Chasse à courre et attelage
Mode de chasse ancestral pratiqué depuis plus de 2000 ans, la chasse à courre, dite aussi « à cor et à cri », est
devenue, au XIX°, un évènement mondain.
C’était un lieu de rencontre de l’aristocratie et des sommités locales, dicté par un strict code des us et coutumes. La place de chacun
était régie par la hiérarchie sociale. Un des éléments d'affirmation de sa place sociale était la qualité de l'attelage qui vous y amenait. Dans cette période florissante du sport
équestre, il n'était pas étonnant de trouver des coachs aux lieux de rendez-vous (lieu ou se regroupent veneurs et équipage avant le départ de la chasse), comme le montre ce tableau de
Cosson de 1878, intitulé "Chasse à courre-départ pour la chasse."
Pour faire bonne mesure, certains maîtres d'équipage n'hésitaient pas à utiliser la technique du tandem. Arrivés au départ de la
chasse, il ne leur restait plus qu'à monter sur leur cheval de volée déjà sellé qui, ainsi amené, n'était pas fatigué.
Photo Carriage driving magazine.
Vers la fin du XIX°, cette pratique du tandem a diminué et il faut avouer que drag ou stage coach ne devaient pas être d'une utilisation aisée
pour pour aller vers certains rendez-vous de chasse.
Qu'en était-il donc alors de l'utilisation de l'attelage dans les chasses à courre?
Nous allons vous la présenter en images, à l'aide de dessins et cartes postales datant de 1900 à 1925.
Cette pratique sportive était toujours une réunion mondaine et hiérarchisée. Elle incluait les acteurs proprement dits de la chasse mais
aussi des invités qui venaient, en spectateur, suivre de loin la chasse sur les grandes pistes forestières. Ils se rendaient sur le lieu de rendez-vous avec leur propres voitures ou des voitures
louées à la descente du train, ....mais toujours de grande qualité. Il n'est donc pas étonnant d'y trouver des véhicules de toutes sortes: gigs, tilburys, cabriolets mais aussi landaus,
calèches,... .
Pour permettre à ces invités non veneurs de suivre la chasse, le maitre d'équipage pouvait mettre à leur disposition des
véhicules plus adaptés; breaks de chasse, wagonettes, wagonettes beaufort à six places, tapissières,.... et mêmes de grands omnibus de campagne.
La chasse en elle même exigeait une grande forme physique et les enfants de bonnes familles y étaient entrainés trés tôt.
Ce sport n'était pas sans danger.
Ainsi, certains veneurs, n'ayant pas ou plus la capacité physique nécessaire, suivaient la chasse en attelage. Ceci n'était également pas sans risque.
Les voitures le plus souvent utilisées étaient des charrettes anglaises, montées sur de grandes roues, mais aussi des buggys, cabriolets, pill-boxs ...,
et, bien sûr, dog-cars à deux roues dont le compartiment à claire-voie permettait de ramener les chiens blessés ou fatigués.
Vous remarquerez que sur les photos de présentation des équipages suivantes apparaît une voiture assez rustique.
Il s'agit du "Darboulin" dont nous allons vous raconter l'origine en nous appuyant sur les travaux de Bénédicte Ottinger dans "Chasse et arts: histoire
culturelle et artistique de la chasse".
Louis Darboulin habitait Fontainebleau et était fournisseur des chasses de Louis XIV, à la fin de son règne. Il avait l'habitude d'amener vin et victuailles pour
les repas de chasse, à l'aide d'une mule.
Par extension, son nom fut donné aux mules et chevaux qui assuraient ainsi le ravitaillement des chasses. Avec la multiplication des chemins et pistes forestières,
ce ravitaillement se fit à l'aide de voitures attelées à un cheval qui prirent comme leurs meneurs le nom générique de "Darboulin"
Dans certaines chasses, plusieurs de ces voitures de services étaient nécessaires. En effet, dans les fôrets dédiées à la chasse, on installait des "baraques" qui
accueillaient les veneurs et les valets pour leur permettre de se changer et de se restaurer. Quand il n'y en avait pas, le darboulin amenait une tente et le
nécessaire pour préparer les repas.
En plus du ravitaillement, le "Darboulin" transportait tenues et trompes au lieu de rendez-vous, suivait la chasse pour transporter les limiers fatigués et, à la
fin de la chasse, pouvait ramener le gibier et les chiens blessés.
.
D'autres véhicules sans roues pouvaient assurer ces fonctions.
Si, en début de siècle, l'utilisation des véhicules à moteur n'était pas appréciée dans les équipages de qualité, ils prirent progressivement la place des attelages
comme cette étonnante chenillette Citroen que l'on connaît plus pour d'autres exploits
En tout cas, et de de tout temps, le gibier n'avait que peu de chances d'échapper à sa funeste destinée.
Les passionnés de chasse à courre trouveront de multiples cartes postales sur ce thème en cliquant sur ce lien du blog "Cartes de Bonnelles": link
Texte: Figoli
Documentation: Yan Perrot, Henri Baup, Figoli,....
De
nos jours, invités aux chasses de Fontainebleau.