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Le landau est une voiture à deux fonds et à deux portières latérales, pouvant accueillir quatre passagers. Popularisé dés la fin du XVIIIe siècle en Angleterre et dans la deuxième partie du XIX° en France, ce véhicule se caractérise par sa capacité à être fermé ou ouvert à volonté, grâce à deux capotes en cuir se rejoignant au-dessus des portières. En d'autres termes, le landau peut être considéré comme une berline décapotable utilisable aussi bien en été qu’en hiver.
En raison du manque de documentation vérifiable, y compris sur l’origine de son nom(1), il est difficile de retracer l’histoire de cette voiture. Je me contenterai donc de répertorier quelques éléments clefs de son parcours historique ainsi que ses différentes évolutions techniques. L’existence de voitures découvrables pouvant être fermée grâce à des soufflets remonte à la fin du XVI° siècle.
Les voitures découvrables
L’utilisation de voitures découvrables est attestée aussi bien dans l’iconographie que dans les textes dés la fin du XVI° siècle. Dans son ouvrage Oeconomia ruralis et domestica, Johaen Coler (1566-1639), écrit qu’il existe à la fin du XVI° siècle " des voitures dont la capote peut être rabattue ou fermée par le haut, permettant au voyageur de promener son regard autour de lui »
Cette gravure de Georg Lang datant de 1593, montrant l'archiduc d'Autriche Ernest utilisant une voiture découvrable, confirme son usage par les voyageurs de haut rang social.
On observe la présence de deux importants soufflets de cuir pouvant se refermer vers le haut. Cependant il est difficile de discerner la structure de la caisse cachée par différents personnages. Cet autre dessin extrait d’un album d' Adriaen van de Venne daté de 1626, représentant la voiture découvrable du duc d’Orange nous permet de mieux visualiser ce type de véhicule. Cette caisse pouvant accueillir six personnes, deux pour chaque fond et deux au milieu assis sur des strapontins, n’a pas de portes. Les ouvertures latérales sont équipées d’une "botte"(2) permettant aux passagers situés au centre de la voiture d’y protéger leurs jambes. On distingue à l'arrière de la cape du cocher la présence d'éléments; soupente et potence, attestant donc de la suspension de la voiture.
Dans ce tableau représentant Joseph 1° revenant à Vienne lors de son second voyage à Landau en 1704, nous découvrons également, en premier plan, une voiture découvrable équipée de "bottes latérales".
L’agrandissement de la voiture permet de visualiser les éléments spécifiques d’une voiture suspendue ; la flèche reliant les deux trains ainsi que les deux soupentes prenant leur départ sous le siège à housse du cocher.
Le plus ancien exemplaire de voiture suspendue à double capote, daté par Jean Louis Libourel des années 1730, est conservé au musée de l’Industrie de Nottingham en Angleterre. Son premier propriétaire était un riche imprimeur nommé John Baskerville. Montée sur un train à flèche droite, cette voiture se distingue de celles des représentations précédentes par l'architecture de sa caisse et le remplacement des "bottes" latérales par des portes munies de glaces. Cette voiture découvrable modernisée atteste donc de l’utilisation de ce type de véhicule en Angleterre dans le premier tiers du XVIII°. Ceci est confirmé par différents écrits de cette époque.
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(1)L'origine de la création du landau reste un mystère.
Les différentes hypothèses sur l'origine du landau sont très tardives, contradictoires et difficilement vérifiables:
1796-1797: Dans son récit épique en vers "Herman et Dorothéa" Johan Wolfgang von Goethe décrit un personnage; le premier marchand, "arrivant dans une voiture ouverte fabriquée à landau"
1808; Dans son dictionnaire "Johann Christoph Adelung écrit à propos du landau "Il a été inventé lorsque l'empereur Joseph I° s'est rendu à Landau d'où son nom" Cette affirmation de la création de cette voiture par un carrossier de la ville de Landau fut reprise par la suite par de très nombreux auteurs. Cependant, les dessins publiés dans cet article réalisés à 80 ans de distance montrent une certaine filiation entre la voiture du Duc d'orange et celle de Joseph I°. ce qui questionne la réalité de la création de cette voiture à Landau.
