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Par figoli
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Gala de dames à la fieracavalli
“EROINE DELL’ 800”
Dans la soirée de Samedi et dimanche après-midi, à Fieracavalli, c’est le moment du Gala Ladies, entièrement dédié aux femmes. Le spectacle s’intitule “Eroine dell’800” ; imaginé par Alessandra Gerardini, proposé par le Gruppo Italiano Attacchi, régie d’Antonio Giarola
Dans le pavillon 8 toutes les places en tribune sont occupées par un public venu nombreux admirer les “Dames aux longues guides” qui avec classe et élégance conduisent les spectateurs encore sous l’emprise des guerres stellaires et de la musique techno du numéro précédent, à une atmosphère et un contexte romantique ; celui des promenades en voiture au rythme relaxant et cadencé des chevaux.
Ce sont les airs les plus connus, si chers à Vérone, avec Carmen, Violetta, Tosca qui accompagnent l’entrée des calèches. Et le choix n’a pas été casuel parce que les personnages féminins, protagonistes au XIX° siècle de l’art lyrique ou des romans, ont contribué à construire une nouvelle image de la femme, plus vraie et réaliste, image la projetant dans le nouveau siècle, qui verra s’imposer des mouvements d’émancipation.
Norma, Mimì ou Madame Bovary et Anna Karenina nous présentèrent les personnages féminins plus seulement comme femmes, fiancées, filles ou sœurs vivant toutes dans le faisceau de lumière projeté par les hommes, mais des femmes actives, qui s’imposent avec leurs choix autonomes en différents milieux : la maison, la cour, l’église, la rue. Et l’œuvre lyrique fut un moyen pour diffuser ces nouvelles idées.
Surement un élément d’émancipation féminin au XIX° fut la possibilité de mener une calèche ou de se montrer en public en selle. Dans la 2° moitié du siècle, la femme vit progressivement un rôle toujours plus actif dans son rapport à la calèche, « sur laquelle en premier elle est transportée, puis elle l’utilisera pour admirer courses, cours et mondanités; par la suite, une fois le chemin de l’émancipation entrepris, ce n’est plus insolite de la trouver aux guides d’une Gig ou d’un Break » comme savamment écrit Maria Vittoria Carloni Conservatrice du Musée de la Carrozza di Macerata
C’est aussi grâce au fait que dans les dernières décennies du siècle, après avoir longtemps assisté aux sports équestres, que les femmes finalement commencent à y prendre part, voilà qu’elles se dévêtissent des habits encombrants qui les emprisonnaient et contrariaient leurs mouvements et, comme le même auteur conclut encore, « la femme se mesure à l’homme duquel elle emprunte quelques vêtements : la bombe, quelque fois la cravate. Plus en général elle en suit la mode .Le tailleur avec une veste moulante et une longue jupe est une invention de cette époque. »
Au Gala de Fieracavalli des femmes du XXI° siècle, exposant une élégance propre à la période d’or de l’attelage, interprètent, aux guides, joie, élégance, légèreté, passion royauté des héroïnes du XIX°.
La première à entrer en scène est la très jeune Chiara Usuelli avec une légère américaine de la fin du XIX° attelée à un poney hollandais et sur les notes de « Buongiorno giorno » concentre sur elle l’attention et se concède un peu de frivolité avec un incroyable petit chapeau, qui nous rappelle une autre protagoniste en carrosse, Scarlett O’Hara dans le film « autant en emporte le vent », qui non seulement adorait les chapeaux mais obstinément, et parfois dangereusement, conduisait son « Américaine » toute seule!
Puis, sur l’air de “La donna è mobile” de Rigoletto … deux attelages importants font leur rentrée, il s’agit de deux paires qui exécutent des figures en parfaite symétrie.
Paola Pedrazzini entre en scène avec une paire d’andalous attelés à un Phaéton de dame d’époque avec un équipage entièrement féminin : grande élégance pour une calèche pensée pour les femmes. Durant la Belle Epoque le Phaéton et le Duc étaient utilisés pour les rendez-vous de l’après-midi et pour exposer avec vanité de beaux habits à la mode, valorisé par le fait de pouvoir être admirée grâce à l’absence de porte, basse pour faciliter la montée des femmes.
La seconde paire est menée par Desirè Casati, débutante, très concentrée à conduire son beau Break de chasse, parfaite avec son chapeau et habit pour une promenade à la campagne, pour suivre une chasse ou transporter les vivres pour le pique nique.
La musique se fait plus rapide et sur l’air “Libiamo ne' lieti calici”de la Traviata, entrent en premier deux magnifiques Dos à Dos, signés de grands carrossiers italiens du XIX°, caractérisés par de hautes roues voyantes et attelés chacun à un lusitanien. En meneuse expérimentée Francesca Villa, qui en est à sa 3° participation à FieraCavalli conduit de façon élégante
et Cristina Guzzetti , souriante et parfaitement à son aise dans la prestigieuse arène du Pavillon 8.
Pas moins important le 3° attelage à l’entrée, Katya Bertocco conduit un « military » tiré par Isabella, bel exemplaire d’Irish Cob. Impeccables, vivaces, attentifs, les mouvements en harmonie avec la musique et avec les autres attelages déjà en scène… et aux grooms ou aux accompagnateurs il ne reste qu’un agréable rôle de second plan. Soudain l’atmosphère change et le rythme d’ Habanera” de Carmen de Bizet :
c’est le tour de Valeria Nicolotti elle aussi jeune étudiante, comme Virginia Sategna qui l’accompagne dans le rôle de groom. Elle mène un précieux Clarence de 1870 de la maison Macchi, attelé à 2 imposants frisons : un véhicule fermé de ville, souvent lieu de rencontres furtives, de fuites et d’attentes palpitantes… et voilà par surprise 4 danseuses de l’Ecole de Dance Migliorati de Brescia, sortent de l’habitacle et s’exhibent sur les notes de Bizet.
C’est dans cette atmosphère magique que se prépare une grande surprise : une imposante Calèche signée Ehrler (Paris) fait son entrée tirée par 4 chevaux espagnols, avec pour cocher de service Edgardo Goldoni et des grooms impeccables… La Reine (représentée par Elena Romani) entre en scène en représentation officielle saluant avec retenue, étalant son habit royal (cousu par le Théâtre La Fenice di Venezia) et sourit. Dans ce cas le carrosse n’est pas l’odieux symbole du XVIII° siècle du pouvoir royal, mais il s’agit d’une voiture ouverte, adaptée à s’approcher des gens, à communiquer, à passer au milieu de la foule qui applaudit, la foule qui dans les 2 derniers siècles du dernier millénaire, sans emphase ni crainte, admire le passage de roi désormais privé du pouvoir absolu.
Ce n’est pas encore fini : dans l’ordre d’apparition, dans les évolutions, les cercles les trajectoires qui s’entrecroisent il n’y a aucune improvisation, fruit d’un entraînement sérieux, deux délicieuses demoiselles se présentent ; le fouet sur le côté pour le salut de Luna Ubiali 14 ans menant un beau Cab Fronted Hooded Gig, qui semble avoir été crée pour elle, avec à côté Alexia présentant son poney Esperia qui s’exhibe dans un « solo » de piaffé.
Les applaudissement du public anticipent et accompagnent le grand final sur les notes de Rossini et de sa Tarentelle. Les attelages quittent l’arène et les belles et élégantes meneuses saluent le public satisfaites.
Texte:
Emanuela Brumana.
Photos:
Damiano Buffo, Stefano Falezza, Dario Mastria et Giovanni Vitale
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