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Edwin Howlett 1835-1914
Blason d'Howlett
Au Panthéon des maitres dans l'art d'atteler figurent les noms d'hommes qui, par leur enseignement oral et par leurs ouvrages, ont marqué les XIX° et XX° siècles.
On y trouve:
pour la France: Garsault, La Chesnaye, Donatien Lévesque, Faverot de Kerbrech, Debut de Roseville, Doliveux, Cazier-Charpentier,...
en Allemagne: Beno von Achenbach et Max Pape,...
en Grande Bretagne: Beaufort, Morley Knight, A. Burgess, T. Ryder, S. Walrond,...
aux Etats unis: F. Rogers,...
en Italie: C. Volpini, E. Tassinari, C. Gnecchi Ruscone,... pour n'en citer que quelques uns.
Au dessus de cette pléiade plane l'ombre d'un des plus célèbres d'entre eux: Edwin Howlett dont l'enseignement et les principes du menage "à l'anglaise" sont encore de nos jours largement répandus.
Edwin Howlett
Sa vie:
C'est à Paris, le 25 Mai 1835 que nait Edwin, rue Laffite, en l'hotel du marquis de Hertford où son père, fondateur de la dynastie, John Howlett (1805-1879), originaire de Norwitch (Norfolk) était le premier cocher. Avec ses frères; Samuel, Henri, Albert, William, Edwin est rapidement initié au menage. A 16 ans, il est aide cocher dans la maison de Monsieur Alexandre von Horwath, qui avait les plus beaux équipages de Paris. On le verra à 17 ans, au service du Prince Périclès Gikha qui l'emmène à Vienne et lui confie ses écuries. Pour ramener les chevaux du Prince il fera 3200 Kms, de Vienne à Paris avec une barouche attelée à 4 Chevaux qui arriveront à destination en 52 Jours, d'Octobre à Décembre sans aucun problème, sur des routes en médiocre état et par un temps peu clément.
A partir de 1853, il sera aux ordres de son père, second cocher à Sandringham, au service de l'honorable Spencer Cowper qui épousera la Comtesse d'Orsay. Là, il rencontrera le jeune Prince de Galles, futur Edouard VII, qu'il initiera au menage à quatre.
En 1855, il succèdera à son père. Marié à Elisabeth Botwrigt, il en aura 5 garçons; James, Teddy, Albert, Franck, Charly, Morris et 2 filles; Lucy Emilie et Elisabeth. Tous seront impliqués dans l'attelage.
Edwin et Morris Howlett
E Howlett à cheval
En 1866, il s'intalle dans un manège à Paris (8ème), 15 rue Jean Goujon avec 10 chevaux et 7 voitures. Dix ans aprés, les chevaux seront 60 et les voitures nombreuses dont 3 coachs.
Les écuries rue Goujon
E.Howlett devant son établissement
Il ouvrira un autre manège, au 45, rue de la ferme à Neuilly sur Seine, où il loue ou vends des chevaux dréssés et des voitures. A sa mort, son neveu prendra sa succession dans les lieux.
Sortie d'un attelage rue de la ferme
Toute la jeunesse dorée parisienne, ducs, comtes et barons viendront prendre leçon du maitre qui compte parmi ses élèves; Donatien Levesque, Beno von Achenbach, Fairman Rogers,... La liste de ses clients figure dans son livre "Driving lessons".
Leçon de B. von Achenbach avec E. Howlett
Il pouvait enseigner en français, anglais, allemand et en italien, ce qui lui procurait une belle clientelle étrangère. Infatiguable, il donnait environ 1200 leçons d'attelage à quatre en un an ! En 1865, il débute avec les road-coachs "The Magnet" (appartenant à James Gordon Bennet et Taily Ho, l'enseignement du coaching. Ses élèves sont les riches américains neworkais qui séjournent régulièrement en France; les Hardcastles, les Riggs, les Gerrys, les Vanderbilt,...
Road coach "The magnet"
Voici comment Donatien Levesque dans son livre, "Les grandes guides", commente les leçons d'E. Howlett: "...Son habileté à conduire est trés grande et sa manière d'enseigner si précise, si claire et si douce qu'aucun des nombreux professeurs qui m'ont instruit ne m'a laissé d'aussi agréables souvenirs. En quelques leçons, pour lesquelles il fournit l'attelage, il vous donne les principes qu'on ne saurait inventer soi même par la plus longue pratique et qui font défaut à beaucoup de cochers d'une habileté individuelle incontestable. Pour commencer il est préférable d'être deux, le prix se trouvant ainsi diminué de moitié et l'élève qui débute ne pouvant pas supporter la fatigue d'une leçon d'une heure..."
