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Par figoli
« Attelées ! »
par Etienne Petitclerc.
342 pages, 500 illustrations détaillant une centaine d’attelages choisis pour être typiques d’une région ou d’une activité.
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Galerie de portraits
Trop longtemps négligé par les historiens et par beaucoup de conservateurs de musées, le patrimoine hippomobile français, témoin des besoins, des goûts et des savoir-faire d’une époque, vit un paradoxe : sa richesse et son prestige passé n’ont d’égal que sa méconnaissance et sa fragilité.
Regretter d’innombrables et irrémédiables pertes ne changera rien à la situation. Regardons l’avenir : une partie essentielle de notre patrimoine national reste menacée de disparition.
Ces dernières années, plusieurs communications ont heureusement permis de rendre plus concrète la notion de patrimoine hippomobile, d’en jalonner l’histoire, d’en reconnaître la valeur, d’en livrer un état, mais ces travaux ont privilégié des productions haut de gamme.
L’excellence française dans l’art de fabriquer les voitures justifie pleinement ce choix ; la carrosserie a constitué l’un des secteurs les plus éminents, les plus actifs et les plus lucratifs des arts industriels français entre 1850 et 1914.
Mais un pan considérable du patrimoine hippomobile a sombré dans les limbes : l’attelage dit utilitaire, c’est-à-dire l’attelage agricole, industriel, de roulage, de commerce.
Portrait d’un roulier dans la Loire. Les chevaux de devant (devancier et chevillier) portent des colliers typiquement méridionaux tandis que le limonier porte un collier « à planches » couvert de sa housse. Une tradition qu’on retrouve du Dauphiné au Languedoc, et dans le Roussillon.
Un postulat erroné a longtemps scellé le sort des véhicules et des harnais de travail : du fait de leur grand nombre, on en a cru la source intarissable. Pourtant, très peu de ces objets, encombrants et peu maniables, difficiles à valoriser, sont en réalité entrés dans les musées. Combien ont été abandonnés « aux quatre vents » jusqu’à leur complet délabrement, quand ils n’ont pas été disloqués ou brûlés ? Aujourd’hui encore, combien servent à décorer les ronds-points, combien d’autres font office d’enseignes (y compris de musées) ?… Tous sont condamnés à une disparition rapide.
La sauvegarde, aussi primordiale soit-elle, ne saurait toutefois se concevoir comme une fin unique. Isolés et anonymes, les objets perdent leur sens or, on sait bien, en matière de patrimoine, que méconnaissance est synonyme de fragilité. Pour les matériels que la bienveillance d’un collectionneur a épargnés, se pose maintenant un problème de documentation. Un attelage utilitaire est toujours l’expression pertinente d’une activité (agricole, industrielle, commerciale), dans un environnement précis (à la fois géographique, technique et culturel).
Plusieurs grandes enquêtes ethnographiques ont permis, dès 1937, de baliser ce vaste sujet mais faute d’un relais que jamais les historiens, les ethnographes, les géographes n’ont voulu saisir, aucun inventaire analytique des transports vernaculaires n’a jamais vu le jour. Il est sans doute déjà trop tard pour l’envisager. Cependant, malgré l’extrême fragmentation des informations et leur grande dispersion, les sources existent encore, et aussi marginales soient-elles dans l’historiographie du cheval, elles s’avèrent aussi riches qu’anciennes (on possède des documents sur les voitures agricoles du XVIIIème siècle).
La collecte de témoignages directs est un exercice aujourd’hui bien improbable : artisans et utilisateurs quotidiens de la traction animale ont disparu, emportant des savoirs et des gestes qu’aucune source ne saurait désormais complètement restituer.
C’est donc au prisme d’une laborieuse compilation de documents d’archives (photographies, catalogues, plans, publicités) confrontée à l’étude des objets et des matériels qui nous sont parvenus que perdure la mémoire de l’attelage utilitaire.
Ne m’en voulez pas si je me suis affranchi de bien des codes en faisant cet ouvrage : j’ai écrit le livre que j’aurais voulu feuilleter étant petit !
A l’époque, alors que mes camarades demandaient à leurs parents d’aller au stade, je demandais aux miens de m’emmener voir les concours d’élevage de « chevaux lourds » et les fêtes des moissons à l’ancienne !!! « Regardez bien, ce sont les derniers chevaux de trait, bientôt il n’y en aura plus. C’est du passé tout ça !» entendait-on.
J’étais fasciné par les grandes juments grises suivies de leur progéniture ébène et par le ballet des attelages, encore en ce temps, menés par des mains expertes. Je redevenais le petit garçon assis, quelques années plus tôt, des heures durant sur le bord d’un champ, hypnotisé par les allers-retours d’un laboureur d’un autre temps. L’homme entre les mancherons était mon grand-père, un grand charretier.
J’étais aussi un extraterrestre dans le club où je montais, préférant de loin les pansages (quand il y en avait !) d’avant et après reprises, refusant obstinément les sacro-saints concours de saut d’obstacles ! Puis vint LA DELIVRANCE ! La rencontre - et la confiance – de « vieux » éleveurs-utilisateurs de chevaux de trait, de collectionneurs, passionnés d’attelage de tradition (on disait encore « de prestige » à la fin des années 1980)… Et puis, à une vitesse vertigineuse, les choses se sont enchaînées : « Mondial Percheron 1989 », l’aventure « Traits de Génie », la Route du Poisson, des festivals d’attelages inoubliables en France et ailleurs, Achenbach, les grandes guides, le débardage, les travaux agricoles, les poulinages, les Salons, les articles dans les magazines… et combien de belles rencontres !
Presque 45 ans… J’ai amassé des documents, des images, des témoignages. Cet ouvrage en est la restitution. Puissiez-vous prendre autant de plaisir à le consulter que j’en ai eu à le composer.
Etienne Petitclerc
Voici quelques autres exemples des 500 iconographies présentes dans cet ouvrage
Plan d’atelier au 1/10ème, sur calque, pour la construction d’un tombereau « type du nord, à 2 chevaux » publié par le Moniteur de la Maréchalerie et du Charronnage (revue professionnelle) en 1913.
Fardier pour le transport des pierres de taille à Paris vers 1905-1910. A noter le système complexe d’attelage « en double cheville » typique du gros camionnage parisien.
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