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Ateliers de construction de chariots agricoles Gruber.

 

Ateliers de construction

 

 

de chariots agricoles Gruber.

 

 

 

Il faisait très froid cet après-midi de Janvier 2020 quand j’ai mis le pied dans une “machine à remonter le temps” qui me catapultait en 1882. Une usine complète, avec machines, outils, stock de matériaux, moteur qui distribue la force dans toute l’usine par poulies, courroies et galets. Cette odeur unique de mélange de sciure, fer forgé et peinture. Il suffit d’engager la main d’œuvre qualifiée, vous pourrez y construire à nouveau une centaine de chariots par an. Son directeur, Cathy Wegener, nous a guidés dans une visite unique de découverte de ce monument historique.

 

 

Le fondateur de l’entreprise, Franklin H. Gruber, a débuté son entreprise dans la bourgade de Lower Heidelberg en Pennsylvanie avec des outils manuels, un tourniquet tiré par des chevaux comme prise de force. Ses produits sont de plus en plus recherchés, il doit agrandir. Un nouveau site le long de Licking Creek à Mount Pleasant, dans le comté de Berks en Pennsylvanie a été choisi, l’eau fournit l’électricité par une turbine. Lorsque plusieurs nouvelles technologies sont introduites, nécessitant plus de puissance, en 1906 on installe un moteur à essence Otto de 15 chevaux. Ces nouvelles technologies permettent une productivité accrue, la fabrication de pièces se fait en série et en grand nombre. Remarquons parmi une trentaine de machines, une foreuse pour moyeux de roue et une machine à tenonner les rayons, conçues par les Gruber.

 

Ateliers de construction de chariots agricoles Gruber.

 

Les chariots de Gruber étaient le résultat de cette ingénierie inventive, à l’écoute des besoins, des remarques des utilisateurs. Les chariots, légers et solides, avaient une grande capacité de charge. La construction hippomobile américaine était plus avancée que les chariots des carrossiers traditionnels européens. La gamme de chariots Gruber couvre de 1.5 à 6 tonnes, nécessitant entre un et six chevaux pour les tirer.

 

 

Boxwagon et hayflat attelés à 2 et 6 chevaux
Boxwagon et hayflat attelés à 2 et 6 chevaux
Boxwagon et hayflat attelés à 2 et 6 chevaux
Boxwagon et hayflat attelés à 2 et 6 chevaux

Boxwagon et hayflat attelés à 2 et 6 chevaux

 

Pendant la fin des années 1800, Gruber perfectionnait surtout les parties en bois de ses chariots, au début des années 1900, l’attention se porte sur les ferrures. Il installe des presses hydrauliques dont une machine unique permettant d’installer les bandages en fer des roues à froid. Un nouvel ascenseur montait les pièces préfabriquées à l’étage pour l’assemblage des chariots avant leur peinture.

 

Ateliers de construction de chariots agricoles Gruber.
Ateliers de construction de chariots agricoles Gruber.

 

Quatre des fils du fondateur dirigent l’usine à partir de 1898, le cinquième poursuit une carrière de pasteur luthérien. John achète le bois, du frêne, du chêne ainsi que cette essence si particulière aux voitures américaines, le hickory, famille du noyer. Adam est peintre et réalise les filets sur des centaines de caisses et de roues de chariots. Jacob est charpentier, aidé par son équipe et ses nombreuses machines modernes, il construit une moyenne de 112 jeux de quatre roues par an. La majeure part des machines spécialisées de menuiserie a été inventée, conçue et construite par lui. George est forgeron fournissant les ferrures et les bandages. Plus tard il fabriquera des clés à douilles pour la Ford A. Le petit fils Frank P. reprendra l’usine en 1935 et la fermera en 1971.

 

Les frères Gruber

Les frères Gruber

 

Le catalogue comprend des chariots agricoles, des plateaux à foin, des brouettes, des traîneaux, des carrosseries de camions en bois et des voitures spécialisées, toutes construites selon les spécifications et demandes des clients, en utilisant des pièces standard. Un transporteur de bois, un fourgon à glace, un tombereau pour des céréales ou benne de carrière de pierre et de sable. Au début des années 1920, la construction de chariots, emploie 20 ouvriers qualifiés pour une semaine de travail de six jours. Ils construisent plus de 100 chariots par an. Jusqu’en 1950 l’usine continue à construire des chariots et voitures, principalement pour une clientèle Amish. 