Grafty en 1890 dans "Paris au bois" fera lui aussi l'apologie du maitre: Il racontera et illustrera le passage de cet équipage-école qui est une figure de la vie parisienne en ces termes: "L'art de conduire à quatre ne s'improvise pas; ce n'est pas un de ces talentsqu'on puisse développer dans le recueillement du cabinet et qui s'apprenne en chambre. Il faut l'étudier sur le terrain, et avoir sous la main les chevaux, la voiture, tout l'attirail nécéssaire. C'est tout ce matériel indispensable qu'howlett a mis à la disposition de la jeunesse studieuse, en même temps qu'un professeur d'une patience admirable d'une persévérance et d'une politesse merveilleuse, d'un sang froid impertubable et d'une présence d'esprit toujours en éveil. Il a mis le fouet à la main de tous ceux qui manient aujourd'hui un peu proprement un four in hands, et il n'est pas un de ses élèves qui ne soit prêt à attester qu'il doit tout ce qu'il sait à l'attention impeccable de son professeur et à son incomparable expérience..."
E. Howlett par Grafty
C'est dans le cadre de cet enseignement qu'il met en 1870, un coach public, "le rocket" sur la route de Paris à Versailles, au départ du Pall Mall bar rue de Castiglione, tous les mercredi matin à 10h30. La place, aller retour coûtait 15 francs, la place à côté du cocher en coutant 20. La guerre (1870) et la commune (1871) feront s'interrompre l'aventure qui reprendra épisodiquement en 1872,1881 et 1889...En 1910 l'avènement de l'automobile mettra fin définitivement à l'aventure des road coachs. Il aura participé à de nombreux raids, réalisant des records de vitesse, comme le fameux Paris-Trouville de Juillet 1892, avec un coach Guiet, "le Herald", mené par son élève Tiffany et son fils Morris (200kms à 20km/h). Il s'installera enfin, en 1894 au 24 rue des belles feuilles, Paris XVI° où il résidera jusqu'à sa mort.
Drag mené par Albert Howlett
Parc drag E. Howlett 1889
Son oeuvre:
En Mars 1892, poussé par ses élèves, Howlett publiera, à New York, en Français, un ouvrage; "Driving lessons" dédicacé à son ami W.G. Tiffany, et préfacé par le comte de Clermont Gallerande son élève.
Réédité à plusieurs reprises, il reste de nos jours la bible du menage en grandes guides. Ce livre de 147 pages, est illustré de photos d'époque et gravures en noir et blanc.
Pour le matériel, il aura aussi conçu le mors Howlett, mors de bride à grand passage de langue en gorge de pigeon de 11 cm, qui porte son nom, ainsi que l'enrênement Howlett, simple d'utilisation qui permet de maintenir la tête en place.
La Dynastie:
Même si elle n'oeuvre plus dans le milieu de l'attelage, la dynastie Howlett reste vivace. On trouve des descendants en France, en Italie, et aux USA.
La leçon type d'Edwin Howlett:
Leçon d'une élève
Les chevaux attelés, l'élève fait le tour de l'attelage et vérifie les embouchures et le harnachement. Il apprend à monter, (par le droite, sur un coach), la bonne position, la tenue des guides et du fouet.
L'équipage entame ensuite un circuit dans Paris comportant une série de tournants à droite et à gauche, plus ou moins aigus, montées et descentes, comportant des difficultés comme; le tour de la fontaine Saint Dominique, la rue du sabot, la rue des Anglais, les 7 coins, le tournant de la belle mère au bois de Boulogne,...
