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Par figoli
Les tribulations d’une quille de
mania
à Marie
J’avoue qu’à la morte saison, je m’ennuie, empilée sous d’autres quilles, bouclées dans cette réserve cadenassée… eh oui, nous coûtons cher, on nous vole parfois, futures pièces de musée que nous sommes… le plastique, vous savez bien… entassées à côté de notre carton de balles et de la caisse où sont rangées les plaques numérotées et les ferrailles destinées à les maintenir debout.
Ce n’est pas que nous apprécions vraiment d’être culbutées, de nous faire rouler sur les pieds, ni d’être traînées parfois sous vos châssis, mais au moins prenons-nous l’air, et parfois même, sommes-nous nettoyées par une main d’amour, si, si…
Je me souviens d’un championnat du côté de Lyon, où une main de fée nous rendit notre jeunesse avant que nous n’allions au combat dans des tranchées de boue.
Vous n’imaginez pas le soulagement qui nous gagne, chers meneurs, quand vous bouclez le tour sans faute et sans nous avoir démolies :
“ Ouf… bien évitées “ !
L’angoisse qui nous dévore, et la sueur qui nous coule au front quand, dans les baffles, tombe, depuis la tribune, le décompte de cadavres annonciateur d’un vandale qui croit que le jeu, c’est de tout renverser…
Capable même d’écraser deux d’entre nous à la fois !
Puis qui sort de piste, sourire aux lèvres, en lançant au suivant :
“ Belle mania n’est-ce pas ? “
“ Oui, t’as fait sept balles… ”
Pour la déstabilisation, c’est raté !
Ne parlons pas des chevaux qui billardent et hop, hop, hop, d’un pied distrait, nous envoient valdinguer avant même que le char d’assaut soit passé !
Incassable, notre matière se plie à la torture et se redresse sans gémir
avec un courage auquel personne ne songe à rendre hommage.
Vermillon, il arrive, en concours de tradition, que l’on nous badigeonne de blanc, c’est plus joli sur la pelouse d’un château… mais, entre nous, ces voitures anciennes, si belles soient-elles, sont d’un poids…
Le poids des ans, probablement !
Il arrive aussi que l’on nous ôte nos pancartes blanches et rouges, et nous ridiculise d’un manchon blanc numéroté, élégamment rebaptisé capote anglaise en France et française de l’autre côté du Channel…
Deux cent dix grammes, jaune d’or, la balle qui nous coiffe se doit d’être réglementaire.
Mais s’il en manque une à l’appel, il n’est pas rare de voir une vieille balle de tennis reprendre un emploi.
La balle est, en général, animée d’un esprit frondeur : tombera, tombera pas, devrait tomber… eeeet, aaah… et… non !
Des équilibristes.
Quand le vent souffle trop, il arrive que la balle soit scalpée et lestée de sable, ou bien piquée et gavée d’eau.
Je me souviens d’un concours en Provence, où la maniabilité avait lieu sur un terrain de moto-ball, surface particulièrement plane et glissante.
Le mistral soufflait avec une violence inhabituelle et nous avancions doucement mais sûrement, avec l’allégresse de patineurs s ‘élançant dans un pas de deux.
Les balles tombaient, les pancartes volaient.
La présidente du jury, une vieille juge venue de Bourgogne, après avoir soumis aux concurrents son idée et obtenu leur accord, imagina de nous coiffer de boules de pétanques…
En Provence réunir une cinquantaine de boules ne fut pas un souci.
Trois à quatre fois plus lourdes que nos compagnes habituelles, ces boules nous arrimèrent au sol et la mania put avoir lieu.
Leur poids n’empêcha d’ailleurs pas les maladroits de les faire chuter.
Ah, nous étions trop belles avec nos boules argentées !
Pour l’heure, dans la réserve où nous somme stockées, attendant le printemps, nous nous contons nos tours de rein, nos engelures et nos pieds écrasés…
Puis nous rions sous cape aussi… nous remémorant les erreurs de jugement… forcément, nous sommes les premières et même… les seules à les voir quelques fois !
Mais… ne rien voir, ne rien entendre, et ne rien dire, c’est notre code d’honneur.
Alors motus et bouche cousue.
Julie Wasselin
Complément de Patrick Magnaudeix
Je compatis, Julie, à la souffrance de vos chères protégées. Elles ont cependant une vie de rêve en comparaison de celle de leurs arrières arrières....... grand-mères.
Un retour dans l'histoire nous éclairera.
Dés l'antiquité, l'attelage fut utilisé de façon ludique et sportive. Nous en reparlerons dans un prochain article.
C'est Louis XIV qui redonna ses lettres de noblesse à l'attelage sportif en menant lui même sa voiture attelée à quatre petits chevaux. A la veille de sa mort, à 73 ans, il suivait encore les chasses en menant à vive allure son attelage à un cheval. Bien entendu les courtisans suivirent cette mode et se lancèrent de nombreux défis basés sur la vitesse, la finesse de menage, la précision, et... la prise de risque.
Pour certains défis, ils utilisaient un objet "le palet" que l'on peut identifier comme l'ancêtre de nos quilles actuelles. Je vous laisse découvrir son utilisation dans cet extrait de "l'Aurigie" du chevalier d'Hémars. A noter que ces figures s'effectuaient avec des attelages à quatre ou à six, sans postillons.
A noter que, dans la "voie du diable" , les palets n'étaient espacés que d'environ 11 centimètres.
L'espérance de vie de ces planches de bois, arrondies au tour ou à la scie, était véritablement limitée. Teintes en noir, elles avaient un diamètre d'environ 8 centimètres pour une épaisseur de 2. Le jeu en lui même leur laissait peu de chances, et les voitures utilisées encore moins.
Phaéton de 1788 (collection bibliothèque Nationale)
Ces pratiques existèrent tout au long du XVIII° jusqu'à la révolution.
Guerres de palais et jeux de palets étaient le quotidien de tout bon courtisan ou aimable courtisane.
Au XIX °, élégance et qualité du menage devinrent la base de l'attelage "sportif". Quant à eux, mêmes s'ils prirent d'autres formes, les défis perdurèrent, tels des remisages et manoeuvres dans des lieux impossibles,.... ou des paris encore plus risqués.
e Le comte Sandor en action
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