On peut admirer le « catalogue » sur un mur au deuxième étage avec une liste de prix de 1917. 43 dollars pour un plateau de 4 mètres pour transport de foin plus 93 dollars pour le train complet, 12 dollars pour une brouette. Cela fait 4.000 € et 360 € aujourd’hui.

 

Box wagon
Box wagon
Box wagon

Box wagon

Hayflats
Hayflats
Hayflats
Hayflats

Hayflats

Chariot à foin

Chariot à foin

 

L’arrivée de l’automobile changera profondément les Gruber Wagon Works. Le nouveau produit : les caisses de camions construits de 1920 à 1935. Les réparations de chariots restent une activité importante. Gruber est resté une entreprise familiale, le fondateur Franklin a été remplacé en 1889 par ses quatre fils, en 1935 par son petit-fils jusqu’à la fermeture de l’entreprise en 1971. Bien que l’usine soit restée quasiment inchangée pendant ses 89 ans d’exploitation, elle a été perfectionnée avec de nouvelles technologies.

 

Gruber huckster truck

Gruber huckster truck

 

Entrez, entrez. Autrefois cette usine a toujours été un centre de vie sociale, vous y rencontrez d’autres paysans et artisans en attente de leur réparation. Vous y échangez des ragots avec John H Gruber, fils du fondateur, le directeur de l’entreprise.

Aujourd’hui, le bâtiment d’usine se situe à 8 kilomètres de son site d’origine. L’ancien site a été inondée suite à la construction du barrage du lac Blue Marsh. Le Génie Militaire (US Army Corps of Engineers) a découpé l’usine en quatre grands tronçons, vous pouvez voir les lignes de coupe sur les planchers de bois lors de votre visite. L’ensemble a été transporté par route, la plus grande section déplacée pesant 86 Tonnes. Le géniea remontéle bâtiment sur le nouveau site au cours de l’hiver 1976/1977.

 

Déplacement de l'usine

Déplacement de l'usine

 

L’usine ferme en 1971, pendant les vingt dernières années Gruber Wagon Works n’a fait que des réparations. L’usine est intacte, le temps n’a pas changé son fonctionnement quasi identique pendant plus de 89 ans. Inscrite au Registre National des Lieux Historiques en 1972, une course contre la montre et contre la montée des eaux du lac Blue Marsh commence. Il faut sauver ce bâtiment unique avant qu’il ne soit inondé. Après son ‘déménagement’ en 1976/1977, Gruber Wagon Works commence sa nouvelle carrière comme témoin de l’histoire de la traction animale, de l’entrepreneuriat, de la pratique de la carrosserie hippomobile et sa technologie. Plus de 2.000 visiteurs entrent dans cette "machine télé temps" chaque année.

En 1896, l’usine est peinte en jaune, avec des filets bruns, la même couleur que vous pouvez admirer aujourd’hui. L’éclairage électrique est installé en 1910, ampoules nues sans luminaire. La force mécanique et hydraulique a été mis à niveau au fil des ans, passant de la turbine à eau à un moteur à essence. Derrière son nouvel emplacement, dans le Parc de Préservation du Patrimoine du comté de Berks en Pennsylvanie, un nouveau bâtiment, appelé Pole Barn, a été érigé en 2010, abritant dix-huit exemples de chariots Gruber et de ses concurrents. Vous pouvez ainsi juger à quel point ces chariots étaient robustes, après cinquante ans de travaux agricoles lourds et quarante ans de repos, ils peuvent ressortir aux champs demain.

 

 

Ateliers de construction de chariots agricoles Gruber.
Ateliers de construction de chariots agricoles Gruber.

