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Par figoli
La presse
Leurs doigts d’aciers qui nouent la ficelle avec la dextérité d’une main rendent hommage aux génies de la mécanique qui conçoivent les outils agricoles.
Une merveille, un travail de fée.
C’était un bonheur de l’entendre ahaner au côté du vieux Mac Cormick,
rouge de fatigue, et de la voir avaler à grandes lampées les andains de
foin que l’on guidait à la fourche vers sa bouche aux dents de guinguois.
De marcher derrière elle sous le soleil, dégoulinante de sueur, les
cheveux relevés et arrimés de quelques épis de blé, afin d’aligner les bottes de basse densité qu’elle excrétait poussivement.
La presse est en passe de disparaître.
Complexe, fragile, elle tombe en panne souvent.
Les pièces se font rares, et rares, ceux qui se donnent la peine de
réparer.
Faire les foins à la presse, c’était aussi… défier la pesanteur en
montant les bottes à la fourche sur le char, et l’équilibre, en les rangeant dessus.
Retourner à la ferme, les balancer sur le monte-bottes, quand il
voulait démarrer, les grimper et les ranger au “ fouano “ sous les toits, en croisant les
rangées après les avoir aspergées de gros sel, chaque fois, afin que l’herbe ne fermente et ne chauffe pas.
Puis, ivre de fatigue et saoulée de l’odeur enivrante de la coumarine,
redescendre au pré jusqu’à la nuit, recommencer, en priant pour qu‘il ne pleuve pas.
C’était bon. C’était interminable et épuisant, mais on n’était jamais seuls, toujours au moins deux ou trois. C’était intense, enfin… j’aimais ça.
Seul à présent dans sa cabine sophistiquée, l’agriculteur ratisse la
plaine à grandes enjambées, avec, à la prise de force, un roundballer qui
crible le paysage de ces énormes “ roules “ qui peut-être auraient inspiré
Monet…
Le paysan des temps modernes fait sa récolte seul.
Il n’a pas grand monde pour l’aider, il ne pourrait sans doute pas
payer…
Et la presse pourrit dans un coin.
La petite botte, propre, facile à ranger, pratique à emporter, à
diviser, à doser, en deux, ou en quatre pour les chevaux, devient difficile à
trouver.
L’agriculteur en fait encore un peu pour ses fidèles.
Puis un jour, la presse, qui n’a pas la chance d’être belle et d’espérer, comme un râteau faneur, égayer un carré de pelouse, sera versée à la ferraille avec tous nos regrets.
Texte: Julie Wasselin
Quelle meilleure façon, pour passer de 2009 à 2010, que de "déguster" un article de Julie Wasselin.
J'en connais plusieurs qui vont être étonnés de ne plus se retrouver dans ses propos.
Ne vous inquiétez pas équidés de toutes natures, elle ne vous oublie pas.
Le blog de figoli vous propose d'illustrer la nostalgie de ce texte par ces quelques images.
et en action s'il vous plait
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