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Par figoli
Les revêtements de la chaussée à Paris;
2, les pavés de grés
Si, comme nous l’avons vu dans l’article Les revêtements de la chaussée à Paris :1 Le pavage de bois .. , l’utilisation du pavé de bois ne faisait pas l’unanimité, mais les autres surfaces de roulement, y compris l’asphalte, présentaient également des inconvénients.
Rues pavées peu nombreuses au moyen age.
Le gros pavé utilisé depuis l’antiquité posait toujours des problèmes de roulement et de confort pour les voitures. Les petits blocs de grés tinrent donc, si j’ose dire, le haut du pavé dans la deuxième partie du 19° siècle et ne commencèrent à péricliter qu’à la dernière décennie du siècle. Comme nous le verrons dans la dernière partie, l’utilisation de l’asphalte et de la route goudronnée ne se généralisèrent que très tardivement pour cause de problèmes techniques et commerciaux.
Vous trouverez toutes les explications sur l’extraction et le pose de ces « petits » pavés dans de grands extraits d’un article de l’Univers illustré du 31 Juillet 1897.
« PAVES DE GRES »
Les Parisiens, si dorlotés par leurs édiles, n’ont pas dû être agréablement surpris en voyant ces jours-ci la seconde partie de la place du Carrousel repavée ,comme la première, de petits cubes qui, pour être moins volumineux, n’en sont pas moins de pierre comme les anciens.
Cette application du grés au revêtement des voies urbaines est une industrie qui périclite, malgré cette récente victoire au cœur de Paris : la civilisation douillette change en effet partout les gros pavés où s’accrochaient les roues des carrosses du siècle dernier contre l’asphalte à l’acre senteur de goudron ou le pavé de bois trop rude encore aux bandages pneumatiques des victorias de nos élégantes.
Le grés servant à la fabrication des pavés est extrait en grande partie des carrières dont le Bassin parisien est relativement assez riche.
Carrière
……..L’extraction des grés destinés à la fabrication des pavés se fait à ciel ouvert et l’aspect des carrières en est très curieux : la surface du banc de grés, dépouillée de la couche d’humus superficielle, présente de gros bouillons, comme ceux d’une gigantesque marmite qui se seraient tout à coup pétrifiés.
….Le banc est d’abord mis à découvert par l’enlèvement de la marne, d’où l’on extrait quelques meulières ; il présente une épaisseur variant de trois à six mètres d’une homogénéité parfaite ; il est large de dix à quinze mètres.
Les ouvriers commencent par forer avec de gros burins des trous de mine et détachent à la poudre de gros blocs qu’ils détaillent ensuite en morceaux moins volumineux. Rapidement dégrossis, ces morceaux forment les gros pavés, dont nos aïeux émaillaient les routes.
D’autres, portés sur le baquet plein de sable blanc et fin, sont véritablement ciselés et polis par des ouvriers d’une dextérité très vive enlevant à l’aide du ciseau et de la masse des morceaux d’une régularité étonnante : ces pavés soignés dits piqués, se font de différentes tailles. Ils sont petits en général carrés et un peu aplatis.
….L’habileté et la rapidité des ouvriers sont vraiment merveilleuses ; un bon ouvrier peut par jour fabriquer une centaine de gros pavés, ou soixante dix à quatre-vingt piqués. Ils sont payés au mille, de 80 à 100 francs pour les ordinaires, 160 à 200 francs pour les piqués.
Empilés dans la carrière selon leur forme et leur calibre, les pavés sont estampillés puis descendus à l’embarquement du chemin de fer, chargés sur des wagons plats….
Du chemin de fer, les cubes de grés sont amenés par tombereaux sur l’endroit de la voie en réfection : les paveurs, rois de la rue, prennent alors possession du terrain et mieux que le bâton blanc des agents*, entravent la circulation avec leur tas de sable jaune, leurs amoncellements de pavés vieux ou neufs, leurs longs attelages dégageant le tombereau dans le sol défoncé, parmi les coups de fouet sonores.
Lorsque les vieux pavés sont enlevés et qu’une épaisse couche de sable a nivelé le sol, on dispose les nouvelles rangées en alignement, au cordeau.
Les pavés sont mis en place à la main et calés au moyen de la truelle, outil composé d’un côté d’une sorte de pelle pour manier le sable, de l’autre un pilon. Un ouvrier les fixe définitivement avec de la « demoiselle » ou la « hie », lourd pieux de chêne manœuvré à deux mains et terminé par une semelle d’acier résonnant clair sur les grés. Une nouvelle couche légère de sable est répandue à la surface du nouveau pavage pour combler les joints.
Quant aux anciens pavés, sont retaillés ceux qui peuvent servir; les brisures servent au macadam. »
Dans cet article apparaissent les mots macadam asphalte, goudron qui ont une signification différente de l’emploi que nous en faisons aujourd’hui. Nous allons traiter de ces derniers revêtements dans le prochain article sur le revêtement des rues de Paris.
Figoli
Photo du 5 Mai 68: Sous les pavés....la sueur des paveurs
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