Les cuirs

Humides de sueur et festonnés d’une écume qui dentelle, se crispe et
 jaunit, les cuirs ont retrouvé leur chevalet.
 Les juments, quoique lavées, quoique brossées, quoiqu’elles se soient
roulées, grattées, garderont imprimée dans le poil la preuve de leur
 soumission quelques temps.

Inimitables et bienheureuses odeurs de peaux, d’onguents, d’huiles et
 de savons auprès desquelles on s’enivre un peu…
 Lueur douce et bleutée quand le chiffon achève de les lustrer…
 Douceur incomparable au toucher, sous la main, à la caresse, si ce
 n’est à celle d’un ventre aimé…

 Harnais comme des robes de cour, savantes, sophistiquées, sanglées,
lacées, parées de cuivres… sellettes, mantelets, colliers, bricoles,
 avaloirs… guides usées dans la passe des clefs, fantasmes inavoués.

 Entre elles et moi, les cuirs… comme des draps de soie.



Julie Wasselin






En Quelques mots  julie nous amène dans son monde poétique et sensuel. Vous pourrez la retrouver dans son dernier ouvrage.