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La vente des voitures de Napoléon III en 1871

Annexe de l' article  «Les voitures des écuries de Napoléon III"

 

 

En 1871, à la chute de l’Empire, il devint urgent de débarrasser les remises du Louvre encombrées de voitures, pour y installer les bureaux du tout nouveau Ministère des Beaux Arts, il fut donc décidé de mettre en vente aux enchères un certain nombre de ces véhicules.

Le Guide du Carrossier, dans son numéro 88 du 15 Aout 1871, sous la plume de A. Ledo, rend compte de cette vente, qui se déroula sur place, dans la Cour Visconti du Louvre.

Voici ce qu’il en écrit :

 

"Guide du carrossier"

"Le fait le plus intéressant que nous ayons à relater depuis notre dernière revue est la vente aux enchères publiques, qui vient d’avoir lieu, de soixante six voitures des anciennes écuries impériales. Les prix exorbitants auxquels se sont élevées les enchères sont de nature à réjouir la carrosserie en général et les carrossiers parisiens en particulier. Les amateurs pessimistes, au contraire, en ont été stupéfaits ; eux qui, il y a trois mois à peine, prédisaient une diminution de moitié du prix des voitures, que pensent ils maintenant en voyant de vieux coupés , fabriqués il y a quinze ans, démodés, détériorés, à moitié disloqués, s’élever à 2805fr.. ? Un autre, presque neuf il est vrai, monter à 3960 fr.

Un vieux landau de poste, bon à dépecer, valant tout au plus 150fr, adjugé au prix de 1650fr. et toutes les autres voitures vendues à peu près dans les mêmes conditions !

Un carrossier nous disait le lendemain : « Les amateurs sont fous de payer ainsi des voitures le double, le triple de leur valeur. » Fous, l’épithète est peut être mal appropriée ; aveugles parait plus logique. Pourquoi payer 2500fr.une voiture qui en vaut à peine 1000 ?

J’imagine que les acheteurs, dans une vente publique, sont souvent entrainés l’un par l’autre ; ils agissent comme les moutons de Panurge, par imitation ; ils mettent à l’enchère sans connaître ni la valeur ni la qualité de l’objet . Beaucoup d’acheteurs cependant étaient venus au Louvre dans l’espoir de profiter d’une bonne occasion. Eh bien, pour tous l’occasion a été mauvaise, attendu qu’ils l’ont payée trop cher. On m’a raconté, en cette circonstance, le cas d’un commerçant en denrées coloniales, je crois, lequel, depuis deux mois avait parcouru tous les magasins de Paris pour trouver un petit phaéton léger, d’occasion, destiné à faire ses courses pour visiter sa clientèle ? Notre commerçant avait fini, en tâtonnant beaucoup, par trouver un modèle à sa convenance ; il était au point de traiter avec le carrossier, lorsque la vente des voitures impériales fut mise à l’ordre du jour. Notre homme se rend au Louvre et s’adjuge un grand phaéton de maître à deux chevaux… Cela parait tout d’abord étrange, acheter un grand phaéton pour un petit ; mais que l’on réfléchisse que dans une vente publique, où cinq à six cents amateurs entourent la voiture, l’acquéreur se trouve placé au quinzième rang et n’aperçoit son objet qu’à travers trente six têtes : à cette distance le phaéton lui aura paru petit. Ce ne fut qu’après la vente, quand la voiture fut isolée, que l’acquéreur s’aperçut qu’elle était un peu grande. Un marchand de chevaux, pour le consoler sans doute, lui fit ; à peu près dans ces termes, l’éloge de son acquisition :

« Vous avez mis la main, Monsieur, sur une belle voiture, elle est très fraîche encore, et …bien attelée, elle aura toujours un cachet de grand maison. Si, pour la compléter, il vous manque l’attelage, je pourrais vous offrir une occasion aussi rare que magnifique. Je viens de recevoir de Londres deux carrossiers superbes, que je vous vendrais pour la bagatelle de 12000fr. bien qu’ils en valent 15000. Et…je vous garantis un équipage splendide, qui pourra trôner au premier rang sur l’Avenue et au bois de Boulogne .

_Ah ! Monsieur, permettez : je trône dans les rues de Quincampoix et de la Verrerie, et non pour mon loisir ; j’achète une voiture pour faire mes courses le matin dans Paris, aux environs des Halles, un cheval de moyenne taille et du prix de 500fr. me suffit. _Comment, un cheval de taille moyenne pour ce phaéton !mais regardez donc l’avant train ».

L’acquéreur fut tout stupéfait ; il ne savait pas que l’on construisait des phaétons spécialement pour deux chevaux. Lorsqu’il s’en aperçut il était trop tard.

Le cas de notre négociant pourrait être celui de beaucoup d’autres ; c’est ce qui explique l’exagération des prix que les voitures impériales ont atteint. On en jugera par les adjudications suivantes, en le comparant aux prix d’estimations faites par des carrossiers compétents.

Nous ajoutons, pour chaque voiture, les frais de vente, qui étaient de 10 pour cent du prix d’adjudication :

 

 

Coupé

Coupé

- Landau de poste ………………..1650fr Estimé 1500fr, à dépecer

- Landau carré …………………….4800fr Estimé 2000fr

- Calèche de ville à 8 ressorts…….5555fr Estimée 3000fr

Calèche de ville

Calèche de ville

Coupé Dorsay forme carrée 4730fr Estimé 2000fr

Coupé d'Orsay

Coupé d'Orsay

- Cabriolet Milord (usagé)………….2530fr Estimé 600fr

La vente des voitures de Napoléon III en 1871

- Vis-à-vis Sociable…………… 3245fr Estimé 1000fr

Vis à vis sociable

Vis à vis sociable

- Phaéton  sans capote ............... 2392fr Estimé1400fr

- Omnibus à 6 places ............... .3465fr Estimé 1500fr

 

Une seconde vente de 70 voitures de même provenance aura lieu quelques mois plus tard.

Note de l’auteur : la présence d’un vis à vis dans cette vente est surprenante car Faverot de Kerbrech a écrit qu’il n’y avait pas de voiture de ce modèle aux écuries Impériales ?.

LA VENTE DES VOITURES DU PRINCE IMPÉRIAL

Quelques jours avant la grande vente du Louvre, 19 voitures provenant des équipages du Prince Impérial avaient été vendues, à des prix élevés mais non comparables a ceux mentionnés ci-dessus.

Dans son N° 90, daté du15decembre 1871, le Guide du Carrossier écrira dans sa rubrique Revue de la Carrosserie :

« La vente des voitures impériales que nous avions annoncée dans notre dernière livraison, s’est faite encore à des prix élevés, sans atteindre toutefois les prix de la dernière vente. Interrogés par les carrossiers sur les raisons qui faisaient monter si haut les enchères, les acheteurs répondaient : « Vous ne construisez pas pour nous, simples particuliers, des voitures avec d’aussi bonnes matières. » Remarquez qu’à l’exception des voitures fabriquées chez M. Ehrler, toutes les autres, et le nombre et le nombre en était assez considérable, avaient été achetées, neuves ou d’occasion, chez le premier venu ; mais en entrant dans la cour Visconti, il parait qu’elles ont acquis un titre de noblesse…et…comme vous savez, noblesse oblige… »

Les documents photographiés représentent seulement le modèle de voiture.

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V
Remarquable, félicitation pour ce blog !<br /> Je pense me séparer de ma collection "le guide du carrossier" revue de la construction des voitures (environ 170 N°)collectionnées depuis environ 40 ans.
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J
Savoureux…
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