Vous trouverez une présentation très accessible des articles de vos "THEMES FAVORIS" dans le répertoire ci dessous.
Par figoli
Les haies
Fin août, une heure avant la nuit, chaque soir, quand l’haleine solaire se fait douce et que les collines s’empourprent au loin, gantée de cuir et le sécateur à la main, elle taille les
haies.
De la pousse annuelle, elle libère les rubans électrifiés qui, par magie, contiennent les chevaux dans le pré.
Une fois l’an, afin que passe le broyeur, il lui faut tout démonter.
De ces clôtures modernes qui enlaidissent les haies, on pourrait estimer l’usage superflu… mais qui a vu un poney dévorer sa bouchure, puis ensuite la traverser, ne dort vraiment bien qu’en ayant
fait ce choix.
Si les chevaux craignent le pincement du courant, la ronce meutrière et ses mûres exquises, l’aubépine jolie, le tendre sureau, l’épine vinette, les troènes, la viorne et les noisetiers, eux,
s’en fichent pas mal… c’est à croire d’ailleurs que ça les encourage à se multiplier.
Derrière elle, en file indienne, les chevaux font le tri.
La feuille de noisetier, surtout, dont ils n’osaient pas approcher la lèvre, a leur faveur, et les nouzilles sous la dent craquent et se laissent croquer.
C’est l’heure obscure où les mouches cessent de les tyranniser.
La dominante, la jument, pose alors sa tête lourde contre son épaule, et, de la paume de ses mains dégantées, elle frotte doucement les yeux clos…
“C’est bon, hein, ma chérie… tu ne peux pas le faire tout seule, ça… ” ?
Puis d’un pas lent, balayant l’air de ses crins, la jument s’éloigne et s’en va dormir à la belle étoile.
Julie Casau-Wasselin
Eclipse Next 2019 - Hébergé par Overblog