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Par figoli
J’aime beaucoup ce que vous faites…
Pour Hans
Lors d’un concours de tradition, sous les frondaisons d’un parc à l’anglaise, non loin d’une demeure où Louis XIII est passé, c’est l’heure où s’ouvrent les précieuses panières en osier capitonnées de satin, emplies de porcelaines décorées de voitures attelées finement peintes à la main, de flutes de cristal et de couverts en argent fréquemment armoriés.
On a déployé des nappes en dentelle, des tables et des fauteuils en acajou, ouvert aussi quelques ombrelles pour fleurir les capelines, les melons et les canotiers.
On fait sauter des bouchons de champagne.
Une trompe de chasse et un clairon se répondent au loin.
Un brin de nostalgie noie le regard de vieux enfants qui se mordent la lèvre discrètement. Pendant une courte journée se reconstituent les fastes d’antan. Pour cela on a restauré une voiture dans les règles de l’art, on l’a surtout sauvée d’un monde où elle n’a plus raison d’être. On a fait œuvre utile, on se congratule,on se félicite, puis tout de même, on a sauvé quelques chevaux.
Au paddock, pendant ce temps, la groomette s’active. Il fait chaud et le routier[1] a laissé la trace des harnais sur les crins.Après les avoir pansés, notre femme de cheval est accroupie, occupée à graisser leurs pieds, quand soudain une voix lui demande si elle est bien madame Y ?
- Oui ? Oui c’est moi…
Elle lâche alors son pinceau, s’essuie les mains, se relève et découvre un personnage qui est manifestement ravi de la voir.
- Ach, prima ! Je vous cherchais…
Il se présente. Si elle ne le connaît pas de visu, l’homme est célèbre pour avoir conçu le plus beau des sites européens consacrés au patrimoine de l’attelage. Une mine de savoir et la simplicité des êtres intelligents.
Puis c’est l’ami d’un ami…
Faute de grives on mange des merles et pour cette femme qui aborde le troisième âge, groomer est tout ce qu’il reste d’une vie passée en compétition ou dans les tribunes auprès des chevaux. On sait qu’elle les connaît, qu’elle peut les mener, qu’elle est pointue sur les règlements, qu’elle est capable de conduire un camion et de manier un chrono… c’est pourquoi on la sollicite, et la raison pour laquelle elle accepte encore de jouer les utilités. Ceux qui sont là n’ont pas son palmarès mais ils préfèrent l’ignorer…
Elle ? Elle la joue sobre, car ce qu’elle veut, même si elle sait que ça ne durera plus guère à présent, c’est être de temps à autre auprès des chevaux et frôler encore un peu ses rêves du bout des doigts.
Alors, ignorant les « happy few » attablés à quatre pas, après leur avoir demandé où la trouver, c’est à elle que le personnage s’intéresse :
- Ach, je passais dans la région et je me suis arrêté parce qu’on m’avait dit que vous seriez là. Je suis ravi de vous rencontrer… j’aime beaucoup ce que vous écrivez sur les chevaux… me permettrez-vous d’en parler ?
Comme quoi la reconnaissance n’est pas toujours là où l’on croit qu’elle sera…
Julie Wasselin
[1]Epreuve chronométrée d’une quinzaine de kilomètres dans la campagne, qui s’achève par le franchissement de cinq difficultés.
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