Le reculer
Venant du pont de l'Alma, on entre à droite (ou à gauche), dans la rue St Dominique, on fait le tour de la fontaine pour reprendre la saint dominique. On prend ensuite la rue du four en entrant par la rue du dragon, puis première rue à gauche: rue du sabot, forte descente, on se dirige vers la rue des anglais par la rue donat (Angle trés aigü)
Prés de l'Arc de Triomphe, se trouve le tournant de la belle mère; on descend l'avenue de Mac Mahon, on traverse la rue de Tilsitt(forte descente) pour prendre la première à gauche: la rue Montenotte (angle aigu) puis la rue de l'arc de triomphe (forte descente). On monte ensuite l'avenue Carnot en prenant le galop! Puis avenue du bois de Boulogne, deuxième à droite, pour aller passer les 7 coins (tournants à Angle aigu)
Au cours de la leçon, on apprenait comment dépasser une voiture, comment entrer dans une cour et ressortir par la porte cochère,comment faire retraite et demi tour, se ranger au bord du trottoir, actionner la mécanique...
Beau programme! non?
Photos de l'exemplaire appartenant au baron Albert Moyersoen.
Dédicace à l'un de ses élèves
Texte:Henri Baup.
Notes biographiques sur la famille Howlett.
Le Cheval dans le sang par Alan Howlett.
Edwin Howlett (1835-1914)
Il fut connu et apprécié pour sa grande habileté à mener ainsi que pour son enseignement doux et précis. Sa passion et son savoir, il les transmit à d'innombrables élèves, mais aussi à ses cinq fils, et parmi eux, Morris et Albert.
Edwin Howlett devant son écurie, 24, rue des Belles Feuilles Paris XVI°
Morris Howlett (1873-1939)
Il débuta sa carrière de coachman auprés de son père, au 24 rue des belles feuilles(Paris XVI°). Avec le coach MAGNET, construit par le carrossier Guiet, il mena, plusieurs années durant, des touristes visiter le chateau de Versailles. Le coach quittait Paris à 10h45, tous les jours sauf le Dimanche, et il en revenait à 18 heures. A la fin du XIX° siècle, Morris partit s'installer aux états unis. En 1901 avec James Hyde et Alfred Vanderbilt, il accomplira un exploit: avec un coach Millon et Guiet, attelé à quatre et 72 chevaux se relayant, les trois hommes effectuèrent le trajet New York-Philadelphie et retour soit 360 kilimètres, en 19 heures et 35 minutes, soit à la moyenne de 18,63 kilimètres à l'heure! En Mars Morris releva un autre défi: les rues de New york étaient trés encombrées et les coachmen affirmaient qu'il n'était plus possible d'atteler six chevaux en ville. Non seulement Morris prouva le contraire, mais pour pimenter le défi, il demanda à un passager de choisir 6 chevaux au hasard parmi ceux de son écurie...Il obtint une autorisation spéciale pour traverser Central Park, et la promenade dura 2 heures et se déroula sans incident dans une circulation démentielle.
Albert Howlett (1843-1873)
Formé à la même école et tout aussi passionné que son frère Edwin, Albert fut écuyer au service de l'empereur de Russie Alexandre II.
Paul Albert "Papa" Howlett (1868-1943)
Fils d'Albert, il fut un Whip de renommée mondiale, les plus grands noms de France furent ses élèves au manège de la rue Saint Didier à Paris, puis rue de la ferme à Neuilly. Cette écurie crée en 1919 compta jusqu'à cent chevaux, elle fut reprise par son fils Albert.
Albert Howlett (1894-1974)
Il eut lui aussi le goût des beaux attelages et des harnais bien entretenus. Avec son coach, il participait chaque année à la journée des drags sur le champ de course d'Auteuil. Avec l'essor de l'automobile, la famille Howlett cessa d'atteler dans les années 50, pour se concacrer à l'enseignement de l'équitation et aux chevaux de selle. Des centaines de chevaux et des milliers de cavaliers furent formés par Eileen et Eric, les enfants d'Albert. En 1965, Albert se rapprocha de son frère William James "Jim" (1866-1940) qui dirigeait le manège de la rue de Tourville à Saint Germain en Laye.
Il fit construire un "palace" pour chevaux au Mesnil le Roi. Adossé à la forêt, cet établissement hébergeait en permanence cent trente chevaux... Le flambeau fut repris pat Laetitia et Alan qui dirigèrent leurs écuries, à Montfort Lamaury de 1981 à 2001. A ce jour, il n'y a plus de manège Howlett, mais, ne soyez pas surpris si, lors d'un concours, vous rencontrez un membre de la famille car, le cheval est dans leur sang et l'harmonie d'un bel équipage leur procure toujours le même bien être