Au rez-de-chaussée, nous entrons dans l’atelier de charpentier, on y fabrique toutes les pièces en bois. Un bon chariot se déplace sur de bonnes roues. Anciennement les moyeux et les rayons étaient faits à la main, nécessitant de longues heures de travail. Un bloc en bois se façonnait sur un tour à bois. Les Gruber installent un outil de forage de moyeux, forant un trou parfait au centre du bloc. Une machine fabrique les rayons sur base de gabarits et découpe des rayons parfaitement formés. La machine à tenonner découpe les trous pour l’insertion des rayons dans le moyeu à l’aide d’un marteau.

Les pièces préfabriquées sont sciées à l’aide de scies à bande ou à table, le ponçage, rabotage et mortaisage se fait par des machines, économisant beaucoup d’heures de travail.

 

Photos des ateliers avant le déplacement de l'usine.
Photos des ateliers avant le déplacement de l'usine.
Photos des ateliers avant le déplacement de l'usine.
Photos des ateliers avant le déplacement de l'usine.

Photos des ateliers avant le déplacement de l'usine.

 

La forge dans l’atelier à côté est bien agréable et chaude en hiver grâce aux deux cheminées en maçonnerie. On y fabrique toutes les pièces métalliques. Anciennement forgées à la main, aujourd’hui elles sont coupées et pressées par des outils hydrauliques, encore une économie importante d’heures de travail. Vous avez déjà vu des forgerons à l’œuvre, chauffant les bandages en fer pour les roues en bois, les ajuster à la forme de la roue à équiper. Une fois ajusté, le bandage chaud va se serrer en refroidissant. Les nombreuses manipulations, chauffage, ajustement et raccord sont confiés chez Gruber à une presse hydraulique pour bandages. Une fois les blocs de réglage ajustés à la taille de la roue, le fer froid est posé autour de la roue, puis pressé en place par 18 pistons hydrauliques. Des heures de temps de travail réduites en minutes. Le client peut attendre la remise d’un bandage neuf sur une roue à réparer.

 

Photos des ateliers avant le déplacement de l'usine.
Photos des ateliers avant le déplacement de l'usine.

Photos des ateliers avant le déplacement de l'usine.

Observez l’organisation et l’ergonomie de ces ateliers, des bancs de travail bien situés, les porte-outils ordonnés, les matériaux prêts dans leurs paniers. Vous suivez le cycle de fabrication d’une roue en marchant le long des postes de travail de l’atelier. Plus de 19 000 outils, pièces et objets, y compris les posters, annonces et pense-bêtes accrochés, ont été catalogués, transportés et réinstallés, grâce aux photos prises avant le déménagement, afin de recréer et de préserver cet environnement de travail du début des années 1900.
Un ascenseur à câbles actionné à la main vous emmène à l’étage. L’assemblage des chariots se fait ici, on y stocke les produits finis. La peinture constitue la finition la plus importante des chariots. Protégé des poussières, des copeaux du rez-de-chaussée, l’atelier de peinture assurait l’apprêt des pièces individuelles avant l’assemblage. Les trains et les caisses étaient peintes et les filets posés. La couleur prédominante est le rouge pour les trains et le vert Gruber pour les caisses. Deux couches de peinture et un vernis. Les roues sont installées sur une tige de métal percée dans le mur pour faciliter leur peinture en les tournant. Les éclaboussures ont créé une œuvre d’art moderne, très épaisse sur le mur.
Notre visite se termine au bureau, une petite pièce très lumineuse, collé contre le bâtiment principal, offrant une vue panoramique sur l’arrière du bâtiment. Une calculatrice antique, des étagères en bois. Pour vous rappeler que vous êtes bien dans une usine,contre un mur vide du bureau on a installé une meule et ses différentes pierres à aiguiser.

 

Ateliers de construction de chariots agricoles Gruber.

Un voyage dans le temps :chez Gruber vous voyez comment votre propre voiture hippomobile a été conçue et construite il y a plus d’un siècle. Vous sortez de la "machine à remonter le temps »appréciant ce dévouement acharné d’artisans, leur respect du détail, de la qualité et le travail qui ont créé ces beaux chariots.

 

Texte:

 

Stephan Broecks § Cathy Wegener

 

Photos:

Dr Brian Kutner, Berks country héritage center, library of congress, courtoisie,

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