sans fin dans la cuve de ramassage.

Ce premier dispositif très complexe et très lourd, du poids d'un omnibus, est par la suite remplacé par des machines plus légères et opérationnelles.

Machine arroseuse-balayeuse ramasseuse présentée à l'Exposition universelle de 1867

Machine arroseuse-balayeuse ramasseuse présentée à l'Exposition universelle de 1867

Modèle début XX°

Modèle début XX°

 

Cette activité de nettoyage développe tout une nouvelle industrie de construction hippomobile s'appuyant essentiellement sur les techniques de la mécanique et de la métallurgie.

Aux Etats Unis, ce secteur de la construction est en partie monopolisé par de grandes maisons de carrosserie comme la célèbre maison Studebaker.

Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.
Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.
Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.
Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.
Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.

 

En Europe, et particulièrement en France, ces outillages sont fabriqués dans des ateliers spécialisés privés ou municipaux qui, souvent, travaillent également à la réalisation de pompes, véhicules de lutte contre les incendies et véhicules techniques nécessaires aux autres industries. 

Si, bien évidemment, des charrons participent à la construction de la structure roulante des machines, elles sont principalement créées à l'initiative de mécaniciens . Nous vous proposons de découvrir l'origine et le fonctionnement de l'une de ces entreprises; Sohy. 

 

Activité de l'entreprise Sohy

 

Monsieur Sohy commence son activité professionnelle comme ouvrier mécanicien. Le soir, il assiste aux cours du conservatoire des arts et métiers, qui lui permettent d'accéder, en 1863, au statut de chef d'atelier. En 1864, il crée sa propre entreprise au 62 rue Amelot où il s'attache à développer de nouveaux types de véhicules techniques dans le domaine de l'arrosage des parcs, lavage et balayage des rues et la lutte contre les incendies.  Dans ses ateliers se côtoient charrons, menuisiers en voitures, mécaniciens, forgerons, tôliers et chaudronniers.  

Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.

 

Ses inventions sont particulièrement remarquées dans les matériels municipaux de balayage mécanique et d'arrosage, dont deux modèles iconiques équiperont de grandes villes en France et à l'étranger dont la ville de Paris.

-Arroseuse:

"Jusqu'alors, pour l'arrosage des rues et boulevards, on se servait de tonneaux forts lourd montées sur d'imposantes voitures que de malheureux chevaux trainaient à grand peine et dont le débit mal réglé occasionnait sur un tout petit espace une grande déperdition d'eau.

Monsieur Sohy remplaça les anciens tonneaux par de légères caisses carrées suspendues sur ressorts, dont il régularisera le débit par un mécanisme fort simple, réduit à la manœuvre d'un levier qu'il mit à la portée de la main du conducteur prés de son siège. Ce système qui permet au cheval d'aller au trot et au conducteur de modérer, d'augmenter ou d'arrêter son débit, réunit tous les avantages; économie d'eau, de fatigue et de force et enfin rapidité d'exécution."

Sa contenance de 1300 litres permet à cet appareil de couvrir à chaque versement 3000 m2.

Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.
Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.

-La machine balayeuse:

La machine balayeuse de M Sohy est, ainsi qu'en témoigne un rapport de l'ingénieur en chef de la ville de Paris, M Vayssière, la seule qui réalise avec succès le vrai but du balayage mécanique.

"Il a perfectionné les machines balayeuses, au moyen d'un système à contrepoids mobile manœuvré par le conducteur de la voiture, balayant 7000 m2 à l'heure et dont la traction très légère, convenant à tous les sols et à tous les temps, remplace avec avantage le travail de douze ouvriers robustes."

 

Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.

 

L'entreprise s'agrandit au fil des années et M Sohy s'associe à M Durey.

La nouvelle structure élargit son activité à l'ensemble des matériels d'incendie et à la construction routière avec, en particulier, la conception de diverses goudronneuses.

