Vous trouverez une présentation très accessible des articles de vos "THEMES FAVORIS" dans le répertoire ci dessous.
Par Jean Louis Libourel
Ce blog vous propose plus de 1300 articles et albums classés dans la colonne de droite de cette page.
____________________
Consacrée à un seul type de voiture, l’omnibus privé, la troisième Route des Omnibus, après celles de 2015 et 2017, a rassemblé en Alsace les 3 et 4 août 2019 plusieurs exemplaires représentatifs de cette famille particulière de voitures. Durant deux jours les équipages, venus de Suisse, d’Allemagne et de France, ont sillonné routes et chemins carrossables et traversé les pittoresques villages fleuris aux typiques maisons à pans de bois de la région de Wissembourg.
Une manifestation d’attelages de tradition réservée aux omnibus ? Pour la troisième fois ? Tout simplement parce que son organisateur Eric Macrez, Président de l’Association “Les Attelages du Houdon”, aime les omnibus. Il les collectionne amoureusement. Mais il aime surtout les voir rouler, raison pour laquelle il n’hésite pas à prêter quelques pièces de sa collection à des participants venus seulement avec leurs chevaux.
Une voiture indispensable
Avec le développement du chemin de fer, apparaissent vers 1850 de petits omnibus, généralement à six ou huit places d’intérieur, utilisés pour le transport des voyageurs et de leurs bagages de la gare aux demeures particulières ou aux hôtels. Ces voitures de service furent vite appréciées par les « riches propriétaires habitant les châteaux et les maisons de campagne situés à quelques lieues des chemins de fer. Chacun d’eux voulut en posséder un pour ses besoins particuliers » (LeGuide du Carrossier, septembre 1861).
Ces omnibus privés, dont nous avons décrit les nombreuses versions dans « Le salon de l’omnibus » (2 octobre 2017), omnibus de château, de chasse ou de campagne, omnibus de famille ou omnibus à capucine, omnibus à ballon ou break-omnibus, omnibus salon, omnibus mail, devinrent dix ans après leur apparition « un genre de voiture très répandu » (LeGuide du Carrossier, janvier 1861).
L’omnibus « particulièrement utile pour la campagne, car souvent le domicile peut être bien éloigné de la gare du chemin de fer, est une voiture à la fois spacieuse et confortable qui convient pour les promenades en famille, pour permettre aux domestiques d’aller en ville chercher les provisions, ou pour les parties de chasse » (Le Journal de l’Art des Carrossiers, mars 1898). Dans son Traité de menuiserie en voitures (1870) Brice Thomas déclare : « C’est la voiture qui, avec des dimensions restreintes et un tirage relativement faible, présente les dispositions les plus favorables pour transporter un grand nombre de personnes et de bagages. On a la faculté d’adopter une longueur de caisse selon les besoins pour lui faire contenir entre quatre places d’intérieur minimum et quatorze places maximum ».
L’équipage de Freddy Moreau, en tenue des Haras nationaux.Chevaux Comtois, Omnibus Lelorieux à Paris
Une spécialité française
L’omnibus privé a été une spécialité de la carrosserie française. Selon N. Belvallette et E. Quenay dans leur rapport sur la carrosserie à l’Exposition universelle de 1878 à Paris « de l’avis général, c’est en France qu’on fabrique le mieux les omnibus ».Les omnibus actuellement conservés confirment la préférence de la clientèle pour les produits français. En effet, une majorité écrasante,soit 80%, des omnibus actuellement recensés sont l’œuvre de carrossiers français. Ainsi, les omnibus présents sur cette 3ème route portaient tous des marques de fabricants français : Bail Jeune (Paris), Depigny(Lyon), Descoins Fils (Bordeaux), Gacon (Lyon), Hivert (Libourne), Klapper (Toulouse), Lelorieux (Paris), Montier (Rouen), Navet (Paris), Trocain (Limoges). Pour les participants observateurs la comparaison entre ces voitures mettait en évidence l’égale qualité entre œuvres parisiennes et œuvres provinciales.
« In the Mood »
Mais que seraient ces voitures centenaires — des objets de musée — sans la passion de tous ceux qui s’impliquent à leur redonner vie ? Restaurées, rénovées, tirées par des chevaux fringants aux ordres de meneurs accomplis, chargées de passagers pleins de gaîté, les voilà vivantes à nouveau. La route est merveilleuse, incluant une halte de pur bonheur : le pique-nique ! Détente autour des tables rapidement déployées parées de nappes fines et couvertes de jolie vaisselle et, surtout, garnies de mets succulents. Et soudain une délicieuse surprise : de la musique !
Emoustillés par ces mélodies inattendues quelques couples spontanément formés ont dansé sur la prairie aux sons de valses musettes et de l’endiablé standard « In the Mood » succès planétairement connu du musicien et chef d’orchestre Glenn Miller,sur lequel tout Paris a dansé en août 1944 avec les soldats américains libérateurs dans une immense explosion de joie.
Mais d’où provenait cette musique ? Par quel moyen était-elle émise, quelque nouvelle technologie, quelque appareil connecté? Point du tout! Sorti de l’omnibus de monsieur Hans Peter Huber, précautionneusement installé sur un panier à pique-nique préalablement vidé de son contenu, et patiemment remonté à la manivelle par Hannes Huber, le fils de Hans Peter, un magnifique gramophone en parfait état et un jeu de 78 tours soigneusement rangés dans le coffret du gramophone sont la source de cette joyeuse musique.
Ainsi, l’attelage de tradition n’est pas la simple nostalgie d’un passé révolu. Il est en fait le renouveau d’un art de vivre où la convivialité festive et amicale rend hommes et femmes heureux d’être ensembles… avec de merveilleux compagnons : les chevaux.
En cela la troisième route des omnibus a été un plein succès.
Eclipse Next 2019 - Hébergé par Overblog