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Maria-Anne Privat
Les 25 et 26 mai derniers, sous la présidence d’Antoinette de Langlade se sont réunis, comme chaque année désormais, au stade équestre du Grand Parc à Compiègne des meneurs, des chevaux et des voitures, venus du monde entier.
Les épreuves habituelles étaient programmées sur deux jours : la présentation le samedi après-midi au cours de laquelle les attelages sont jugés sur cinq critères, le routier qui s’est déroulé le dimanche matin sans averse au cœur de la forêt de Compiègne sur un parcours d’environ 15 km s’achevant par les cinq passages contrôlés évaluant l’habilité du meneur. Enfin le dimanche après-midi a vu les concurrents affirmer leurs talents sur la piste d’honneur du Grand Parc, dix-huit portes à franchir sans faute avec le meilleur temps.
Cette édition a réuni trente-six participants sur les quarante-trois inscrits, représentant huit nations, dont un attelage chilien et un attelage polonais pour les pays les plus lointains. Sept attelages français ont répondu présents, mais nos amis belges sont venus en force, treize équipages dont deux à quatre chevaux, témoignant du dynamisme de la discipline chez nos voisins. Plusieurs équipages suisses, cinq, dont un à quatre chevaux, ont rappelé la tradition helvétique autant par les véhicules que par les harnais, les costumes portés par les meneurs et l’art de mener. Quant aux attelages espagnols, ils étaient nombreux malgré la distance séparant Compiègne de la péninsule ibérique, trois équipages certes, mais un attelage en Winchester et un autre richement accoutré à quatre chevaux.
2024 marque une nette évolution par rapport à 2023, au cours de laquelle vingt-six équipages avaient contribué à l’excellence de ce concours international, dix de plus se sont présentés cette année ce qui représente une belle performance pour les organisateurs et témoigne du dynamisme d’une équipe placée sous la direction et la bienveillance d’Antoinette et Christian de Langlade qui parviennent à mobiliser une équipe de bénévoles fidèles et motivés assurant à cette compétition toute sa réussite habituelle, et sa bonne humeur. Il n’était en effet pas évident de retrouver à Compiègne l’ambiance champêtre et conviviale de Cuts où toute la population environnante venait admirer chaque année le temps d’un week-end de mai des voitures et des chevaux sublimes venus du monde entier. Certes, nous avons tous en mémoire l’édition de 2016 au cours de laquelle la pluie incessante avait fait du parc du château un champ de boue peu praticable. A Compiègne, rien de tel ne serait possible : d’abord parce que les déesses et les dieux de la météo avaient décidé une parenthèse dans les orages et les averses qui arrosent depuis des mois le pays compiégnois. Le soleil n’a été dérangé que par une courte averse dimanche après-midi, donnant au concours une beauté lumineuse. Ensuite parce que les épreuves de présentation et de maniabilité se sont déroulées sur une piste d’une technicité impressionnante et discrète quant à la densité plus ou moins importante de son revêtement. Une rencontre impromptue avec le directeur du Grand Parc, François Devulder dimanche matin à 8h30 autour d’un café s’est métamorphosée en une conférence fort intéressante sur les équipements ultra modernes dont bénéficie aujourd’hui ce lieu, place arrière des Jeux Olympiques à venir, ce qui lui permet de mars à octobre d’accueillir des compétitions internationales dont le CIAT de Cuts.
Les concurrents se sont installés autour des boxes à l’arrière du Grand Parc, à l’orée de la forêt dans le pur héritage de l’attelage de tradition alliant confort et art de bien vivre. Il était agréable de croiser quelques connaissances notamment de l’AFA, Jacques Dumont, Philippe Lamerant, François Ribeiro, Olivier Bodin ou Luc Pierson, et son président Alain Bahuchet, malheureux de n’avoir pu participer au concours, un de ses chevaux étant souffrant, des fidèles des rallyes compiégnois, Bert Lockefeer et quelques célébrités qui ont fait l’honneur de leur présence discrète à Compiègne, comme Jean-Louis Libourel, conservateur en chef honoraire du patrimoine élégamment vêtu sur l’attelage à quatre chevaux de Paul de Meuter, d’ailleurs vainqueur dans sa catégorie, Martine Tailledet, vice-présidente de la Société des Amis du musée national de la Voiture et Xavier Bailly, administrateur des châteaux de Villers-Cotterêts, Pierrefonds et Coucy-le-Château.
Si la compétition a réuni de nombreuses voitures attelées à un cheval ou en paire, respectivement dix et onze, elle a aussi vu apparaitre un jeune meneur de treize ans, français, originaire de la région de Compiègne, aux guides d’une petite charrette anglaise familiale, attelée à un poney Shetland : Axel de Tourtier, accompagné de son père, est vainqueur dans sa catégorie.
