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De l'utilisation des races de chevaux en 1846

 

Vous pouvez également consulter les plus de 1200 articles et album classés dans thèmes favotis  sur la colonne à droite de cet article.

 

 

 

 

De l'utilisation des races de chevaux

d'origine française en 1846

 

 

 

Cliquer sur les dessins pour les agrandir

 

 

Pour un meneur de tradition, il est toujours délicat de trouver une voiture ancienne correspondant aux mensurations de ses chevaux et il est relativement courant de voir des équipages complètement déséquilibrés.

Les voitures anciennes étaient pourtant totalement adaptés aux chevaux de leur temps. Par contre, la morphologie des chevaux était différente de celle de nos modernes cavales. Les races n'avaient pas la même destination d'utilisation que celle que nous avons aujourd'hui. Ainsi, le cheval normand que nous considérons comme cheval de travail, éventuellement de sport, était, à la moitié du XIX°, plutôt destiné aux carrosses et autres attelages de luxe. 

Pour mieux appréhender ces différences de morphologie et de destination des races de chevaux anciennes et modernes, je vous propose, grâce à plusieurs articles de l'Illustration et autres documents de la même époque, de découvrir l'utilisation et les modèles des chevaux de quelques races  françaises, en 1846.

Je spécifie "de race française", car de nombreux chevaux provenaient de l'étranger; Grande-Bretagne, Hongrie, Mecklenbourg-Poméranie, le Holstein, Russie, Pologne,... La France dans les années 1840 importait annuellement de 12 à 15000 chevaux. De nombreux auteurs ont dénoncé cette situation en attribuant les causes au morcellement des propriétés, aux erreurs de l'administration des haras nationaux, à l'incompétence de certains éleveurs. Cependant, ces mêmes auteurs soulignent l'énorme capacité de production du territoire français ainsi que l'existence d'une grande diversité de chevaux adaptés aux diverses utilisations.

"... malgré les fautes et les erreurs de l'administration chargée de diriger l'important service des haras, malgré aussi l'ignorance et l'incurie d'un grand nombre d'éleveurs, notre sol possède encore des races nombreuses qui ont toutes des qualités diverses, des caractères distinctifs et variés." -Illustration Mars 1846-

 

Ce sont les spécificités de quelques-unes de ces races que nous allons vous faire découvrir en commençant par le cheval Poitevin

 

 

Cheval Poitevin

De l'utilisation des races de chevaux en 1846
De l'utilisation des races de chevaux en 1846

 

Percheron

De l'utilisation des races de chevaux en 1846
De l'utilisation des races de chevaux en 1846

Ci-dessous vous trouverez une représentation plus tardive de la race puisque datant de 1861

Attelage de percherons extrait du journal d'agriculture pratique de 1861: "Maison rustique"

Attelage de percherons extrait du journal d'agriculture pratique de 1861: "Maison rustique"

 

Une race déjà en voie d'extinction; le Limousin.

De l'utilisation des races de chevaux en 1846
De l'utilisation des races de chevaux en 1846
De l'utilisation des races de chevaux en 1846

Vous trouverez de nombreuses informations sur cette race dans le livre Le cheval limousin, de Nicole de Glomac et Bernadette Barriere. Voir la présentation de cet ouvrage dans l'article de Persée "l'épopée du cheval limousin"

 

Le cheval Normand dit également Cotentin

De l'utilisation des races de chevaux en 1846

 

"...La cotentine donne des sujets qui servent également à la selle et à l'attelage...Il est à peu prés certain que cette race a reçu, à différentes époques, du sang oriental et tout nouvellement du sang anglo-arabe. La plaine de Caen...peut être considérée comme le foyer principal de la race normande. Ce pays produit de grands chevaux de selle fort estimés, et dont la taille va quelquefois jusqu'à 1m66. Ces chevaux servent à monter la grosse cavalerie. Les chevaux de la garde municipale à Paris en sont le type le plus complet et le plus exact. Ils servent aussi beaucoup comme carrossiers de luxe, ce à quoi ils sont également propres à cause de leur poitrail large, de leurs épaules musclées et de leurs fortes articulations. Comme tous les individus qui appartiennent à la race normande, chevaline ou bovine, ils ont le tempérament lymphatique. On a remarqué qu'ils étaient souvent sujets aux maladies, surtout à Paris. ... On a effectué des croisements de ces chevaux normands avec des chevaux anglais. Ce croisement fait disparaître le chanfrein légèrement busqué qu'ils devaient à des alliances septentrionales. Si en rachetant ce défaut, on a amélioré, sous le rapport de la forme et de la beauté, les individus issus de ce croisement, il faut convenir aussi qu'en diminuant l'ampleur des fosses nasales, on a retiré au cheval de son haleine et de son énergie.

