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Malle- postes portugaises ;
originaux et maquettes de José Brito.
1° partie:
Histoire des services de malle-poste au Portugal
Il est assez exceptionnel pour un maquettiste de voir sa reproduction présentée, aux côtés de l'original, dans un musée de réputation mondiale. La qualité et la précision de la maquette de la malle-poste n°7 justifie l'honneur qui a été fait à son constructeur , José Brito, par le Musée des carrosses de Lisbonne, en y exposant son oeuvre.
Vous retrouvez dans cette maquette l'extrême qualité de réalisation que vous avez déjà remarqué dans les articles:
Coche attribué à Philippes II d'Espagne: Original et maquette de José Brito.
Les carrosses modernes: Originaux et maquettes de José Brito.
Mais cette maquette est d'autant plus intéressante qu'elle fait partie d'un ensemble de trois diligences de malle-postes portugaises copiées de celle ayant circulé, vers les années 1850-1860, sur la route reliant Lisbonne à Porto.
La diversité des modèles originaux de ces trois maquettes est assez étonnante; une de facture française, l'autre anglaise et la troisième belge. De plus, il faut savoir que cette ligne de malle-poste a été mise en place très tardivement, entre 1854 et 1861, alors même que les diligences, supplantées par les chemins de fer, disparaissent progressivement du paysage des autres pays européens.
Pour comprendre ces spécificités, nous allons, avant toute description des voitures et de leurs maquettes, relater le fonctionnement et l'histoire des malle-postes au Portugal.
Cet article se composera donc de deux parties:
1°Histoire et fonctionnement des différentes lignes de malle-poste au Portugal.
2° Présentation des voitures encore conservées et de leurs maquettes.
1° Histoire et fonctionnement des différentes lignes de malle-poste au Portugal.
Dans le Portugal du XII° siècle, comme dans d’autres pays européens, les universités et ordres religieux mettent en place un service postal rudimentaire, sporadique et complètement privé. Chaque ordre ou université a un réseau de messagers qui lui permet de faire circuler le courrier. En 1520, le roi Emanuel II décide d'unifier le transport du courrier. Il crée un service public de transport du courrier « Correo publico » ainsi que la charge de maître de poste « correios mores ». Ce mode de fonctionnement par charge est assuré en continu jusqu’en 1797.
L’état du réseau routier ne permettra, pendant de longues années, que le transport du courrier par cavaliers ou muletiers.
Les particuliers, eux mêmes, utilisent, le plus couramment, que chevaux et litières pour leurs propres déplacements.
Le peu d’investissement dans l’infrastructure routière peut s’expliquer, entre autres raisons (comme les guerres et l’instabilité politique), par l’existence d’un cabotage maritime, assurant le transport des marchandises et des passagers entre les différentes villes de la côte. L’approvisionnement des régions intérieures est, en grande partie, assuré par l’utilisation des voies fluviales.
Ce n’est seulement que vers la fin du XVIII°, que l’on a vraiment envisagé la possibilité d’unir Porto à Lisbonne par une route de qualité, construite selon les techniques les plus modernes. Les études et travaux, commencés en 1787 sous la houlette du conseiller Diogo de Mascarenhas (qui deviendra surintendant des routes puis de la poste), prendront quatre ans.
Cependant, seule la partie reliant Lisbonne à Coimbra sera réalisée et il faudra attendre la deuxième moitié du XIX° siècle pour que la seconde portion, reliant Porto à Coimbra, soit terminée. Malgré cette première avancée, l’instabilité politique de la première partie du XIX° siècle entrave la mise en place, au Portugal, d’un réseau routier cohérent.
Du fait de cette faiblesse de l’infrastructure routière, la mise en place d’un service de transport de courrier et de passagers sera assez chaotique.
Cette aventure de la malle-poste commence, en 1798, par la mise en place d’une ligne reliant Lisbonne à Coimbra. L’activité de ce premier itinéraire sera de courte durée puisque ce service s’arrête, en 1804, pour des raisons économiques et politiques.
Les effets de la révolution française entraînent le pays dans la « guerre péninsulaire » dont les conséquences politiques perturbent le fonctionnement administratif du Portugal pendant de longues années (vous trouverez un bref historique des principaux éléments de cette instabilité en fin d’article). Malgré deux essais d’implantation de lignes; 1826-1827 (Vila Nova da Rainha/Caldas da Rainha) et 1830-1831 (Gallega/Badajos), il faut attendre 1852 pour que la malle-poste s’affirme comme un service de transport efficace.
