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Par figoli
Cet article fait suite à
La vie d'un cheval à Paris vers 1890 (suite)
par Figoli
Brrr déjà 4h…ah bonjour ,vous m’avez retrouvé !Je suis maintenant cheval de ferme. Hé oui ,pour la Compagnie Générale des Omnibus qui, tout au long de l’année, vend notre fumier, nos poils (issus de la tonte ), tout doit être rentabilisé. Acheté 1000 frs et étant encore en forme, j’ai pu être vendu 500frs à un maraîcher. Le boucher n’aurait donné que 300 frs et l’équarrisseur deux fois moins (à cette époque l’équarrisseur achetait les chevaux car tout était utilisé : crins et poils pour la bourrellerie, os pour couteau et éventail, …) Enfin ! Ma nouvelle vie est moins pénible, la charrue parisienne m’est plus facile à tirer que ces « monstres »d’Omnibus.
De plus, une fois par semaine et grâce à mon expérience je retrouve Paris. Je convoie nos récoltes aux halles, dans un des 28 marchés de la capitale, ou directement aux grandes maisons, restaurants,…. Bien sur, depuis l’arrivée du chemin de fer, Paris est alimenté par toute la France mais la région environnante tient encore sa place avec ses légumes (pois ,haricots, pomme de terre,…)ses fruits (pêches, pommes ,poires,..)et son vin.
Allez on cause, on cause, mais justement aujourd’hui je dois partir aux halles
et le patron impatiente. Alors vous venez ?
Vous pouvez monter sur les ballots, mais arrivés aux portes de la Capitale il faudra respecter la réglementation .Notre voiture a sa plaque d’identification du propriétaire mais n’a ni siège ni ressort , je devrai donc être mené à pied et au pas. Cela me plait assez et, vous aurez ainsi le temps de tout voir.
La route commence à s’animer et nous croisons notre première voiture de ramassage de lait .C’est celle de la laiterie industrielle qui produit du beurre et du fromage de Brie.
Rien que pour les produits laitiers il existe de multiples types d’attelage. Je vais vous raconter l’histoire des voitures Gervais : Un jour une dame Heroult sur l’idée de son vacher Suisse ajouta de la crème au caillé et créa ainsi ce qu’on appellera plus tard le « petit suisse ». Un mandataire des halles nommé Gervais flaira la bonne affaire et créa une fromagerie à son nom à Ferrière en Bray, en 1852. Pour livrer ses « petits suisses » toujours frais, il mit en place un service de transport rapide avec des attelages à quatre chevaux jusqu’à la gare de Beauvais .Arrivés en gare de Paris, ces fromages étaient transportés dans d’élégantes voitures à un cheval qui les livraient dans les grand magasins et boutiques des beaux quartiers .
D’autres laiteries livraient également du lait.
Pour l’instant nous sommes encore dans les faubourgs et nous ne croiserons pas de si élégants attelages. Les voitures de lait y sont plus modestes.
Dans ces quartiers ou s’entassent des masses énormes de population (De 1800 à 1900 Paris a vu sa population multipliée par 10), l’habitat est majoritairement constitué de taudis insalubres.
Les populations ouvrières, ont des conditions de travail difficiles (ex : horaires , salaires de misères, mais aussi ,maladies liées aux procédés de fabrication utilisant mercure ,plomb,…).Equidés et chien partagent la misère des hommes.
Ils les accompagnent dans leurs multiples petits métiers :
Marchande de poisson Marchande de gaufrettes
Marchand de tripes
La circulation devient dense maringuottes venant de débarquer les marchandises des péniches, binard et pierrières transportant quelquefois plus 10 tonnes .de pierre,
Détail de la piérrière
mais aussi tombereaux, haquets de 5 m de long remplis de tonneaux., diables transportant les bois de charpente et pouvant mesurer jusqu’à 20m ,……s’agglutinent en une longue procession.
La surcharge ,les charges mal placées, harnais mal ajustés ou en mauvais état, jambes de force des voitures non utilisées pendant le déchargement,…. blessent ,étranglent mes pauvres compagnons de route.
Rouliers et charretiers s’impatientent, s’énervent et l’horrible perpignan siffle et saigne leurs flans à plaisir. Ces hommes mal payés, mal formés , à qui on impose des rythmes de travail épuisants (12 à14h) s’acharnent souvent sur leurs compagnons d’infortune.
La SPA essaye d’améliorer notre situation en soutenant l’application de la loi Grammont de protection animale, mais souvent en vain (mis à part, comme nous l’avons vu, dans les grandes compagnies). Ecoles professionnelles gratuites pour les cochers, concours du meilleur charretier, concours d’inventions pouvant alléger notre travail, appui à l’hippophagie pour que nous soyons mieux nourris en fin de vie,... ne suffisent pas .
Regardez ce chantier de pavage sur la route que nous croisons, observez toutes ces mains prolongées de Perpignan et vous comprendrez pourquoi Paris est surnommée «L’enfer des chevaux » .
Ah non, pas eux .Méfiez vous ; ces immenses voitures aux hautes ridelles qui vident la capitale de ses déchets perdent souvent parties de leur nauséabond chargement.
Plus de 550 voitures , 1000 chevaux ,1600 hommes suffisent à peine à maintenir la ville propre.
Le service de nettoiement comprend d’autres services et en particulier le nettoyage des rues qui est assuré par des centaines de balayeuses, tombereaux ,tonneaux pour l’arrosage,...
Il faut bien tout ce matériel pour nettoyer une ville traversée par plus de 400000 véhicules par jour.
Mais la circulation ralentit, nous devons arriver à l’octroi. Déjà nombre d’attelages de transport nous ont devancé et circulent dans Paris.
Bien, je vous laisse quelques instants pour que le patron puisse remplir ses obligations.
Si vous voulez encore m’accompagner après les tristes choses que je viens de vous montrer, nous rentrerons dans Paris .
Vous découvrirez l’importance des chevaux en ce début de la « belle époque ».
Sans nous tous vos services (pompiers , postiers, livraisons,….)vos transports(fiacres, tramway,…) ,vos loisirs (sport d’attelage ,courses, « promenade au bois »,…) n’existeraient pas, même si vous essayez de nous remplacer par vos nouvelles inventions.
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La vie d'un cheval à Paris:La vie d'un cheval à Paris vers 1890
La vie d'un cheval à Paris (1)
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