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Chevaux de trait
et voitures du port d'Anvers.
Nous nous sommes souvent plu à commenter ici la richesse des traditions françaises de l’attelage. Il serait faux de croire que seul notre pays possède un tel patrimoine, plusieurs de nos voisins européens ne sont pas en reste. La Belgique, pays d’éleveurs et d’utilisateurs remarquables, possède elle aussi, de belles pages d’histoire. Partons à la découverte des chevaux du port d’Anvers…
C’est au milieu du XIXème siècle que le port belge a retrouvé,deux siècles après la fin d’un premier âge d’or, sa vocation internationale. A la rencontre de nouveaux flux de marchandises transocéaniques et continentaux (industriels, agricoles, coloniaux),Anvers est rapidement redevenue une des premières places économiques mondiales, aux côtés de New York, Londres et Hambourg.
Tandis que le tonnage des seuls arrivages passait de 240.000 tonnes vers 1850 à 12.650.000 tonnes en 1910, d’ambitieux travaux donnaient aux13 bassins oùles navires pouvaient amarrer,une surface cumulée de 90 hectares.Au début du XXème siècle, quelques 20 kilomètres de quais, équipés de grues mobiles, bordaient une zone de 14 hectares couverte de hangars et de dépôts,irriguée de voies ferrées et de larges artères.
Les travaux d’aménagement de la zone portuaire affectèrent également en profondeur la ville elle-même dont la population avait tripléen à peine 50 ans (300.000 habitants en 1901). La démolition de l’ancienne citadelle espagnole, le percement de nouvelles rues et l’aménagement de nouveaux quartiers d’habitation,d’inspiration haussmannienne ou «Belle Epoque »,donnèrent notamment lieu à plusieurs centaines d’expropriationset engendrèrent une très forte ségrégation sociale.
A la veille de la première guerre mondiale, on estime qu’environ 700 millions de francs belges avaient été investis en un peu plus d’un demi siècle pour le développement des infrastructures portuaires, moitié par l’Etat, moitié par la Ville qui exploitait le port en régie.
Le port d’Anvers, véritable fourmilière, a très vite su développer une logistique inédite et originale, à la fois inhérente à la variété des marchandises transbordées, aux volumes et à la configuration des installations. Mais la spécificité du port d’Anvers résidait également dans une organisation segmentée du travail, au cœur de laquelle on trouvait les célèbres « Nations ».
On désignait par ce nom (« Natie »), des groupements professionnels dont la tâche consistait, selon leurs statuts, à « charger et décharger des bateaux, peser, transporter, transformer et stocker des marchandises et toutes activités liées au commerce et à l'industrie". Les Nations étaient constituées selon la tradition médiévale des « guildes », ces sociétés coopératives d’intérêt commercial, artistique ou professionnel dotées de privilèges et de juridictions, dont le périmètre d’intervention et les compétences étaient codifiées dans statuts exhaustifs et notoires.
Leur nom se rapportait initialement au type de marchandises dont elles s’étaient fait une spécialité (le bois, le tabac, la laine, le coton, le vin, etc.) ou aux pays dont provenaient les dites marchandises (Nation d’Amérique, du Mexique, du Nord, etc.).Avec le temps, beaucoup de Nations élargirenttoutefois leur compétence,jusqu’à oublier leur première vocation.
Lorsqu’uneNationobtenait le marché du déchargement d’un bateau, son contremaître recrutait à la tâche et à la journée des débardeurs(les dockers) chargés de la manutention. En revanche, pour assurer le transport entre les quais et les entrepôts, les Nations possédaient leurs propres chevaux (« Natiepaarden »), leurs charretiers, divers matériels(surtout des fardiers) peints à ses couleurs, au premier rang desquels les "voitures des Nations" (Natiewagen), ces grands chariots typiques, conçus pour le roulage sur le sol plat et pavé des abords immédiats du port.
Les attelages étaient hébergés dans des bâtiments périphériques, tous bâtis sur un même plan. En façade une auberge, au premier étage l'appartement du régisseur et une porte cochère donnant sur une cour entourée de bureaux, d’écuries, de remises, de magasins et, pour les Nations plus importantes, d’une forge, d’un atelier de charronnage.
Des études font état du nombre de travailleurs appartenant à une Nation du port d'Anvers : 1.000 en 1906, 5.000 entre 1907 à 1912, 14.000 de 1919 à 1923. Il est en revanche difficile de suivre l’évolution du nombre des chevaux. On sait toutefois que ceux-ci sont arrivés assez tardivement sur le port et sont restés peu nombreux jusque vers 1860.
Ces colosses étaient très majoritairement des hongres, parfois des entiers, achetés cher (1.100 à 2.000 francs), à l’âge de 4 ou 5 ans. Le service était exigent mais les chevaux bénéficiaient de soins attentifs. Les règlements intérieurs étaient généralement stricts et les écuries étaient souvent des modèles d’architecture. On rapporte des rations de 7 à 10 kg d’avoine, 6 à 10 kg de foin, 2 kg de mélasse ou 1kg ½ à 2kg de son, parfois aussi de l’orge, du maïs, des féveroles, des tourteaux, le plus souvent les grains étaient aplatis et servis humides.Par leur force, les chevaux des Nations ont impressionné tous les observateurs : il n’était pas rare de voir un cheval enlever une charge de 3 à 4 tonnes, une paire déplacer plus du double.
