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Linoléum:
Son histoire et sa production dans les ateliers
de Dieter Gaiser
Histoire
De tout temps, l'utilisateur de moyens de transport essaya de se protéger des intempéries. Hormis les moyens techniques de protection; bâches, dais, capotes, il était à la recherche de matériaux moins coûteux, plus faciles à utiliser et à entretenir que le cuir. C'est ainsi qu'il imagina plusieurs procédés comme la toile cirée dont le premier brevet fut déposé en 1627.
En voici la description faite par Nathan Smith, en 1763:
"Un mélange de goudron de cire d'abeile et d'huile de lin est étalé sous forme de revêtement sur un support tissé, l'application devant être réalisée à haute température".
Voici une toile cirée dite aussi "huilée" réaliséede façon traditionelle dans les ateliers de Dieter Gaiser.
S'il était nécessaire de protéger les hommes, une autre question s'imposait. Comment protéger les parties les plus exposées des voitures, en particulier le plancher, contre les effets de l'eau?
La toile cirée, par l'utilisation de la chaleur et l'application de mélanges chimiques, fut le précurseur de la recherche sur le tapis de sol. Le Français Chevanard, s'inspirant des travaux sur la toile cirée; "Varnished oils" en Angleterre, a mis au point, en 1823, un tapis de feutre verni qu'un enduit de bitume protégeait de l'humidité. Ce premier revêtement de sol souple, pourtant récompensé par une médaille d'or de la Société d'encouragement pour l'industrie et soutenu par la duchesse de Berry, n'eut pas la réussite escomptée et la manufacture dut fermer. Depuis 1836, l'Anglais Elijah Galloway travaillait sur un procédé dont il déposa le brevet, en 1851, sous le nom de "Kamptulicum" (du grec Kampto "je plie")et qui est considéré comme le premier linoleum. Il consistait en un mélange de poudre de liège et de caoutchouc de couleur appliqué par calandrage sur un support de toile. Malheureusement, avec l'invention et le développement rapide de la vulcanisation, le caoutchouc vit son cours augmenter. Le "Kamptulicon" atteignit donc des coûts excessifs et sa commercialisation de masse ne put continuer.
En cherchant un produit de remplacement au caoutchouc, l'Anglais Fréderick Walton eut l'idée d'utiliser de l'huile de lin oxydée; la "linoxine". Il déposa un brevet, en 1863, et, pour se démarquer du produit d'origine, le nomma "Linoléum". Dès 1864, il fonda la "Linoleum Manufactoring Company", à Staines au Royaume Uni, qui fermera en 1970 suite à la concurence des PVC.
Aprés une longue séance de fabrication, la linoxyne est broyée et "fondue par addition de gomme de Kauri, de copal et de colophane ce qui permet d'obtenir un ciment de linoleum". Ce ciment, mélangé avec de la poudre de liège et des matières colorantes, forme la pâte de linoléum. "Dans des calandres puissantes, la pâte de linoleum est comprimée dans des cylindres chauffés et pressée sur une bande de toile de jute".
Dans les premières unités de production, le linoléum était de couleur unie brune puis d'autres teintes ;vert olive, ocre brun, rouge foncé, apparurent. S'il semble que du linoleum incrusté avec des motifs fut créé dés 1880, sa diffusion s'amplifia dans les années 1890.
Il y eut deux méthodes d'incrustation des motifs: une production artisanale à la main et une production industrielle à la machine.
Production à la main.
Pour les productions de qualité supérieure, l'impression des motifs était réalisée à la main de la façon suivante: "La peinture est appliquée au moyen de blocs carrés en bois, en poirier généralement, d'environ 45 cm de côté; ces blocs sont finement quadrillés et gravés en relief; une série comprend autant de blocs qu'il y a de couleurs différentes dans le dessin.
Le linoléum est placé sur une grande table de bois; le bloc impreigné de peinture est posé sur le linoleum avec des repères et pressé avec une petite presse à main suspendue à un chariot se déplaçant sur une traverse horizontale disposés au dessus de la table." -Revue génie civil- Puis, grâce à un quadrillage de l'appareil on réalisait l'application sur toute la surface du linoléum.
Aprés séchage, l'opération est reproduite autant de fois qu'il y a de couleurs. Comme nous le verrons par la suite, c'est de cette méthode que s'inspire Dieter Gaiser pour réaliser la reproduction de Linoléum ancien.
Production à la machine.
Les premières machines reprenaient le principe des blocs actionnés par des cannes, analogues à ceux employés dans l'impression à la main, mais le plus souvent de largeur égale à celle du linoléum. Par la suite, de nombreuses autres techniques furent utilisées.
Si les motifs de cette production industrielle se limitait, au début, à la reproduction de planchers en bois ou de motifs persan, " L'art nouveau" inspira fortement les producteurs de linoléum au début du XX° siècle.
La production se diffusera dans plusieurs pays comme en Allemagne, aux Etats unis et en France.
Dépassé par l'arrivée massive des PCV, la production du linoléum est devenue confidentielle et limitée à des productions de haut de gamme liées à l'habitat. Il existait une production spécifique au marché de la carrosserie et des compagnies s'y étaient spécialisées comme la compagnie Française de production qui proposait du linoléum "pour tapis de pieds et pour remplacer les panneaux de bois dans la construction des voitures de tous genres".
Cette production spécifique a, quant à elle, totalement disparue.
Comment alors pouvoir restaurer à l'identique des voitures intégrant du linoléum incrusté, décoré en général de petits motifs plus ou moins complexes?
Reproduction de linoleum à l'identique par Dieter Gaiser.
Dieter Gaiser a répondu à ce problème en se créant une petite unité de production. Elle lui permet de reproduire l'exacte réplique des linoléums à remplacer en s'inspirant des techniques, décrites précédemment, d'impression à la main. La plaque de poirier sculpté étant remplacée par une plaque en matière synthétique réalisée à partir d'une photo de l'original.
Il réalise d'abord une plaque de linoleum en appliquant sous pression et à chaud du liège et du caoutchouc sur un support de jute.
Puis, vient la phase de décoration. Il prend une photo du linoléum et, par un processus de thermo reprographie, reproduit en relief les différents types de motifs de l'original sur des plaques faisant fonction de pochoir.
Grâce à cet appareil de sa création, il applique la couleur de peinture correspondant à chaque composant du motif. Les plaques mesurant 33 cm, il faut neuf applications pour un mètre carré. Ces anciens linoléums sont souvent compliqués alliant motifs géométriques à d'autres éléments: fleurs, points,.. Il faut donc reproduire la manipulation en changeant les plaques et couleurs autant de fois qu'il est nécessaire. Ceci explique le temps trés important nécessaire à ce type de réalisation.
Cette unité de production des ateliers de Dieter Gaiser offre aux collectionneurs de voitures de sport, de campagne mais aussi de luxe comme "park drags" et "road- coaches" (ci dessous un coupé mail Binder) de la fin du XIX°, la possibilité de garnir leurs voitures d'un revêtement reproduisant à l'identique le linoléum d'origine.
Texte:
Figoli
Photo:
Figoli, revue génie civil 1926,...
Documentation:
Histoire du Linoléum / Armstong
La fabrication du linoléum / Revue génie civil 1926
Voitures Hippomobiles/Jean Louis Libourel
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Remerciements à Dieter Gaiser et à son épouse pour leur chaleureux accueil.
Voici un autre exemple de pose de linoléum réalisé par Dieter Gaiser sur ce Break de chasse.