Ctalogue de matériels d'incendie.

Ctalogue de matériels d'incendie.

Publicité 1903 de matériels de voirie

Publicité 1903 de matériels de voirie

En 1899, elle s'aventure dans la construction automobile, en construisant deux modèles; une voiture à deux cylindres et un taxi électrique.

Les deux automobiles construites de 1899 à 1903 par Sohy § Durey. Les deux automobiles construites de 1899 à 1903 par Sohy § Durey.

Les deux automobiles construites de 1899 à 1903 par Sohy § Durey.

Cette expérience est de courte durée et l'entreprise arrête cette production dès 1903. Cet échec commercial  surement liée à leur image de producteurs de véhicules industriels. La grande bourgeoisie de cette époque a de grande difficultés à accepter, en terme de représentation sociale, le passage au transport mécanique. Seuls les carrossiers de voitures hippomobiles de luxe, sous leur nom propre ou en association, ont pu  convaincre cette riche clientèle.

Vous trouverez plus d'informations dans l'article ci dessous;  

 

L'activité de machines de nettoyage sera, quant à elle, sérieusement concurrencée par diverses entreprises mais aussi par de nouveaux acteurs comme les municipalités qui, au vu de l'importance de leur parc, vont préférer, comme à Paris, créer leur propres ateliers de production et d'entretien.

 

Les ateliers de la ville de Paris

Cet album de photos de 1900 d'un atelier de la ville de Paris conservé à la BNF nous permet d'en découvrir quelques services ainsi que certaines productions.

Ateliers de construction de la ville de Paris

Ateliers de construction de la ville de Paris

Ateliers de construction de la ville de Paris

Ateliers de construction de la ville de Paris

Ateliers de construction de la ville de Paris

Ateliers de construction de la ville de Paris

Camion benne Ateliers de construction de la ville de Paris

Camion benne Ateliers de construction de la ville de Paris

Arroseuse Ateliers de construction de la ville de Paris

Arroseuse Ateliers de construction de la ville de Paris

Balayeuse Ateliers de construction de la ville de Paris

Balayeuse Ateliers de construction de la ville de Paris

Balayeuse Ateliers de construction de la ville de Paris

Balayeuse Ateliers de construction de la ville de Paris

Balayeuse Ateliers de construction de la ville de Paris

Balayeuse Ateliers de construction de la ville de Paris

L'évolution des véhicules hippomobiles de nettoyage, de ceux liés aux nécessités spécifiques des autres secteurs de l'industrie, n'a pu se réaliser qu'avec l'apport de nouvelles compétences; ingénierie, tôlerie, mécaniques dans les entreprises liées à la production de véhicules industriels.

Dans ces ateliers, les charrons, menuisiers en voiture sont concurrencés par l'arrivée de nouveaux professionnels; mécaniciens, carrossiers métalliques. Cette mutation progressive des compétences dans la construction des véhicules  industriels a, probablement, été un des vecteurs de la vitesse à laquelle s'est effectuée la rapide transformation de l'ensemble de l'industrie carrossière, pour s'adapter au nouveau monde de l'automobile; tant  dans la supplantation du bois par la tôle amboutie que dans l'évolution esthétique des voitures. 

Pour confirmer la fulgurance de cette révolution dans les modèles et techniques de production, je terminerai cet article en vous présentant une voiture hippomobile de 1895, la même année, son homologue automobile de même conception technique que vous pourrez comparer avec un modèle similaire, mais tôlédatant de moins d'une décennie plus tard au début des années 1900.

Landau hippomobile Rothschild

Landau hippomobile Rothschild

Landau automobile Kellner 1905

Landau automobile Kellner 1905

Matériels hippomobiles de nettoyage des villes.

 

 

Texte: 

Patrick Magnaudeix

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T
Le sujet est original, nous concerne tous et l'article est passionnant et d'un grand intérêt.
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J
c est formidable super constructions
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