Les chevaux cotentins peuvent servir à quatre ans, mais ce n'est qu'à six ou sept ans qu'ils ont acquis leur entier développement. Le croisement  du cotentin a eu ses avantages et ses inconvénients; mais il a cependant plus perdu que gagné par son croisement avec le second, parce qu'au fond sa véritable destination est le carrosse."

 

Le cheval de trait Breton

De l'utilisation des races de chevaux en 1846

 

Nous ne parlerons pas ici du cheval léger breton propre à la selle et à la cavalerie légère; hussards, chasseurs..., mais du cheval de trait.

 

" Les individus du breton de trait s'élèvent spécialement dans les départements des côtes du nord, surtout aux environs de Tréguier. Le cheval breton est précoce, et on ajoute encore à cette précocité un usage qui commence à se perdre. On emmenait en Normandie les poulains bretons pour les vendre à quatre ou cinq ans comme cotentins de qualité inférieure.

Ces chevaux résistent parfaitement bien à la fatigue, sont sobres et forment une excellente race de trait, qui est employée presque exclusivement pour les besoins de l'artillerie, le train des équipages, les omnibus, les petites messageries. Les transports appelés vulgairement gondoles et les autres voitures qui font le service aux environs de Paris en consomment beaucoup. A la différence des percherons dont la taille est du reste un peu plus haute, ils peuvent rendre de bons services comme chevaux hongres. Ces chevaux bretons vivent longtemps et sont généralement bons trotteurs."

Ci dessous vous trouverez une représentation plus tardive de la race puisque datant de 1861

Attelage de Bretons, extrait du journal d'agriculture pratique de 1861: "Maison rustique"

Attelage de Bretons, extrait du journal d'agriculture pratique de 1861: "Maison rustique"

 

Le cheval Cauchois (Boulonnais)

De l'utilisation des races de chevaux en 1846

 

"Le pays de Cau offre une race qui peut être considérée comme le type du cheval de trait. C'est la plus massive des races françaises, bien qu'elle le soit moins cependant que la flamande et la hollandaise, moins surtout que la race anglaise du Northumberland. Cette race est personnifiée pour ainsi dire dans le cheval Cauchois appelé improprement Boulonnais. Le garrot bas, le poitrail énorme, proéminent, les épaules fortes, beaucoup d'ampleur dans l'avant bras et les cuisses, les reins et la croupe large, le ventre volumineux sont les caractères distinctifs du cheval cauchois, spécialement propre au tirage lourd et pesant et qui ne se monte jamais. Sa taille est est de 1m66 quelquefois plus élevée.

Cette race, qui fournit presque en totalité les chevaux de brasseur et de meuniers, est d'autant plus précieuse que sans elle, on éprouverait de graves difficultés à opérer les transports agricoles. On sait en effet combien le pays de Cau est accidenté: aussi l'agriculture s'y sert partout d'énormes chariots longs, assez bas et portés sur quatre roues.

Les chevaux vont deux par deux; les premiers, attachés à un timon, les autres à un palonnier. Ces chariots, à claire voie, évasés du haut, n'ont presque point de ressemblance avec le chariot de Flandres ou celui d'alsace. Leur construction a pour but de ménager les chevaux, et quand, par exemple, le chariot verse dans une descente, on ne court pas le risque d'écraser le limonier.

Le développement de ces chevaux s'opère activement. A deux ans, ils peuvent payer les frais de leur nourriture. A cinq ans on les vend pour les services de la capitale ou pour les besoins des gros roulages. Les chevaux du pays de Cau forment plusieurs classes ou, si l'on veut plusieurs espèces. Leur nom de boulonnais leur vient de ce qu'on en tire de la haute Picardie, mais ceux-là sont inférieurs et moins estimés, parce que , dans le principe, ils ont été nourris avec moins de soin."

