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Reconstitution des ornements et de
la bouclerie d'un harnais de gala
Travaux Photos Dans Les Ateliers Dorantes.
Depuis l'antiquité, la mise en valeur d'un équipage de parade passe par la décoration de la voiture elle-même mais aussi par la décoration du harnachement du cheval. Dans ce bas-relief égyptien, nous constatons qu'elle est essentiellement composée de tissus brodés, de plumes et de bois doré.
Au Moyen Âge, nous retrouvons cette recherche de faste et de richesse dans la décoration des rares charriots d'apparat. Ainsi en 1377, le Roi de France Charles V envoya à l'Empereur Charles IV qui lui rendait visite (et qui ne pouvait monter à cheval suite à une crise de goutte) un char magnifiquement décoré, attelé à quatre mules blanches. En 1389, la Reine Isabelle, femme de Charles VI, fit son entrée à Paris dans un des premiers coches; "charriot branlant, couvert de drap d'or et suspendu sur des courroies de cuir". Nous avons une idée des harnais par la description de la visite de Charlotte de Savoie à Tours, en 1470: " Le charriot était recouvert d'un drap d'or frangé de fils d'or, il était traîné par quatre chevaux harnachés de cuir rouge. Chacun des harnais était garni de 500 clous de cuivre doré et de 240 besants aussi dorés. Deux de ces chevaux étaient montés."
La plume reste un élément important de la décoration d'apparat des chevaux montés ou attelés comme nous pouvons le constater dans ce bon de paiement de 1509: "A Louis Trepier, plumassier du Roy nostre sire (Louis XII), la somme de quatorze livres tournois pour cinq plumeaux de chanffrin (chanfrein) à neuf plumes, frangés d'or et chargés de paillettes, dont y en a trois blancs et deux rouges jaunes et blancs, lesquels ont servi durant le moys de may aux chanffrins de cinq coursiers dudit seigneur"
C'est Henri III qui mit au goût du jour la généralisation dans la noblesse de l'utilisation des voitures (utilisation jusque-là limitée aux femmes et aux impotents). A la fin du règne d' Henri IV, on ne comptait cependant que trois cents à quatre cents voitures dans les rues de Paris. Leurs utilisations se diversifièrent; apparat, transport public, louage) et leur nombre augmenta rapidement à partir de Louis XIII. Sous Louis XIV, les carrosses d'apparat, souvent dotés de glaces, devinrent de véritables oeuvres d'art, ornées de sculptures, aux panneaux peints, aux bois dorés. Les harnachements se devaient d'être fastueux comme nous pouvons le constater avec ce harnais datant de 1675-80.. aux boucleries trés ouvragées. A cette époque, le travail du cuir proprement dit n'a pas énormément progressé et est assez basique. Sa rusticité est compensée par un habillage de tissus, velours,... brodés d'or ou d'argent.
Sous Louis XV, des éléments techniques comme le col de cygne ou les premiers ressorts métalliques, améliorent la maniabilité et le confort des carrosses. Les harnais de gala, quant à eux, sont toujours à bricole. Ils sont solides et réalisés en cuir de Hongrie. Ils sont chargés d'ornements et la rusticité de certaines parties comme les traits en corde est toujours cachée par des tissus de velours frangés d'or.
Sous Louis XVI, il y eut peu d'évolution. Si la sellerie d'apparat se raréfia pendant la Révolution, le faste des équipages réapparut sous Napoléon. Les harnais d'apparat ne bénéficient pas des évolutions techniques du temps et sont toujours à bricole. Le harnais qui servit à harnacher les chevaux du carrosse du sacre de Charles X fait apparaître un travail du cuir plus élaboré.
Avec la relance économique des années 1835-40, se créèrent de nouvelles fortunes. Ces nouveaux riches voulurent rouler carrosse "et, par obstentation, parader dans de beaux équipages: la sellerie ainsi que les autres corps d'état ressentirent les bons effets de cet engouement...Dès lors, cette industrie s'évertua à prévenir, par des innovations et des créations de toute sorte, le goût de luxe et les désirs de ces clients. Les équipages présents aux courses et aux promenades rivalisaient de luxe et de bon ton. Les harnais devinrent plus adaptés techniquement aux chevaux et esthétiquement aux voitures réalisées par les grands carrossiers, décorés d'armes, d'écussons, de couronnes, de chiffres,..." Sous Napoléon III, l'attelage de luxe explose. "Pendant toute cette période, les harnais étaient généralement garnis de bouclerie de cuivre comme ceux de la cour; ils étaient enrichis d'armes avec ou sans support; d'écussons, de couronnes ou de chiffres; et les brides étaient ornées de frontaux, cocardes et américaines en soie" -Léné dans la sellerie Française 1878-
Les harnais deviennent des pièces d'une trés grande finition ou tous les cuirs doublés et apparents sont piqués à quatre et six rangs. Les différentes pièces sont enrichies de plaques de cuivre ou d'argent, découpées sous forme d'écussons de couronnes de chiffres.
Voici quelques exemples de mantelets de harnais de gala provenant de différentes cours européennes, celles du grand duc Frederick Francisco de Mecklemburgo-schwerin, Albert I° de Belgique, Isabelle II de Bourbon.
Restaurer ou reconstituer ce type de harnais pourrait paraître de nos jours comme une véritable gageure. Le nombre de selliers compétents en ce domaine est de fait assez limité. Une des difficultés majeures est la réalisation des chiffres, armoiries et boucleries à l'identique de la partie endommagée ou de l'ensemble de la pièce. Le sellier Dorantes est un de ces rares experts. Nous avons eu la chance de visiter son atelier au moment où il travaillait à la reconstitution d'un harnais de gala à 6 de la cour royale espagnole. Vous pouvez voir ci-dessous la pièce d'origine et sa reconstitution et c'est ce travail que nous allons vous décrire.
Nous allons en premier traiter de la réalisation des pièces de décoration; armoiries, chiffres,.... Chaque pièce, comme ici un ornement de muserolle, est réalisée à la main selon quatre phases: la copie du dessin de l'original et sa reproduction sur la plaque de cuivre, le repoussage et l'évidage des parties creuses. La pièce est ensuite emplie de plomb pour la rigidifier et fixer les points d'attache.
Nous allons retrouver le même type d'opérations dans la réalisation des armoiries et écussons décorant les autres pièces du harnais. La personne qui réalise ce travail est une véritable artiste qui a suivi un cursus complet à l'Ecole des beaux arts. La sellerie à ce niveau, aussi bien pour le travail des cuirs que de la création des ornements, est un véritable métier d'art.
Ces autres photos vous montrent le début du travail, les pièces finies et la comparaison avec l'original.
Le reste des autres parties métalliques et de la bouclerie sont réalisées par moulage. Il est fait un moule de tout ou partie des pièces d'origine puis la pièce est coulée.
Certaines pièces trés ouvragées doivent être réalisées en plusieurs fois puis soudées entre elles.
dAu démoulage, il reste à nettoyer, ébarber et polir les pièces. Les ébarbures sont enlevées en mettant la bouclerie pendant 24 heures dans une caisse vibrante emplie de billes d'acier et d'eau.
Voici quelques exemples de pièces réalisées:
Il ne reste plus qu'à fixer les diffrénts éléments sur la sellerie, puis à remonter le harnais..
et voici le harnais terminé posé sur le cheval
Nous remercions Toute l'Équipe de la sellerie Dorantes verser sa gentillesse et la Chaleur de leur accueil.
Texte HE Photos
Figoli