1834; Dans son ouvrage "Die Schmide-Profession mit dem Amboße und..., Adolf Bickes affirme "Les Landaus sont des chariots à quatre côtés couverts, mais le dessus est en cuir et comporte un arceau et peut être replié comme une voilure. Il existe des Landaus berlines et des Landaus coupés, qui sont également appelés Landaus entiers et demi-Landaus ou Landaulets. Cependant, comme leur nom l'indique, ces véhicules n'ont pas été inventés dans la ville de Landau ; ils tirent leur nom de leur inventeur,, l'Anglais Landow, d'où, pour faciliter la prononciation, ils sont devenus Landau".
(2) Botte:
Sur les carrosses primitifs, large marche encadrée d'un bâti de fer faisant saillie sur les côtés de la caisse contenant ainsi les jambes des passagers des strapontins. La "botte" est recouverte d'une pièce d'étoffe ou de cuir.et fait aussi office de portière.
Présence du landau en Angleterre.
Les premiers écrits retrouvés dans différents ouvrages, textes officiels et articles de presse datent des années 1738 :
-Boston Gazette. October 16, 1738: "He died suddenly on Thursday last in a Landau on the road, going to visit the poor of the said Parish at the workhouse in Walthaan Cross.”
- Virginia Gazette. January 19, 1738: “We hear that the Court will be exceeding brilliant at the Expiration of the Mouring, and that his Majesty has ordered his own Equipage to be entirely new: There are already three Coaches, a Landau.”
En 1742, le landau est mentionné dans un texte du parlement présentant la liste des véhicules assujettis aux droits de passage pour accéder à Londres.
Un article du journal ; Virginia Gazette du 19 janvier 1738 atteste de la présence d’un landau récemment construit dans les remises de la cour royale d’Angleterre. Initialement conçu comme voiture de voyage, le landau apparait aussi comme une voiture d’apparat d’où l’on peut voir mais surtout être vu par l’assistance. Ainsi la famille royale utilise t’elle, dès cette époque, un landau pour se rendre aux courses d’Ascot. Par la suite, l’usage des landaus s’est étendu à l’ensemble de la cour.
L’habitude de la presse anglaise de décrire les nouvelles acquisitions des membres de la noblesse nous permet de percevoir l’extrême richesse de la décoration de ces voitures de prestige. En voici deux exemples :
-The Morning post 4 Novembre 1818: " A landau for the duc de Lafoens"
"Une autre splendide voiture est presque prête pour son excellence : C’est un landau couleur jaune vif ornementé des armoiries royales du Portugal sur les panneaux, couronnes surélevées d’argent, lampes argentées à l’avant. La garniture intérieure est en soie avec des coussins en maroquin. Les tissus du siège à housse sont très riches avec de nombreux ornements. Les ressorts sont ornés d'éléments en argent. Le harnais de grande qualité est entièrement décoré d’argent."
-Hampshire Chronicle of July 1816 " A landau upon a new principe”
" La vicomtesse Downey a acquis un nouveau landau. Ce " sorcier " de véhicule est singulièrement beau peint d’une couleur pourpre et très blasonné. Les armoiries sont incluses dans de superbes manteaux. Leur exécution est tellement supérieure à toute chose du genre jamais vue que nous supposons que l’artiste Smike en soit l’auteur. Le velours et la soie sont si délicieusement délimitées, dans des couleurs si vives qu’ils attirent l’attention de chaque spectateur. Les poignées de portes ajoutent à l’extraordinaire beauté de l'ensemble ; elles sont solides en argent très ciselé. Tous les principaux ornements de la voiture sont également en argent."
Les gravures ci-dessous confirme la haute qualité des landaus fabriqués en Angleterre.
