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Par figoli
Les Neptunaliæ
à déguster avec un verre de Chablis frais.
Tout cela est si vieux, à vrai dire, que l’on n’est sûr de rien et, pour ne rien vous cacher, l’auteure de ces lignes était déjà fort âgée en ces temps-là… il se peut donc qu’elle ait quelque peu oublié ce qui s’est véritablement passé.
Bref, nous nous en tiendrons à la version romaine qui a l’avantage, si elle n’est pas moins horrible, d’être plus simple que la version grecque, surtout que la Grèce n’est pas à la mode en ce moment.
Donc…celui qui, frappant la terre de son grand trident, fit jaillir le premier cheval, Virgile l’a raconté,et ce qui est écrit est toujours vrai… c’est Neptune.
Neptune était le fils de Saturne et de Cybèle, sa propre sœur, tous deux adeptes du mariage pour tous.
Le destin ayant décidé qu’il n’aurait pas de successeur, mais convaincu d’être immortel et décidé à faire un geste pour les allocations familiales, Saturne dévorait ses enfants.
Cybèle cependant réussit à lui en cacher trois : Jupiter, Pluton et Neptune. Les bambins se partagèrent l’univers. Jupiter qui avait de grandes ambitions s’attribua le ciel et la terre, Pluton, sans doute parce qu’il était frileux, opta pour les enfers, et Neptune, poète à ses heures,choisit les rivages, les goélands, les îles et les océans.
Il devint surtout le démiurge des chevaux.
Les jours de tempête, d’ailleurs, de vieux marins l’ont aperçu à la crête d’une déferlante, menant,tel Achenbach d’une main, un char tiré par des hippocampes soufflant l’écume de mer par les naseaux, et brandissant, de l’autre, son terrible harpon.
Plus près de nous, il y a deux mille ans, afin de lui rendre hommage, chaque année, le long du Tibre et durant les insupportables chaleurs de juillet, comme les indiens se livrent à la danse de la pluie, les romains s’adonnaient à des joutes équestres censées amadouer la canicule : les Neptunaliæ.
On y venait de partout, peu importaient les efforts et la dépense qu’il en coûtait.
On venait faire la démonstration de son talent, tout comme celui de ses prétentions quand on en était dépourvu.
L’important était de se montrer… participer ?
Un jour, la chaleur fut si forte que l’eau vint à manquer. Les chevaux, qui n’avaient pas vraiment demandé à venir dans cette galère,respiraient les sables brûlants apportés par le Sirocco et fondaient au soleil sans qu’on pût seulement les désaltérer.
Les hommes qui les avaient menés là n’étaient pas à meilleure enseigne, mais ils en tenaient pour se battre, s’affronter, se défier, quitte à laisser morts sur la piste leurs chevaux bien-aimés… ils n’étaient tout de même pas venus pour rien !
Furieux, Jupiter, s’en mêla et interdit la course.
Ce fut un beau tohu-bohu !
Les auriges, furieux de ne pas rivaliser, les pleureuses couvertes de cendres, le peuple qui veut du pain et des jeux, les organisateurs et les sponsors soucieux de récupérer leurs billes, les vendeurs de glaces italiennes, j’en passe… et même l’empereur, tapèrent du pied et obtinrent d’un Jupiter vieillissant et affaibli que les chevaux disputent les épreuves, sans avoir été forcément détendus et fassent une pause entre deux tours de stade, le tout au ralenti. Pour vous affoler un cardiaque et faire possiblement péter les plombs à un cheval parce qu’il est retenu tout du long, on avait trouvé la bonne solution.
Alors, pour ne fâcher personne, au lieu de proposer quelque innocent jeu de remplacement, on les autorisa à entrer dans les starting-gates.
On acheva ainsi plus de chevaux qu’à l’accoutumée.
Le public adora.
Il y eut même une standing ovation, pour celui qui en massacra deux d’un coup.
Même modèle, même robe, mêmes allures, vraiment, une paire de toute beauté… joli coup.
Julie Wasselin
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