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Par figoli
La pratique de l’attelage ne va pas sans
quelques inconvénients
Sous ses airs plutôt cool, l’attelage est dangereux, on ne le répètera jamais assez.
Mais tant qu’on n’a pas assisté à un crash, ou qu’on n’a pas eu soi-même une belle frayeur, personne n’y croit : c’est plan-plan.
C’est un sport... mais est-ce un sport d’ailleurs ? Plutôt un avant-goût du fauteuil roulant, puis c’est le cheval qui travaille, non ?
Un passe-temps pour papys.
Parmi les cavaliers on entend souvent dire avec un rien de condescendance :
- Oh, je ferai ça plus tard, quand je ne pourrai plus monter.
- C’est facile, il n’y a même pas besoin de savoir monter.
Voire...
L’attelage requiert infiniment plus de finesse que la monte, car sans les jambes et sans l’assiette, le meneur est passablement démuni.
Ou comment ne voir que la partie émergée de l’iceberg.
En compétition, à force de chercher la limite, un renversement ou un démarrage intempestif ne sont pas à exclure. Mais en balade aussi, la situation peut dégénérer.
Il suffit d’une fraction de seconde.
Un chauffeur qui vous frôle ou qui vous klaxonne, par exemple, persuadé que la compagnie d’un cheval rend sourd, un chien qui vous déboule dans les roues, un élément de la mécanique ou du harnais qui casse, sans compter ce que le cheval entend qui pourrait l’inquiéter... et que vous n’entendez pas. Puis, vos fautes de mains qui finissent un jour par le mettre en colère... entre autres.
Bien heureux dans ce cas, ceux qui sont éjectés sans dégâts, ceux qui ne subissent pas le supplice de la roue et ceux qui ne restent pas à la remorque, emberlificotés dans les guides.Bienheureux ceux qui viennent en sens inverse, en voiture ou à pied, et qui ne se ramassent pas cet attelage mortifère emporté au hasard, parce qu’il n’y a plus de pilote à bord.
Parfois les inconvénients sont cocasses et j’en finirai en évoquant l’un de mes souvenirs.
J’avais près de chez moi, du temps où je « tournais » en compétition, l’accès à quelques vieux obstacles de la Coupe Alpes-Danube à Cluny. Faute d’un équipier disponible et corvéable à merci, je m’entraînais presque toujours seule. Ce n’est pas recommandé, je sais... mais on ne fait pas toujours ce que l’on veut, ou alors on ne fait rien.
Bref.
Lestée de trois bidons de vingt litres d’eau sur le marchepied afin de maintenir un tant soit peu le train arrière de mon bolide au sol, comme j’attaquais une pente à fond les ballons, ma jument qui, ce jour-là, était en chaleur et d’humeur chatouilleuse, pila net et, croupionnant, couinant et fouaillant de la queue, me pissa droit dans les yeux.
Quand on s’assoit derrière une jument, c’est un risque à courir.
On s’en remet.
Menant façon marathon, les pieds calés à la base et aux extrémités du pare-crotte, j’encaissai le choc de cet arrêt inopiné dans les jambes et ressentis une vive douleur dans la hanche droite. Je terminai mon travail calmement, remballai, ramenai jument, remorque et camion à la maison et... pris une douche.
Je boitais sérieusement.
Comme d’habitude, j’étais persuadée que ça se passerait tout seul. Mais, incapable d’enfiler ne serait-ce qu’un slip sans d’horribles douleurs, dès le lendemain, je me procurai une ceinture dorsale qui m’apporta un soulagement moral.
Direction ce toubib chiropracteur qui a toujours su me remettre en état, qui ne s’étonne plus de rien quand il me voit arriver et qui, à force de m’entendre parler cheval, envisage d’en acheter un pour atteler...
- Vous viendrez m’aider ?
De la même façon qu’on désosse la cuisse d’un lapin, je m’étais déboité la hanche.
- Mettez-vous à quatre pattes, je vais vous remettre ça, et... désolé, mais je vais vous faire mal. Si vous continuez comme ça, faudra laisser votre squelette à la science, hein ?
Aussi délicatement qu’on claque une porte sur un mouvement de colère, il me remit la hanche baladeuse en place.
- Aïe !
Tout va bien depuis, merci, d’autant que la jument ne s’est plus jamais permis aucune fantaisie.
Ne croyez pas que je me sois éloignée du sujet.
L’attelage est indéniablement la discipline équestre la plus dangereuse, la plus coûteuse et la plus difficile, oui, mais c’est aussi la plus belle et la plus exaltante.
Elle a surtout des à-côtés qui vous entraînent loin des sentiers battus quand, au fil des concours, vous vous retrouvez au volant d’un dix-neuf tonnes que vous ne savez pas conduire... ou avec un chalumeau oxyacétylénique à la main — là aussi, vos compétences sont limitées, mais ça vous a intéressée —, ou bien encore enseignant le menage à un toubib que l’état de votre squelette n’a pas découragé... mais là vous avez quelques idées sur le sujet.
Julie Wasselin
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