Ci-dessous vous trouvez une représentation plus tardive de la race puisque datant de 1861

 

Boulonnais à l'écurie  extrait du journal d'agriculture pratique de 1861: "Maison rustique"

Boulonnais à l'écurie extrait du journal d'agriculture pratique de 1861: "Maison rustique"

 

L' Auvergnat

De l'utilisation des races de chevaux en 1846
De l'utilisation des races de chevaux en 1846

 

Cheval Tarbais

De l'utilisation des races de chevaux en 1846
De l'utilisation des races de chevaux en 1846

 

L'Ardennais

De l'utilisation des races de chevaux en 1846
De l'utilisation des races de chevaux en 1846

 

Le Melleraud

De l'utilisation des races de chevaux en 1846
De l'utilisation des races de chevaux en 1846

"On les envoie ensuite dans une autre partie de la Normandie, et spécialement dans les environs de Bayeux

On a reproché au cheval Melleraud d'avoir les épaules plates et les réactions dures. Mais il rachète ces légers défauts par des qualités remarquables; il est plein de nerf, d'énergie, d'haleine. Quoiqu'il ne soit pas d'une taille trés élevée, il peut cependant avantageusement servir comme cheval de cavalerie. Comme il n'est jamais attelé, et reste dans les pâturages jusqu'à ce qu'il soit monté, il ne peut rendre aucun service qui indemnise en partie l'éleveur de ses frais de soins et de nourriture: aussi son éducation revient elle fort cher et maintient le prix de melleraud à un chiffre assez considérable. C'est pourquoi on trouve dans l'armée peu d'individus de cette race. Les officiers généraux généraux ou les officiers supérieurs peuvent seuls se les procurer.

Un fait particulier à la race des mellerauds, c'est qu'ils résistent pour ainsi dire aux croisements.Ceux qu'on a essayé n'ont pas réussi, ils ont plutôt donné à reconnaître qu'il y avait plus à perdre qu'à gagner par ces alliances un peu téméraires."

 

L'Alsacien.

De l'utilisation des races de chevaux en 1846

 

"Dans le pays du Morvan privé de routes,...l'absence de voies de communication ne permet pas de s'y servir de la voitures ou même de chariots; aussi tous les transports s'y font à dos au moyen des chevaux du pays qui forment en quelque sorte une race particulière. Ces chevaux sont plus forts que ceux qui servent sur plusieurs points de la France à débarder les forets. Entre Berney et Alençon, ils sont connus sous le nom de "chevaux de bois"....Dans tout autre pays que le Morvan, ces chevaux pourraient servir aux transports agricoles, et mener les chariots des paysans, mais l'absence totale de routes réduit jusqu'ici le cheval du Morvan à la condition de cheval de Bât. Ces animaux,nés et élevés dans les bois, sont sobres, durs à la fatigue et peu sujets à la maladie. Leur entretien ne coûte pour ainsi dire rien car ils vivent de ce qu'ils trouvent dans les bois."

Ils furent utilisés dans la gendarmerie

"La pénurie de chevaux pour la grosse cavalerie a fait penser à la race que nous possédons sur les rives du Rhin, en Alsace, et dont on trouve quelques individus dans une partie de la Moselle, du côté de Saint-Avold, de Pont à Mousson et sur les confins de la Prusse rhénane; elle sert principalement à la remonte de la gendarmerie. Mais ces chevaux malgré leur belle apparence, n'ont fait qu'un service médiocre, soit que leur tempérament fut trop mou, trop lymphatique, soit encore parce qu'ils avaient la vue faible"

 

 

Le Brennous

De l'utilisation des races de chevaux en 1846

 

"Le Brennous, cheval de selle a peu de rivaux pour sa sobriété, et qui n'en a pas pour son aptitude à supporter les fatigues, les intempéries et les longues périodes d'abstinence. Il est par excellence un cheval de chasse et de cavalerie; aussi ne sera-t'on pas surpris d'apprendre qu'en 1840 l'administration des remontes a tiré, en peu de temps et sans effort plus de deux mille chevaux de la Brenne pour les besoins de l'armée.

