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Par figoli
Réédition pour des raisons techniques d'un article publié en novembre 2009
De plus en plus de lecteurs nous envoient des articles ou des documents et donnent ainsi vie à ce blog. Dernièrement, une série de photos nous a été envoyée par la collectionneuse américaine Rebecca Morris.
C’est à la vente aux enchères de "Martin auctionner" du 16 octobre 2009, qu’elle a photographié cette voiture rustique, dont la présence aux Etats Unis est assez surprenante (Elle a assurément été ramenée d’Europe mais nous n’avons pour l’instant aucune information sur son histoire.)
Effectivement, ce type de voiture se retrouve plus couramment dans les pays de l’Europe de l’Est. Elle est très proche par son mode de suspension et sa structure en osier des premières voitures suspendues dont nous avons parlé dans l’article Quelques éléments sur l'évolution de la suspension (1) .
Voici une gravure, où l’on peut voir deux voitures de ferme de ce type, qui date de 1560
L’examen de notre exemplaire permet de mieux comprendre comment ces voitures fonctionnaient. Mais il faut être prudent dans les comparaisons, car cette voiture a dû bénéficier de plusieurs influences comme on peut le voir sur la volée à l’aspect très moderne. D’autre part elle a été renforcée par des madriers, sûrement pour la manipuler sans risque pour la suspension.
Une des caractéristiques de la voiture est la légèreté de la caisse dont les côtés sont composés d’osier tressé.
La caisse est posée grâce à des anneaux de fer sur des potences.
Ces potences en bois, de forme incurvée, sont fixées sur l’essieu. Une barre de fer reliée au train de la voiture permet de les rigidifier. Elle sert en même temps de marchepied, et évite également aux roues de toucher la caisse dans les virages
Un autre dispositif, composé de butées latérales s’appuyant sur une traverse fixée au train, limite le balancement.
Voici un autre modèle à parois pleines provenant de la collection de Patrick Kestelot
On classe généralement ce type de véhicule, dans la famille des voitures de ferme, ce qui est, comme nous le verrons, assez réducteur. Ces voitures « régionales », qui ont été utilisées dans les pays de l’Est jusqu’au vingtième siècle, prennent leurs racines dans les steppes.
En effet, les tribus nomades qui s’installèrent dans les Carpates étaient déjà accompagnées de chariots. Ils leur servaient à transporter femmes et enfants mais étaient également utilisés comme outils de défense lors d’attaque des campements. Ce sont les nomades Magyars originaires de l’Oural qui s’installèrent dans les plaines de Hongrie vers 896. Le développement de l’attelage a toujours été lié aux caractéristiques du terrain. Au XI° siècle, les plaines hongroises étaient donc propices au développement de ce type de transport. Les charges lourdes étaient transportées sur des chariots nommés « Szeker » tractés par des bœufs. Il existait également des chariots plus légers tirés par des chevaux. Ils étaient destinés au transport des petites charges et des passagers. Il ne subsiste cependant pas de représentations iconographiques de ces voitures utilisées au XI° siècle. Une voiture plus légère et de finition plus soigneuse, réservée au transport des personnes, se développa au départ dans les villes, puis s’étendit à la campagne. Si chaque région de la plaine des Carpates donne un nom spécifique à ces voitures, il en est un qui marqua à jamais le vocabulaire de l’attelage ; le « Kocsi » ou « Kocs » qui doit faire référence à sa création par un charron de la ville de Koc en Hongrie.
La partie arrière très relevée fait apparaitre l’influence des voitures hollandaises de voyage qui circulaient à l’époque.
Comme nous pouvons le constater dans ces différents modèles, ces caisses n’étaient pas suspendues. Ceci ne veut pas dire qu’elles n’avaient pas de suspension. Ce magnifique modèle, du XIX eme siècle, conservé en Allemagne, est d’un confort étonnant.
En fait, les sièges pouvaient être suspendus par des courroies de cuir, puis ultérieurement, par des suspensions à lame.
C’est vers 1490, qu’apparait en Hongrie un autre véhicule dont la caisse est suspendue. Il est nommé « Hinto szeker » en référence à son balancement caractéristique.
Il pouvait être attelé, comme nous le décriront ultérieurement de différentes façons ; ici en attelage à 4
Nous retrouvons sur toutes ces voitures la suspension caractéristique sur l’essieu précédemment décrite sur les photos.
Lors de l’extension de leur utilisation vers l’Autriche, l’Italie puis toute l’Europe, le nom de "Kocsi" fut donné à ces deux types de voitures hongroises. Ce patronyme de "Kocsi" transformé en coche devint le nom générique de toutes les voitures à suspension. C’est donc sous le nom d’une voiture à caisse fixe « le kocsi » que se développèrent d’autres types de voiture à suspension. Ces coches ou chariots branlants, qui furent au départ de toute l’évolution de la carrosserie Européenne, étaient-ils les descendants directs du « Hinto szeker » ? Je dois avouer mon ignorance. Cette peinture conservée au château de La Manta, au nord de l’Italie, montre que dés 1420, existait une voiture suspendue par chaine de type totalement différent. Les potences ne sont pas fixées sur les essieux mais sur le train, la caisse est suspendue par des chaines. Vous trouverez des informations complémentaires sur le sujet dans l'article: Coches "Les Caisses de vérone".
Cependant la tradition de la construction de voitures sur la base des "Kocsi" et "Hinto szeker" se maintint dans les pays de l’est. Elle se diversifia et concerna tous les types de transports, y compris les services de transport publics.
Ces quelques photos vous donneront un aperçu des différentes voitures créées sur cette base et de leur utilisation.
Nous ne vous quitterons pas bien entendu sans parler des différentes techniques d’attelage, si caractéristiques utilisées sur ces voitures. Les dessins de I Benyovszky vous présenterons mieux que des mots les manières d’atteler les chevaux à un, deux, trois,… en timon ou brancards.
Bien sur, avec le temps, ces voitures incorporèrent des techniques issues de la carrosserie Européenne comme ici avec une suspension à ressorts et un avant train à rond qui remplaça tardivement le montage traditionnel du triangle.
Comme l’exprime cette gravure, ces voitures sont une composante de la culture de la Hongrie et plus globalement des pays de l’est ; Pologne, Roumanie,….
Texte:
Patrick Magnaudeix
Photos :
Rebecca Morris, Patrick Magnaudeix,...
Fond documentaire :
Rebecca Morris, H.B.P, P.M,…
Bibliographie:
"Chars, charrettes, et Charrois" de lLaszlo Tarr
"Alte ungarische" de Ernst Jozsef
"Voitures, chevaux et attelages" sous la direction de D Roche et D Reytier.
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