Malgré l’attention portée à ces landaus par les carrossiers du XVIII°, il faut attendre la fin du siècle pour que cette voiture soit décrite dans un ouvrage professionnel; "A treatise of carriages" édité en 1797 par Felton.
Les landaus sont donc à la mode et commencent même à remplacer les berlines. Ce succès insulaire ne se retrouve pas en France, où les landaus ne sont appréciés que beaucoup plus tardivement.
L’implantation du landau en France
Bien qu'il soit présent sur le continent au milieu du XVIII° siècle, notamment dans les équipages des cours belges et hollandaises, comme ceux de Charles de Lorraine, l'usage du landau ne semble pas avoir suscité l'intérêt de la noblesse française de cette époque. Son absence dans les manuels de carrosserie tels que "L'Art du menuisier carrossier" de Roubo et "L'Art du bourrelier sellier" de Garsault confirme ce manque d'intérêt. La première représentation d'une voiture découvrable, sous le vocable de "diligence anglaise", n'apparaît qu'en 1776 dans les Cahiers de voiture de Moreau.
Entre 1802 et 1805, divers modèles de landaus de facture " boule ", très en vogue au début du I° empire, sont publiés dans " Collection de meubles et objets de goût", sans encore être qualifiés de Landau; berline s'abaissant à volonté et formant caléche, berline à capote,...
1802: Berline s'abaissant à volonté et formant et formant calèche. et berline à capote "Meubles et objets de gout" (source INHA)
En 1810, dans ses "Cahiers de dessins", Duchesne présente un modèle aux lignes plus rectilignes qu'il nomme " Landau anglais 1808 ".
Entre 1809 et 1812, la publication "Collection et objet de goût" diffuse deux modèles de landau sous la dénomination de landau de ville et landau calèche. Ce dernier se caractérise par un col de cygne à l’avant des brancards de caisse.
En janvier 1812, Napoléon commande au carrossier parisien Getting un modèle qui, hormis pour les ressorts, se rapproche de ce dernier dessin. Destinée au "service léger", cette voiture, dont le modèle était nouveau dans les équipages impériaux, a accompagné l’empereur lors de la campagne de Russie. Elle a été adaptée aux besoins spécifiques de Napoléon:
-la capote avant est équipée de deux grandes vitres.
-son panneau avant, protégé par un soufflet de cuir, peut s’abaisser transformant alors la voiture en dormeuse.
Bien que l'empereur ait adopté l'usage du landau, celui-ci n'a pas réussi à attirer l'intérêt des utilisateurs potentiels. En 1815, le landau passe encore "pour une voiture d’un genre bâtard, passablement ridicule. "Rien ne ressemble plus à une voiture brisée et déchirée, lorsque l’impériale est partagée en deux, et que ces deux parties tombent devant et derrière en soufflet " -L’almanach des modes,1815-
En dehors de ces considérations esthétiques, les contraintes d’utilisation liées à la complexité technique de ce type de voiture transformable freinent le développement de son usage. Ce n’est que dans les années 1840-1850 que les avancées techniques; en matière de poids, de pliage des capotes, de fermeture des portes, … , comme celles de Fuller décrit par Guillon en 1850 redonnent une dynamique à l’utilisation du landau. Le landau inspire également les dessinateurs en voiture comme Baslez.
Le véritable engouement, qui conduira au remplacement des berlines par les landaus, commencera dans les années 1860 pour ne s’arrêter qu’au début du XX° siècle. Ainsi la prestigieuses maison parisienne Dessouches, reconnue, dés 1860, pour son innovation dans la conception des landaus de grande qualité gardera dans sa production, comme d'ailleurs les autres grands noms de la carrosserie, une place prépondérante aux landaus jusqu'à la fin du XIXe siècle. « La maison Dessouches est celle qui nous paraît avoir le mieux étudié et réussi ce genre de voiture » - GDC 1860.(voir extrait catalogue en fin d'article)
Malgré les contraintes liées à ce type de voiture, de nombreuses innovations techniques souvent "protégées" par des brevets ont permis aux carrossiers, d'adapter le landau aux modes du moment adoptées pour ses concurrentes telles que les berlines et les calèches.