Voici une présentation plus détaillée de ces trois périodes où des lignes de diligences, transportant également le courrier, fonctionnent au Portugal.
La première expérience de malle poste 1797/1805.
Comme nous l’avons vu précédemment, l’exploitation du transport du courrier, entre 1520 et 1797, est assurée par des personnes ayant la charge de maître de poste.
Le décret du 18 janvier 1797, en confiant à l’état la gestion du service postal, introduit un profond changement dans l’organisation du transport du courrier.
L'un de ses effets est la décision de créer une première ligne de diligence postale entre Lisbonne et Porto. Différentes contraintes limitent son exploitation à la portion Lisbonne-Coimbra.
Dans son organisation, ce service s’inspire de l’expérience des autres pays européens. Il démarre son activité le 17 septembre 1798. Une méticuleuse administration veille au bon fonctionnement de cette première liaison.
Sa gestion est assurée par le surintendant des routes et des postes ayant sous ses ordres un fonctionnaire responsable pour chaque tête de ligne; Lisbonne et Coimbra. Ils assurent le fonctionnement quotidien de la malle-poste (organisation matérielle, comptable et administrative, gestion du transport du courrier, ..). Les personnels sous leur ordres pèsent les bagages des voyageurs et confient les sacs de courrier au cocher, une heure avant le départ. Les diligences,partent simultanément de Lisbonne et Coimbra, les lundis mercredis et vendredis.
Le surintendant, quant à lui, inspecte régulièrement les relais de poste, contrôlant l’état des diligences, la qualité des foins, la quantité et l’état des chevaux,…
Ces relais, qui jalonnent l’itinéraire, sont marqués aux armes royales et disposent de deux corps de bâtiments séparés par une cour intérieure où on stationne la diligence. En plus des écuries, le lieu est organisé pour l’accueil des voyageurs ; huit chambres, une cuisine, une salle à manger. La recherche d' un accueil de qualité au niveau des chambres et de l'alimentation amène l'administration à établir un règlement intérieur très strict allant jusqu’à spécifier le menu des repas servis aux huit passagers de la diligence. Voici un exemple de menu :
Pour les jours de viande :
« Trois poules au pot bien assaisonnées, avec du jambon fumé, du riz, un bon plat au four, un d’herbes, de salade, des fruits, du fromage, du pain et une demi bouteille de vin par personne »
Pour les jours de poisson :
« deux plats divers de poisson, et un plat d’œufs, un plat assaisonné, herbes, salade, des fruits, du vin et du pain »
Les repas se prennent autour d’une grande table ronde avec, là aussi, des règles bien établies. Ainsi les domestiques des voyageurs doivent manger après leurs « maîtres ».
De septembre à mi-juin, les voitures circulent de 5 h à 21 h sauf pendant la chaude période estivale, où le voyage se fait de nuit. Les 200 km de route entre Lisbonne et Coimbra sont couverts en environ 40 heures.
Malgré son excellente organisation, le service de la malle-poste n’arrive pas à capter une clientèle habituée à joindre Porto à Lisbonne par la voie maritime. Seuls, les étudiants et quelques hommes d'affaires utilisent le transport terrestre.
Suite à un fort déficit, l'itinéraire Lisbonne/Coimbra est abandonné en 1804, mettant, ainsi, fin à cette première expérimentation. Il faut attendre la révolution de 1820 pour que de nouvelles tentatives soient menées. L'état, toujours aussi lamentable des routes, fait rapidement avorter ces deux nouvelles lignes.
Les deux tentatives avortées de 1826 et 1830.
1826-1827 : LigneVila Nova da Rainha/Caldas da Rainha
La "Caldas da Rainha" est une station thermale renommée du début du XIX° siècle, fréquentée par la haute aristocratie portugaise et lieu de villégiature de la famille royale. Un anglais, résident de la station, a l’idée d’organiser une ligne de transport empruntant le bateau de Lisbonne à Nova da Rainha puis la diligence jusqu’à "Caldas da Rainha". Le roi D. Joäo VI accorde la charge de cet itinéraire à l’anglais initiateur du projet, John Doyle. Par manque de clientèle, la ligne mise en service en juin s’arrête en septembre avant de reprendre quelques mois en 1827 jusqu'à sa fermeture définitive.
1830-1831 : Ligne Galega/Badajoz.
Le projet de cette ligne est lié à un grand enjeu économique; celui de la liaison de Lisbonne à Madrid, donc à l'ensemble de l'Europe. L'itinéraire choisi permet de relier Lisbonne à Badajoz située à la frontière espagnole.