Les attelages à un poney étaient trois à concourir dont celui de José Miguel Guzman Lyon qui avec son poney pur-sang chilien remporte l’épreuve sur un phaéton tabatière de 1890. Meneur et groom étaient vêtus dans la tradition chilienne ouvrant ainsi les horizons du concours.
La catégorie à deux poneys a vu la victoire méritée d’Olivier Bodin et de ses deux français de selle sur un Derby cart de 1900 malgré le talent de ses concurrents. On m’a fait savoir que le meneur avait connu quelques déboires récents avec ses chevaux, le voici réconforté et récompensé de son travail.
Deux équipages français s’affrontaient dans la section cheval de trait ; c’est le cheval breton de l’élégant Léandre Boyer menant un Stanhope gig (1900) qui l’emporte.
L’excellence espagnole s’affirme dans la catégorie à un cheval, Marti Frigola Dobrado arrive en effet en tête aux guide d’un Dog-cart de 1900. Une mention particulière doit être faite pour les femmes, nombreuses et élégantes qui se sont affirmées dans cette catégorie comme d’habiles et talentueuses meneurs : Fiona Fritsche, Lieve Driesen dont la grâce fut particulièrement remarquée et Irma Voorn.
Plusieurs femmes figurent aussi dans la section à deux chevaux, dominée par Léo Lemson menant ses deux arabofrisons et son Governor phaéton de 1880.
Les deux catégories suivantes sont exceptionnelles et ne comprennent qu’un concurrent : l’Espagnol Jacinto Planas Ros attelant un shooting break de 1890 en Winchester et le jeune Urbain Van de Voorde aux guides d’une voiture d’officier menant élégamment en tandem accompagné de son père, d’un groom et de son désormais célèbre chien accompagnant ses maîtres en courant sous la voiture.
L’édition 2024 a accueilli la participation de quatre attelages à quatre chevaux, deux d’origine belge, le grand Roof seat break de 1850 de Paul de Meuter et le Break de chasse de 1890 de Geert de Brauwer, un appartenant au Suisse Edwin Bürge Sutter, un Landau à huit ressorts de 1856 et un remarquable attelage espagnol de José Manuel Borrego Hernandez dont les grelots des riches harnais ont rythmé les passages.
C’est le Belge Paul de Meuter qui se distingue dans cette épreuve.
Le classement général et les coupes spéciales voient le triomphe de l’Espagne : Jacinto Planas Ros et son attelage en Winchester se place premier au classement général avec uniquement cinq points de pénalité, il remporte également la coupe du meilleur attelage de chevaux espagnols et le trophée des Nations avec son compatriote Marti Frigola Dobrado. La coupe du meilleur cheval espagnol est remise à José Manuel Borrego Hernandez.
La remise des prix placée sous la présidence et les commentaires de Christian de Langlade, s’est déroulée en présence du maire de Compiègne et président de l’ARC, partenaires du concours, de la présidente du conseil départemental de l’Oise et d’une élue du conseil régional des Hauts de France, également partenaires, ce qui montre l’importance qu’accordent les collectivités territoriales à l’attelage et à ce concours international en particulier, faisant de Compiègne une capitale de cette discipline. Le château de Compiègne, qui a ouvert l’allée du Fleuriste aux attelages, abrite d’ailleurs une des collections les plus importantes d’Europe de véhicules hippomobiles. L’AFA était aussi présente et a contribué au succès de cette édition par la présence de plusieurs de ses membres aux guides mais aussi par celle de son président, Alain Bahuchet qui a remis la coupe de l'AFA au nom de l’Association au premier du classement général.
Ce fut dont une nouvelle fois une belle édition du CIAT de Cuts à Compiègne qui a retrouvé son atmosphère champêtre, les marchands de friandises et de glaces ayant trouvé leur place parmi les exposants et qui a rencontré son public, les tribunes étaient complètes dimanche après-midi pour la maniabilité.
Compiègne s’affirme ainsi comme un lieu de référence pour le cheval, avec le musée national de la Voiture pour l’histoire et le patrimoine, les grandes écuries du Roi pour l’architecture, les courses, avec l’hippodrome, l’équitation, avec ses nombreux concours autant de dressage que de CSO, endurance et hunter, d’attelage autant de tradition qu’en sportif et en rallye. Les prochains rendez-vous sont le concours d’attelage de la fin du mois d’août au Grand Stade et le rallye de la Route Eugénie début octobre : à vos guides !