Contraintes et solutions techniques spécifiques aux landaus.
Les contraintes techniques, spécifiques aux landaus concernent le capotage, la fermeture des portes, la sécurité des glaces et la visibilité des passagers. En cette seconde partie du XIX° siècle, elles s'inscrivent dans une problématique plus globale; l’obsession des constructeurs d' alléger les voitures ce qui a des conséquences spécifiques sur le montage des landaus.
Allègement des voitures :
Il s'effectue en réduisant la hauteur des panneaux de caisse, ce qui peut limiter, sur certains modèles de caisses rondes, l'espace nécessaire pour insérer les glaces dans les portes sur toute leur longueur. Pour résoudre ce problème, les landaus en forme de bateau ou de nacelle sont équipés de caves dissimulées par des joues de fond intégrant les portes que l'on peut faire ainsi descendre jusqu'au bas de la cave. Les glaces peuvent alors s'y glisser dans leur intégralité. "Ainsi on a diminué la hauteur des panneaux de caisse qui n'était plus en rapport avec nos voitures légères d'aujourd'hui et fait rabattre le capotage trés bas pour que les personnes ne paraissent pas encaissées comme autrefois" -Brice thomas GDC aout 1860-
Voici deux modèles de landau, édités par le GDC en 1860 et en 1864 qui permettent de visualiser la présence d'une cave et l'intégration de la porte dans les joues de fond.
-Landau à caisse bateau (N° 46 GDC 1860): Les parties avant des brancards de caisse sont en col de cygne. Les portes sont coupées sans coulisses ce qui nécessite de baisser les glaces avant d'ouvrir la portière quand la voiture est fermée. La partie du pavillon située au dessus de la porte se développe en s'appuyant sur la galerie du siège cocher.
-Landau à caisse nacelle (N° 179 GDC 1864): Système de capotage très apprécié pour sa simplicité et son volume réduit une fois plié.
Pliage et rangement de la capote :
Les plans des deux voitures présentées ci-dessus nous permettent de découvrir deux systèmes de capotage parmi les innombrables dispositifs conçus par les carrossiers. Adaptés à chaque innovation esthétique des dessinateurs, leur conception a pour objet de garantir leur étanchéité, leur interaction avec les systèmes des portes, mais également de simplifier leur manipulation tout en limitant leur espace de rangement.
Mécanisme de réglage des sièges en hauteur.
Pour améliorer la visibilité des passagers lorsque le landau est ouvert, certains modèles sont équipés de mécanismes permettant, grâce à une poignée de monter ou descendre la parclose soutenant les sièges.
Mécanisme de fermeture des portes :
Les portières doivent garantir la fixation des glaces lorsque le landau est fermé, tout en s'assurant que la partie supérieure de la porte soit dissimulée une fois la capote rabattue. Pour satisfaire cette double exigence, deux dispositifs doublés ultérieurement d'un système automatique de descente des glaces sont, dés les années 1860, couramment utilisés :
Demi porte équipée de glissière de glace et porte entière aux battants munis de charnières. Catalogue forges de Persan. Collection de l'auteur)
Les carrossiers devront également s’adapter à l’arrivée d'une nouvelle clientèle privée issues de la petite et moyenne bourgeoisie et aussi de celle de loueurs de voitures qui recherchent toutes deux des véhicules moins couteux, plus courts, plus légers pouvant être attelés à un seul cheval. C'est le cas également de certains acheteurs fortunés qui acquièrent des voitures de service pour leurs résidences de loisir. Si la carrosserie de luxe prendra en partie compte de cette évolution, ce nouveau marché sera une cible de choix pour les entreprises de carrosserie industrielle qui privilégieront les caisses trois cintres; carrées ou à coins arrondis, moins complexes à monter. Ce type de caisse à trois cintres, conçue à l'origine pour les voitures de luxe, reviendra régulièrement à la mode chez les grands carrossiers.