Suite à la mise en place par l’Espagne d’une connexion entre Madrid et la ville de Bardajoz, l’entreprise « Francisco Paula Gomes Rollo § Cla » obtient la charge d’assurer la liaison Galega-Badajoz. La ligne ouvre le 9 juin 1830 avec deux voyages hebdomadaires les lundis et vendredis. En comptant les opérations douanières, les près de 150 Km sont parcourus en 36-38 heures. Cela amène Madrid à 6 jours de Lisbonne (le court trajet Lisbonne-Galéga se faisant en bateau). Malgré l’aide de l’état, les résultats d’exploitation sont négatifs et l’activité est suspendue en février 1831.
Il faudra attendre plus de 20 ans pour que s’établisse un réseau permanent de diligence assurant le transport du courrier et de passagers.
Mise en place d’un service de malle-poste 1852-1871
Aprés 1847, la stabilité politique entraine une réelle volonté de remise à niveau du réseau routier. La remise en état des routes existantes avec les procédés modernes de type « macadam », la construction de nouvelles routes et ponts permettent d’envisager la réouverture des lignes de malle -poste, au début des années 1852-54.*
Trois grands axes sont privilégiés ; Porto/Braga/Guimaraes, Galega/Badajoz et Lisbonne/Porto.
1852-1871 Porto/Guimaraes
Dès 1852, une ligne est mise en place dans une des régions situées entre Douro et Minho, la plus riches du nord du pays tant au niveau de l’agriculture que de l’industrie. La compagnie "Viçao Portuense », après avoir entrepris la construction du réseau routier, se voit attribuer, en exclusivité, l’administration du service de la malle-poste. Le voyage inaugural de la première section de Porto à Braga s'effectue en 1852, puis la ligne est prolongée jusqu’à Guimaraes. Un des premiers utilisateurs de cette diligence est le roi qui avec sa famille profite de sa présence à Porto pour visiter les autres villes du nord du Portugal.
Confronté, en 1871, à la concurrence du train, le service s'interrompt. Seules subsistent quelques diligences reliant les gares aux villages non desservis par le chemin de fer.
1854-1863 Galega/Badajoz.
La mise en place d’une liaison entre Lisbonne et l’Espagne avortée en 1830….reste toujours indispensable pour l’intégration du Portugal dans la dynamique économique de l’Europe. En 1852, devant les exigences de l’entreprise Arthur§Scott de Paris, seule candidate à l’appel d’offre, le gouvernement portugais ajourne le projet. Il faut attendre 1853 pour que le maître de poste français Baptiste Elluin, engagé par la compagnie « Société des postes portugaises », relance cette initiative. Après un an de préparation; installation de le cavalerie, acquisition des voitures, mise en place des relais, la ligne est inaugurée le premier avril 1854. La compagnie remplace rapidement M Elluin par un autre français M Hering, ancien cadre des "Messageries générales de France". Courrier et voyageurs partent en bateau de Lisbonne vers le village de Galéga avant d’être transportés, par la route, jusqu’à Badajoz d’où il prennent la diligence espagnole reliant cette ville à Madrid.
Suite à des dysfonctionnements, liés essentiellement à l’état de la route, la gestion est attribuée, en 1856, à la compagnie « Messagerie de la malle poste » qui, grâce au soutien relationnel de ses administrateurs et à l’attribution de subventions, peut établir un service de qualité. Celui ci s’appuie sur :
-un réseau routier amélioré.
-l’établissement de douze relais,
-un bon rythme des départs,
-une grande qualité et célérité du service; la durée est de 26 h alors qu’en 1831, lors de l’expérimentation précédente, elle était de 36 à 38 heures.
Quelques temps après le démarrage de cette ligne, la liaison Porto-Lisbonne est enfin réalisée. Nous allons nous attarder sur le fonctionnement de cet itinéraire et de ses relais de poste dans la deuxième partie de cet article. Nous complèterons cette présentation par une description des voitures utilisées. Les maquettes de José Brito nous permettront de nous attarder sur chaque détail de ces voitures.
**Rappel événements historiques
Texte:
Patrick Magnaudeix
Documentation:
Fernando Moura /Malle-poste, une nouvelle forme de transport du courrier.
Catálogo da exposição: A Mala-posta 200 anos do final do 1º período - Lisboa-Coimbra 1798/1804, FPC, Lisboa
A passagem de la posta
A mala-posta e diligência
Eléments historiques pris sur Wikipedia.