Coach privé Mülhbacher: Histoire et Restauration 2° Partie

Coach MÜhlbacher 2

La renaissance du "Old Rocket"

suite de l'article    Coach privé Mühlbacher : histoire et restauration 1° partie           

La restauration de cette voiture a été envisagée sous l'angle de la préservation. C'est une voiture qui a été conservée dans un assez bon état et le propriétaire a demandé au restaurateur à la garder au plus prés de "son jus" tout en la rendant techniquement utilisable. L'esprit de la restauration engagée est donc de procéder à un "nettoyage" de la voiture en réparant les parties en mauvais état par retouches successives. Vous ne verrez donc pas, comme nous l'observons trop souvent dans certaines restaurations, une voiture complètement démontée, décapée au bois, reconstruite avec des matériaux modernes, ce qui fait perdre son âme à la voiture. Ici, vous aurez la surprise de voir le coach progressivement reprendre les couleurs de sa jeunesse tout en gardant les belles rides de son passé. Pour les réparations, Dieter Gaiser utilise des matières fabriquées à l'ancienne aussi bien pour le linoléum, les tissus,...que la peinture. 

Les différentes parties sont donc traitées les unes après les autres. Pour faciliter la compréhension des différentes techniques utilisées, nous vous les présenterons par types:

    Les travaux de sellerie.

Globalement, les rembourrages d'origine ont été conservés et seulement renforcés si nécessaires.

Pour éviter toute détérioration ultérieure, la matelassure des coussins a été traitée dans une cabine à vide. Au bout de quarante huit heures, les larves mais également les oeufs des parasites, sont totalement détruits. Suivant leur état, les revêtements ont été partiellement, ou totalement, refaits.

Les coussins d'intérieur en cuir:

La partie de dessous, en tissu de laine bleue, a du être remplacée.

Les cuirs, après nettoyage, ont été traités avec un produit de rénovation pour leur redonner de la souplesse tout en préservant leur solidité.

Les coussins extérieurs:

Les tissus étaient trop dégradés pour pouvoir être conservés. Heureusement, des échantillons de tissu ayant gardé leur couleur d'origine ont pu être prélevés. Ceci a permis de retisser un tissu  semblable au tissu d'origine.

Les toiles cirées de dessous sont également changées et les boutons refaits avec le nouveau tissu.

Voici l'ensemble des coussins.

Tapis de sol et revêtements.

Le tapis de sol intérieur était rongé et a du être remplacé par un modèle identique fabriqué en laine.

Les linoléums étaient également trop détériorés pour être gardés. Des machines anciennes de fabrication de ce type de revêtement ont permis de fabriquer les nouveaux linoléums en couleur unie ou ornementés de motifs floraux.

Ces revêtements, destinés à être soumis aux intempéries, doivent être traités contre l'humidité avant la pose. Les différentes atteintes du bois sont donc rebouchées. Puis le bois est traité avec un mélange utilisé au XIX°.

Les cuirs.

Ils ont été remis en état ou refaits avec les boucleries d'origines.

Pièces métalliques:

Si certaines ont été traitées sur la voitures, d'autres ont pu être démontées.

La rouille est enlevée mécaniquement, puis le fer est traité avant d'être repeint

ou regarni en cuir commes les porte-palonniers de secours.

Traitement de la caisse.

Si certaines micro-fissures n'apparaîssent qu'au moment du nettoyage, les grosses atteintes sont visibles directement. Elles demandent souvent un traitement lourd 

Le nettoyage en lui même est complexe et demande une grande expérience. En effet, la "popote"(mélange de différents produits) utilisée pour nettoyer et retrouver la couleur d'origine se compose de solvants différents suivant les peintures et vernis appliqués à l'origine. Les manques sont comblés suivant les techniques déjà présentées dans l'article Préservation d'un phaéton suédois du XVIII°. Sur les parties complètement décapées, avant d'appliquer la peinture, réalisée avec des pigments par D Gaiser, une base également teintée est appliquée. Ceci permet de donner du fond à la peinture. L'application d'un traitement ultraviolet vieillit la structure de la peinture, ce qui permet de présenter une homogéénité de l'ensemble.     

Au moment du nettoyage, des micro-fissures peuvent apparaître. Une colle est alors introduite dans les fissures pour les boucher et les stabiliser.

C'est au cours de cette opération, en enlevant le papier de protection, qu'est apparue la fameuse trace de peinture jaune qui a permis de découvrir l'origine de la voiture. Chaque panneau a été nettoyé plus profondément.

Hormis les recherches historiques, que nous avons abordées dans la première partie, il fallait reconstituer les différentes ornementations spécifiques du "Old Rocket". Cela commence par la création d'un pochoir, puis l'application des couches de couleurs successives.

Pour terminer, il reste les peintures des portes. Comme sur toutes les voitures du Réunion coache, le haut des portes s'ornemente de l'emblème de Gordon Bennet*. L'existence de cette marque à l'intérieur de la voiture facilita la reconstitution.

L'emblème de Nice a été refait sur la porte de droite et celui de Cannes sur la porte de gauche.

Petit à petit, notre voiture sort de l'ombre et renaît dans son état de gloire, tout en gardant la patine de son age.

et la voici, au final.

Voilà, l'homme de l'art a terminé son travail. Il ne lui reste plus que les souvenirs de cette magnifique aventure et quelques traces de son labeur.

    Le coach quitte l'atelier en un singulier équipage.

Gageons que son propriétaire se fera un plaisir de l'atteler et que nous le reverrons bientôt dans des manifestations, attelé à de superbes chevaux.

Vous trouverez de nombreuses autres photos dans l'album 

Texte: Figoli

Photos: D GAISER

*G Bennet Junior passe pour avoir été l'initiateur de l'entreprise "Réunion coaches". Le quart de lune et la chouette, symboles de la vigilance étaient ses emblèmes.

On les retrouve dans l'entête de son journal;, "Le New York Herald", créé par son père,(Gordon Bennet Sénior) en 1835. Lui même lança l'édition européenne du journal à Paris, le 4 Octobre 1887. Les bureaux locaux du journal servaient de départ aux différentes lignes du "Réunion coache".     

On retrouve la chouette sur le monument funéraire de la famille Bennet.