Voici le plan d'un de ces modèles aux fenêtre simplement remplacées par des vasistas. diffusé par le GDC en 1864. Brice Thomas, d'habitude très exigeant sur la qualité de conception des voitures décrit bien la différence d'attentes vis à vis de ce type de landau. "Voici certes des dispositions qui entrainent avec elles une manœuvre très compliquée pour ouvrir ou fermer le capotage. Ce serait à y renoncer s'il fallait le répéter souvent. Mais il n'en est pas ainsi: en été, par exemple, pendant sept ou huit mois de l'année, on laisse toujours le landau découvert quand il fait beau, et il n'y a lieu de le fermer qu'en cas de pluie accidentelle. Alors il est rarement nécessaire de mettre les vasistas en place, le capotage suffit presque toujours pour garantir l'intérieur de la pluie. Les vasistas ne sont guère utiles qu'en hiver pour garantir l'intérieur de la voiture du froid. Dans ce cas et pour éviter des manœuvres ennuyeuses, on laisse toujours le capotage fermé"
L'évolution des modes, des dispositifs techniques et des attentes des différentes clientèles conduit à la création de nombreux modèles. Cependant la mode n'est, à cette époque comme de nos jours, "qu'un éternel recommencement" Ce sont principalement les caisses de forme bateau, nacelle (avec ou sans cols de cygne) et trois cintres carrés ou à coins arrondis, qui seront remises aux gouts du jour esthétiques et techniques. Devant la concurrence de la carrosserie industrielle sur le marché du luxe, les grandes maisons se différencieront par l'innovation, la qualité des finitions et des matières premières utilisées. Le nombre important de landaus proposés dans ce catalogue Dessouches réalisé par Delton confirme la place incontournable du landau dans les productions de la carrosserie de luxe de la fin du XIX°.
Landaus Extraits du catalogue Dessouches-Touchard (Catalogue actuellement conservé au musée de Compiègne)
D'abord utilisé pour le voyage et comme voiture de prestige, le landau est devenu un véhicule polyvalent adapté par les carrossiers à diverses utilisations.
Différentes utilisations du landau.
Landau de voyage :
Conçues pour des longs trajets, ces voitures robustes sont dotées de coffres à bagages et sont souvent équipées à l'arrière d'un siège ou cabriolet destiné au personnel.
Le moyen le plus rapide, mais aussi le plus onéreux, de voyager est de changer les chevaux dans les relais du réseau de la poste aux chevaux. Les chevaux sont menés par des postillons et les voitures ne disposent donc pas de siège pour le cocher.
Pour la bourgeoisie du XIX^e siècle, il est important de rendre visite aux personnes influentes de son entourage afin de maintenir un réseau social fort. Un voyage vers une destination précise est l'occasion idéale pour emprunter le « chemin des écoliers » et rendre visite à des connaissances, ce qui oblige souvent à s'écarter des routes du réseau de la poste aux chevaux. Pour garder leur autonomie, ces voyageurs attèlent leurs propres chevaux à des voitures équipées d'un siège pour leur cocher.
Dans la première partie du XIX°, ces voitures sont souvent équipées d'un coffre à l'arrière nommé "tambour". Il s'ouvre de l'intérieur et permet de ranger armes et objets de valeurs
Landau équipé d'un "tambour" à l'arrière, Cook &Rowley àLondres. Collection privée allemande (photo de l'auteur)
Voitures de prestige :
La fonction de représentation a été, comme nous l'avons vu précédemment, un élément fondamental du développement de l'utilisation du landau. Pour assurer cette fonction, on utilise des voitures de grand luxe, conformément à la mode du moment.
Pour les cérémonies ou les activités de gala, certaines sont équipées de sièges à housse fabriqués dans les étoffes les plus riches et ornés d'armoiries et de passementeries.
