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Par figoli
1976
Dés le mois de février, les anciens avaient tiré la sonnette d’alarme.
N’ayant pas reçu la moindre goutte de pluie durant l’hiver, ils exprimaient leurs craintes de ne pas en voir plus durant le printemps.
Nul ou presque ne les avait entendus.
C’est bien connu, les paysans se plaignent toujours.
Ils étaient pourtant visionnaires.
A pâques, grande était leur peur de ne pas récolter de fourrage, les prairies refusant obstinément de croître sur des terres devenues hostiles.
Les dernières réserves de vieux foin n’étaient désormais plus qu’un souvenir, dévorées par un bétail désespérément en quête de pousses printanières.
En juin, le constat était évident.
Il n’y aurait pas ou peu de récolte, les céréales étaient à la peine et aucune réserve locale ne viendrait en aide à une population désorientée.
S’agissait-il alors des prémices d’un réchauffement climatique dont on parle beaucoup de nos jours, l’avenir le dira peut-être.
Juillet et Août furent féroces.
L’air n’était qu’un four, les pâtures, une cendre.
Les bêtes réduites à grignoter une herbe calcinée s’emplissaient la panse de terre et en crevaient, parfois.
Elles n’avaient bien évidemment plus que la peau sur les os et il était donc impensable d’espérer les vendre dans un tel état.
Les premières victimes expiatoires furent les animaux inutiles, conservés sur les exploitations par simple affection.
A l’époque, il en était encore.
Les chevaux de trait partirent donc pour l’abattoir.
Pour autant, Léon ne pu se résoudre à une telle trahison et prit alors une décision fort décriée sur le moment.
Il libéra sa bonne vieille jument, la Coquette, dans les côtes.
Il s’agissait en fait d’un immense entrelacs de chênes, de ronces et de broussailles qui bordaient le hameau et descendaient jusqu’à la rivière.
Les deux guerres mondiales, après avoir vidé de leurs bras nos campagnes, avaient ainsi favorisé le retour à la friche des fortes pentes autrefois pourvoyeuses de seigle et de légumes.
Désormais, seule la sauvagine y prospérait et la brave jument devrait y survivre ou périr.
Elle survécut, plutôt bien même.
La rivière alors simple ruisselet lui suffisait largement et l’écorce des arbres ainsi que les ronciers lui permirent même, chose impensable, de faire du lard. Comme quoi !!!
Plus haut, sur le plateau, c’était l’enfer.
Les troupeaux ne survécurent que grâce aux frênes abattus quotidiennement et dont les feuilles immédiatement dévorées les maintenaient en vie.
Les puits se tarissaient les uns après les autres.
L’acheminement de l’eau courante n’étant prévu dans nos marches Limousines que pour la fin de l’année, les femmes passaient leurs journées à livrer une eau devenue rare à des bêtes faméliques.
Tout ce que nos campagnes comptaient d’hommes en effet, les avaient vu partir dans les plaines Berrichonnes voisines afin d’y récolter force paille.
L’hiver reviendrait bientôt et faute de fourrage, il faudrait tout de même nourrir des troupeaux affaiblis.
La mauvaise saison revint effectivement et avec elle, les pluies, la neige.
L’hiver fut trempé, le printemps humide, l’été très arrosé et un Septembre diluvien transforma les terres en un vaste bourbier.
Il n’était alors pas question pour les lourds tracteurs d’espérer récolter des betteraves inaccessibles et les vieux chevaux désormais devenus saucisses feraient cruellement défaut.
Qui, dans ces conditions pourrait donc rouler les tonnes de précieuses racines ?
La Coquette évidemment, ce qui fut fait, eh oui !!!!
Texte et photos: Michel METON
Merci Michel pour ce rappel nécéssaire.
Pour les amoureux du travail à l'ancienne, Figoli vous présente deux attelages bovins et équins de belle facture. Vous y touverez également, le
ramassage de.... betteraves , et un sympathique "carioleur chanteur".
abour des allées cavalièresà Paris dans les années 1930.
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