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Par figoli
Vaux-le-vicomte,
son passé, son présent.
Nicolas Fouquet aurait dû se souvenir que « la roche Tarpéienne est proche du capitole »…
Charmeur, intelligent, audacieux, Nicolas Fouquet, né d’une famille de riches parlementaires eut une ascension fulgurante. Sa devise était claire : « Quo non ascendet » ! Cet écureuil, son emblème, le « foucquet » de la langue bretonne…jusqu’où ne monterait-t-il pas, en effet ?
Louis XIV succéda à son père sur le trône de France en mai 1643. Il avait 4 ans. Quand s’éteignit Mazarin, en 1661, il en avait 22. La cour pensa que le premier ministre serait remplacé par son héritier présomptif, Nicolas Fouquet. Le cardinal l’avait en effet recommandé au roi. Mais Louis XIV, tint aussitôt ce discours : « … Jusqu'à présent, j'ai bien voulu laisser gouverner mes affaires par feu M. le Cardinal ; il est temps que je les gouverne moi-même. Vous m'aiderez de vos conseils quand je vous les demanderai... ».
Colbert, jaloux de Fouquet, profita de la situation pour accuser le surintendant d’avoir détourné des millions ( Certes… on ne s’établit comme il le fit à Vaux-le-vicomte sans argent, mais il se dit que Mazarin en avait empoché quelques-uns également. ) Bref… Il arrive peut-être un moment où la distance d’avec le commun des mortels fait imaginer que l’on n’est plus atteignable. Fouquet ne se douta donc de rien.
Le 17 août 1661, alors qu’il offrait au roi, à Mademoiselle de La Vallière et à 600 de ses courtisans une soirée d’un luxe inimaginable organisée par le talentueux Vatel, Fouquet était au bord du gouffre. Longtemps après,Voltaire, écrira :« Le 17 août, à 6 heures du soir, Fouquet était roi de France ; à 2 heures du matin, il n’était plus rien. »
Le pont par lequel Louis XIV et Nicolas Fouquet ont quitté Vaux le vicomte, fort mécontents l'un de l'autre…
Arrêté à Nantes trois semaines plus tard par d’Artagnan et ses mousquetaires, Nicolas Fouquet fut banni du royaume, mais libre.Trouvant les juges trop cléments, le roi le fit emprisonner à vie à Pignerol, forteresse particulièrement sinistre où le surintendant des finances mourut d’une crise d’apoplexie 18 ans plus tard. Il avait 65 ans. La légende du masque de fer commence à Pignerol à la même époque… Fouquet a certainement connu celui que l’on cachait ainsi, mais c’est une autre histoire ; laissons les légendes nous faire rêver.
Vaux-le vicomte appartint ensuite au Maréchal de Villars, au duc de Praslin, puis il fut abandonné. Passablement délabré et menacé de destruction, il fut racheté en 1875 par Alfred Sommier, mécène qui entreprit de sauver l’œuvre que Le Vau, Le brun, Le Nôtre et quelques autres avaient élaborée.
La famille de Vogüé, dont il est l’ancêtre, perpétue son œuvre à présent.
En 1968, elle a ouvert le domaine au public, et par la suite, comme le dit joliment Patrice de Vogüé, ce sont les visiteurs qui ont inventé le Musée des équipages, à force de s’esclaffer : « Ah les belles écuries ! »
Au travers des photos qui suivent, le Musée des équipages, installé dans les écuries et remises du château de Vaux-le-Vicomte, offre une rétrospective qui nous rapproche du présent grâce aux voitures exceptionnelles et remarquablement entretenues qui sont exposées, et dont certaines ont été signées par les plus grands carrossiers : Erlher, chez qui Napoléon se fournissait, Mulhbacher, Kellner, Belvalette, etc. L’excellent article consacré à ces voitures en mai et août 2010 par Patrick Magnaudeix
(Vaux le vicomte: le musée des équipages 1,
Vaux le vicomte: le musée des équipages 2)
fourmille d’informations à leur sujet.
Calèche du comte Molé, Premier ministre du roi Louis-Philippe. Par Erhler. Paris, vers 1830. À 2 ou 4 chevaux menés par un cocher. En arrière-plan, grand-coupé de gala par Erlher. Paris vers 1830. À 2 ou 4 chevaux menés par un cocher.
Break de chasse Belvalette frères. Paris. À 2 ou 4 chevaux. Mené par son propriétaire ou par un cocher.
Berline de ville à 4 lanternes par W.Kings & cie à Londres. À 2 ou 4 chevaux menés par un cocher. 1840.
Au passage, on découvre une collection de fouets, des mors d’attelage, puis des vitrines où sont conservés de superbes harnais, des bottes de postillon, et même une chaise à peser les jockeys.
Puis on s’arrête devant la forge. Construite en briques et en plâtre liés par de la terre glaise, elle est consolidée au moyen de ceintures en fer plat. L’enclume dont les extrémités sont en forme de bigorne et de pyramide, est plantée sur un tronc d’arbre, et pèse dans les 175 kg. Le foyer, attisé par un soufflet à vent en cuir de vache est en forme de poire avec une bajoue inférieure mobile. Au mur sont alignés les marteaux, les pinces, les étampes qui aident le forgeron à adapter les fers aux pieds des chevaux, mais à réaliser aussi des œuvres d’art : rampes d’escaliers, grilles, etc… ouvrages requérant de la force mais aussi du talent.
Une halte s’impose encore devant l’établi du sellier-bourrelier où s’alignent, comme dans un poème de Prévert, le ciseau à entailler, la griffe à frapper, la griffe à molette, l’emporte pièces, l'alène, le couteau, le compas, l’abat carre, le poinçon, le marteau, le maillet, le fer à filet, la cornette, la serpette, etc… la pince à coudre, et l’huile de coude, évidemment.
Puis on se retrouve dehors, ébloui. Et l’on admire pour en terminer le classicisme des bâtiments de style Louis XIII qui abritent ces collections, et, pas tant que lui, assurément… mais comme Nicolas Fouquet, on quitte Vaux-le-vicomte à regret.
Texte:
Julie Wasselin
Photos: Michel Degrange
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