Ces landaus de prestige se doivent d'être également du plus grand confort, et sont donc montés sur les systèmes de suspension les plus évolués de leur époque : ressorts en fouet, en C, doubles suspensions, etc.
Dans les deux derniers tiers du XIX° siècle, ils sont montés sur des doubles suspensions composées de ressorts en C superposés à des ressorts elliptiques, plus communément appelés « huit ressorts ». D’un achat et d’un entretien coûteux, ces landaus sont généralement attelés à quatre chevaux.
Ces landaus à huit ressorts peuvent être adaptés pour être attelés en poste ou à la d’Aumont. Ils sont alors dépourvus de siège de cocher et présentent un grand garde crotte en cuir à l'avant.
Landau à grand garde crotte, Holland & Holland à Londres. Collection privée allemande. (photo de l'auteur)
Ils sont donc attelés de deux manières:
-À la d'Aumont pour les cérémonies et la représentation
Les quatre chevaux sont garnis de harnais à colliers anglais et montés par deux postillons également appelés jockeys. En grande d’Aumont, la voiture est précédée d’un piqueur et suivie de deux garçons d’attelage à cheval. Cet équipage est désigné comme "demi-d’ Aumont" lorsqu'il n'y a que deux chevaux.
-En poste pour les sorties à la campagne.
Les quatre chevaux, montés par deux postillons, sont garnis de harnais de poste comprenant bricole grelottière et trait en corde. Cet équipage est désigné comme "demi-poste" lorsqu'il n'y a que deux chevaux.
Landau d’usage ordinaire:
La qualité d’exécution de ces landaus utilisés pour les déplacements du quotidien, la promenade, ou encore les rencontres conviviales dans les parcs, dépend des moyens financiers de leur propriétaire.
Landau ressorts en C, Cook &Rowley à Londres, première partie XIX°. Collection privée allemande (photo de l'auteur)
Landaus de location :
Contrairement à certaines idées préconçues, la location de voitures, déjà présente dans les siècles précédents, est un secteur d’activité florissant dans la seconde moitié du XIXe siècle, tant pour les entreprises et les services publics que pour les particuliers. Au-delà des services de fiacres, la location permet aux classes moyennes de s'intégrer à la vie sociale bourgeoise à un coût raisonnable. Pour les plus fortunés, la location offre l'avantage de les exonérer de la gestion d’une écurie.
Landau Curieusement atteléé de la compagnie générale des voitures dont vous trouverez l'utilisation dans le lien ci dessous.
Pour répondre aux besoins variés de leurs clientèles, les entreprises de location adaptent et diversifient leurs services. Vous trouverez leurs descriptions dans l'article ci dessous.
Cette entreprise fabrique dans ses ateliers ses propres véhicules, y compris des landaus légers pour les services courants, mais n'hésite pas à acquérir des modèles plus sophistiqués auprès des plus grands carrossiers pour ses services de luxe.
D’autres sociétés se spécialisent sur une clientèle fortunée comme la maison Rivière qui achète toutes ses voitures chez Mühlbacher*
Landau extraits du catalogue Mûlhbacher réalisé par Delton. actuellement conservée dans la collection de Hans Paggen
Le landau ne se limite pas à être un simple moyen de transport ; il symbolise également la capacité des carrossiers à allier ingéniosité technique et création esthétique à travers l’histoire. Sa popularité est telle qu'il se déclinera en différentes versions, telles que le landau à cinq glaces ou le landaulet que nous vous présenterons dans une seconde partie.
Texte:
Patrick Magnaudeix
Documentation:
Brice Thomas, Dupont: "Guide de carrossier" (collection de l'auteur, collection syndicat de la carrosserie).
Lagard: "Carrosserie Fançaise" (collection de l'auteur, Gallica).
Jean Louis Libourel: "Voitures hippomobiles".
Furger: "Kutschen Europa T1 et 2"
Catherine Rommelaere: "Voitures § Carrossiers"
Paul Jagger, Rudolf Wackernagel, Albert Fritz: "Der Landauer"
Susan Green: "Note for landau"
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