Tous, à très peu d’exception (on a pu repérer sur une carte postale ancienne un attelage de fortes mules),étaient des chevaux de trait Belge mais leurs modèles, variant ostensiblement,rappellent 2 piliers de la jeune race (son stud-book date de 1885): la Brabançonne et la Condrozienne. Chacune a acquis de son berceau des caractères distinctifs qui sont essentiellement la taille, le poids, le tempérament, la robe*.
Le Brabançon, dont l’aire d’élevage couvre une bonne partie du Royaume,est remarquable par sa stature. Dans les contrées très fertiles, de culture intensive, le cheval a toujours rencontré des conditions propices à son développement. Le poids des étalons dépasse souvent la tonne, sa taille peut s’élever au-delà d’1m70. L’arrondissement de Nivelle (chevaux au poil rouan, aubère, gris), la vallée de la Dendre (dominante de bai clair), la vallée de la Méhaigne (dominante de bai foncé) avaient autrefois la réputation de produire les meilleurs chevaux.
L’aire de dispersion du cheval du Condroz s’étendait sur la rive droite de la Meuse (considérée comme le berceau historique du cheval Belge), de Dinant à Liège, le pays d’Entre Sambre et Meuse. Il était intermédiaire par son format entre la Brabançon et l’Ardennais, ce qui lui a valu d’être parfois surnommé « double Ardennais » ou « Belge moyen ».
Vers 1900, les statistiques officielles portent à 25.000 le nombre des Ardennais et à 225.000 celui des Brabançons et des Condroziens réunis. Dans le dernier quart du XIXème siècle, ces derniers firent l’objet d’un grand commerce (34.600 chevaux exportés en 1910 par exemple) avec les Etats-Unis, l’Allemagne, la France.
Enfin, quelques chevaux rappellent encorela vieille race flamande. Ce cheval dont on dit qu’il fut à l’origine desraces de chevaux de trait lourd les plus fortes et des plus prisées d’Europe, viten cette fin du XIXème siècle,ses dernières heures. En pleine dégénérescence, la race s’efface définitivementdevant le grand Brabançon, jugé plus résistant, moins lymphatique, moins disgracieux dans son modèle (le Flamand, de haute stature, possède une forte charpente mais une allure parfois dégingandée, une tête lourde sur une encolure forte, des crins abondants). La race flamande a,elle aussi, connu de part et d’autre de la frontière (en France, dans l’arrondissement de Dunkerque)plusieurs variétés dont la Bourbourienne, longtemps plébiscitée par les brasseurs et les mariniers pour ses articulations puissantes.
* le succès remporté dans les Expositions internationales par plusieurs chevaux belges de robe alezane, et en particulier par Rêve d’Or, champion des races de trait à l’Exposition international de Paris en 1900 a toutefois contribué à accroitre le nombre des individus portant cette livrée, considérée comme un signe de force et de distinction.
Texte et documentation:
Etienne Petitclerc
Compléments d'information (Patrick Magnaudeix)
Nous avons trouvé dans la revue la voiture industrielle (N° 5 du 15 Septembre 1880), éditée par Brice Thomas, une description d'une de ces voitures portuaires. Nous noterons que ce modèle est un projet d'allègement des modèles usités habituellement dans les ports et villes belges.
Camion des plus utilisés aux brancards de plateau en bois ferrés sur champ que nous retrouvons sur la majorité des photos.
En voici quelques extraits:
Le camion belge
Les camions belges, que l'on rencontre en assez grande quantité dans les rues de Bruxelles, se distinguent par un plancher de chargement monté trés bas, par un essieu à l'arrière train coudé de 0m40 à 0m50 et par des mains ou des bras de fer reliant l'avant train au plancher. Les autres dispositions varient selon la nature des colis à transporter.
Le dessin ci dessous représente un de ces types
Nous avons appliqué ici des brancards (a) en fer à double cornière, qui pourraient selon nous, remplacer avantageusement les brancards en bois que l'on est obligé de ferrer sur champ. On peut de même remplacer les traverses en bois par du fer à cornière (b) dont la face verticale peut être coudée à Angle droit par les bouts afin de venir s'assembler avec les boulons qui relient les colliers des ranchers. La partie horizontale des traverses servirait à boulonner les planchers.
L'auteur de l'article fait alors un comparatif avec un autre camion au plancher surélevé pour passer au dessus des roues, ce qui permet de disposer les colis sur toute la longueur et la largeur. Ceci entraîne la diminution des roues arrières, donc augmente la traction.
Il termine en spécifiant les avantages et inconvénients du modèle présenté.
Dans le camion belge, le plancher étant trés bas, le chargement et le déchargement sont plus faciles; mais l'essieu et les roues de l'arrière-train empêchent d'y placer des colis de grandes dimensions en longueur et en largeur. Ici l'essieu de l'arrière train est coudé de 0,40 environ et les roues, ... ont 1m20. Mais il y a avec les grandes roues une réduction de l'effort de traction.
Nous terminerons ce complément d'informations par un petit album Photos