Le cheval Brennous est pour la France ce que le cheval des steppes est pour la Russie et la Pologne car il s'élève dans des plaines immenses, couvertes de brandes et parsemés d'étangs (situées entre l'Indre ,la Sologne et le Berry). C'est au milieu de ces solitudes à perte de vue, et dont notre dessin représente assez bien la vaste et calme uniformité, que naissent et s'élèvent les chevaux Brennous confiés aux soins de petits pâtres qui dans le langage du pays portent le nom de "Cavarniers"...Ce sont, en quelque sorte les gauchos des pampas de la France du centre. Nous avons parlé de la sobriété et de la persistance du cheval brennous à supporter les fatigues et les intempéries, ajoutons qu'à ces qualités il en joint d'autres non moins utiles, et qui le rendent surtout précieux comme cheval de chasse et de cavalerie. Il a le pied d'une sureté extrème, ...et... il a acquis un tel sang froid que rien ne l'effraye. On a reproché au cheval brennous de manquer un peu de taille, d'avoir la tête défectueuse et le cou un peu trop arqué, mais en revanche il possède des qualités bien précieuses; les canons sont bien faits et les jambes excellentes.

Les chevaux brennous qui n'étaient, il y a quelques années, connus des seuls amateur commencent aujourd'hui  à être justement apprécies. ...depuis quelques temps, les propriétaires ne peuvent  suffire aux demandes soit des particuliers, soit du gouvernement, qui n'a pas tardé à reconnaître qu'il ne trouverait nulle part d'aussi bons chevaux de service"

"On a essayé de croiser la jument brennouse avec le cheval arabe, et jusqu'à présent ces tentatives ont produit de forts bon résultats." 

 

Le Camargue

De l'utilisation des races de chevaux en 1846

 

"...La france a aussi son cheval sauvage: c'est le cheval de la Camargue, élevé dans ces plaines incultes qui forment ce qu'on appelle le delta du Rhône,...Il a tous les défauts comme toutes les qualités des races sauvages: d'un caractère indocile, difficile à dompter, il doit son éducation libre sur un sol aride, où végètent quelques herbe dures et peu plantureuses,... beaucoup d'agilité, de nerf et de force pour résister aux privations et aux intempéries....Le seul travail auquel  il est occupé est le dépiquage du blé travail dur et fatiguant"

" Ses traits principaux sont; leur taille entre 1 m 45 et 1m 50; la tête est carrée, sèche, un peu forte, l'encolure effilée, la croupe de mulet, les extrèmités sèches et grêles.

On pourrait améliorer cette race en régularisant ses formes, et elle offrirait alors de précieuses ressources pour la remonte de la cavalerie légère. Sur ce point de vue, le passé a des enseignements pour l'avenir. En 1775, on avait établi de ce côté un haras qui avait donné des produits assez beaux pour que quelques uns fussent placés dans les écuries royales.

C'est de la Camargue que les Camisards avaient tiré leurs chevaux, et monté leur cavalerie dans les guerres de religion qu'ils soutinrent contre Louis XIV."

 

 

Le Flamand.

De l'utilisation des races de chevaux en 1846

 

"Le cheval flamand, variété de cheval de gros trait est employé au halage des bateaux et au tirage des chariots" 

De l'utilisation des races de chevaux en 1846

 

Le Comtois

De l'utilisation des races de chevaux en 1846
De l'utilisation des races de chevaux en 1846

 

Le cheval de débardeur.

De l'utilisation des races de chevaux en 1846
De l'utilisation des races de chevaux en 1846

 

Le cheval Corse

De l'utilisation des races de chevaux en 1846
De l'utilisation des races de chevaux en 1846

C'est sur ce cheval corse que se termine cette présentation des races de chevaux en 1846

Entre autres informations intéressantes sur les critères morphologiques et l'utilisation des races de chevaux, les différents articles utilisés dans ce texte mettent en exergue l'importance des besoins militaires dans la construction et l'évolution des races chevalines même si celles-ci sont destinées à d'autres activités; industrielles, agricoles,

....

 

Texte:

Patrick Magnaudeix

 

Documentation: 

"L'illustration" 7 Mars 1846

"L'illustration" 9 Mai 1846

"L'illustration" 23 Mai 1846

"Races de chevaux disparues" Trait charentais

 "L'épopée du cheval limousin" Nicole Blomac, Bernadette Carreyre  

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De l'utilisation des races de chevaux en 1846
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R
Merci pour cet excellent travail.<br /> Ci-joint un lien vers notre blog consacré à la Mode Illustrée fin XIXème début XXème.<br /> www.mode.femmes-1900.com<br /> <br /> Bien cordialement<br /> Alain
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M
Instructif et intéressant ! Je découvre aussi des races disparues maintenant ...<br /> Compliments pour les articles et le site bien documentés.<br /> Merci !
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S
Un article très intéressant qui permet de remettre en perspective l'évolution du standard de nos races de chevaux françaises en moins de 200 ans !
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