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Par figoli
Le 27 août 1902, 59 concurrents s’élancent, à cheval, de Bruxelles pour Ostende, soit 135 km. Il pleut, les routes sont des torrents de boue sur les côtés, au milieu, le pavé est glissant. Ici, des cavaliers abandonnent, là des organisateurs arrêtent des chevaux épuisés, l’œil hagard. « Malgré les injections de caféïne et d’éther, les pauvres bêtes refusent d’avancer. L’officier Gibbon fait boire à son cheval une bouteille de champagne et on injecte une forte dose d’éther, de quoi réveiller un mort… Plus loin, des concurrents tirent leurs chevaux par la bride, les frappent à coups de cravache, mais les pauvres bêtes ne peuvent plus avancer » rapporte le journaliste Paul Mégnin dans un article éloquent. Le bilan catastrophique scandalise : plus de 20 chevaux sont morts, autant sont fourbus ou blessés… Par curiosité, des attelages ont suivi de plus ou moins loin le raid. Le raid Berlin-Vienne est aussi une hécatombe…
La Petite Gironde eut alors l’idée, l’année suivante, d’organiser une course de fond de 600 km pour chevaux montés ou attelés.
Le 4 octobre 1903, le Trotting Toulousain lance un raid attelé de 800 km, à raison de 100 km par jour avec pour but des organisateurs d’écarter toutes brutalités et surmenages grâce à des contrôles vétérinaires stricts. « Sommes toutes, ces tentatives sont à encourager. Elles apprennent le cheval à une population qui le produit mais qui ne s’en sert pas encore comme elle le devrait ; ces courses font aussi connaître notre excellent cheval du Midi, trop ignoré… » écrit Comminges. Dans un autre article paru dans l’Express du Midi, il soulignel’importance de ces courses pour l’étude, les modifications et l’amélioration de l’alimentation et la ferrure : « on remarque de moins en moins de chevaux boiteux ou blessés comme ce fut encore le cas pour la majorité des chevaux du Paris-Trouville. » Al’issue de la 8e et dernière étape, de 104 km, de Toulouse à Montauban par Grisolles et retour à Toulouse, le classement final donne 1er l’attelage de Crick mené par M.Carthe, avec 56 h 46 mn, bien que le cheval soit déclaré fatigué ; 2eCoquette, en assez bon état, 56 h 55mn ; 3eFrivole, dans un état médiocre ; 4eMa Pensée, en bon état ; 5eJunior en très bon état. Les autres chevaux Rétive, Dora, Mignon et Sarah ne sont pas classés mais terminent en bon état.
4 attelages classés du raid de 820 km organisé par la Société Hippique de Toulouse, le "Trotting Toulousain"
En septembre 1904, Bagnères-de-Bigorre organise à son tour une grande épreuve de fond pour chevaux attelés, sur 5 journées de 60 km chacune. La victoire est revenue à Coquette qui parcourt les 312 km en 14 h 53 mn 50 s, soit une moyenne de 20 km/h, un beau record…
Le 9 octobre 1904, c’est un Bordeaux-Paris qui est organisé sur 736 km pour 55 concurrents dont 43 attelages de pur sang anglo-arabe, demi sang, origine inconnue ou landaise, ou bretonne, ou américaine, du Gers, de Tarbes, âgés de 4 à 18 ans… Des contrôles avec infirmerie et maréchalerie vétérinaires y sont nombreux : les concurrents doivent y faire viser leur carnet de route et signer la feuille de contrôle.L’importante pharmacie vétérinaire Méré suit le convoi. Les chevaux sont pesés à chaque étape. Pour éviter toute substitution, chaque cheval est formellement identifié par plusieurs photos et mesures. De nombreux commissaires suivent à vélo ou en voiture. 47 chevaux sont à l’arrivée, « tous, dans un excellent état de fraîcheur » notent avec satisfaction les experts :Anatole, cheval de 6 ans produit d’une jument du Gers et d’un cheval de pur-sang anglais, est 1er de la section attelée avec un temps final de 50 h 40 mn 15 s et une moyenne de 14,680km/h. Médocain, hongre de 10 ans d’origine inconnue, arrive 19e au classement final avec 75 h 19 mn 11 s alors que, pour la section montée, Raketamanque, jument irlandaise de 8 ans, arrive 3e sur 12 en 82 h 9 mn, le 1er étant Alphonsine, présumée demi sang du pays de Corlay, jument de 9 ans, arrivée en 60 h 9 mn 51 s.
Le vainqueur dans la nuit profonde suivi d'un chronométreur en voiture sur le plateau de Toussus à 4 h 1/2 du matin !
Cette même année, La Presse lance une course de fiacres.
En novembre 1905, l’Intransigeant lance la sienne, dans le brouillard et la neigetombée de la nuit : 53 inscrits s’élancent sur le parcours Neuilly, la côte de Saint-Cloud, la descente de Fausses-Reposes, Versailles, Saint-Germain, Courbevoie. A l’unanimité on salua le professionnalisme et l’attention des cochers de fiacre habitués à travailler dur tout en ménageant leurs chevaux, les soins, les encouragements et même les caresses contre toute coutume, il faut bien l’avouer ! On ne releva aucune brutalité… Ce fut en 1 h 48 mn 44 s que le cocher Jonquard et sa jument normande ½ sang de 8 ans, Red Star, parcoururent les 46 km et se classèrent 1er hors concours (car Valentin, le patron, était organisateur), le titre de vainqueur revenant officiellement à M. Very et sa jument Nini,(âgée de 6 ans) de la Compagnie Parisienne ; une minute plus tard, le 2e arrivé fut Labbé et le 3e, arrivé à 40 mn du premier, Maillet.
Texte de :
Rosine Lagier
Sources : ma bibliothèque, mes collectionfamiliales et mon livre « Il y a un siècle, le cheval » édition 2014.
Note de Figoli:
Vous trouverez également sur attelage patrimoine. com un article décrivant l'horreur de certains de ces raids attelés:
Le raid du finistère ... ou la course de la mort
Nous publierons la semaine prochaine un texte trés particulier, qui, vous fera revivre les courses de fiacres et retrouver la cèlèbre faconde des cochers parisiens. Il s'agit de la description de sa course par le vainqueur de l'épreuve.
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