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« Roulez carrosses » à Arras:
Une grande réussite.
Ce coupé de la présidence de la République clôture l’exposition « Roulez carrosse » .Il a été construit vers 1880 par Georges Ehrler, carrossier attitré de Napoléon III et l’un des plus fameux carrossiers parisiens du XIX° siècle. Ce coupé de ville et de gala est « un exemple représentatif de la perfection formelle et technique atteinte par la carrosserie française à son apogée au cours de la seconde moitié du XIX° siècle »-Jean Louis Libourel-. Il est le témoignage du haut niveau de l'industrie de la carrosserie française et de ses artisans; charrons, menuisiers, sculpteurs, peintres vernisseurs mais aussi soyeux, tapissiers, brodeurs, passementiers, bronziers ciseleurs, doreurs miroitiers, serruriers,...
Ce coupé s'intègre dans un ensemble d'environ 80 oeuvres; tableaux, carrosses, harnais, traîneaux..., provenant, pour l'essentiel, des collections du musée du château de Versailles. Elles sont toutes d'une valeur artistique et historique inestimable comme ci-dessous, la berline de baptême du duc de Bordeaux.
Habituellement "stockées" dans des locaux peu accessibles au public, leur présentation pour 18 mois à l'abbaye Saint Vaast à Arras va vous permettre de les découvrir ou redécouvrir. Cette visibilité dépend, bien sûr, de la qualité de leur présentation, de la façon de raconter leur réalisation, leur histoire et celle de leurs illustres occupants. Ici, la muséographie est à la hauteur des oeuvres présentées. Les centaines de personnes, réunies le 16 mars à Arras pour le vernissage de l’exposition, ont été unanimes pour reconnaitre l'extrème qualité de l'écrin qui recevait cette collection.
La rencontre paradoxale de la ville natale de Robespierre avec des symboles de la monarchie absolue est une très grande réussite. L’espace créé par la muséographie répond aux attentes du visiteur, qu’il soit néophyte ou passionné par l’histoire, le patrimoine hippomobile, l’art,…
Je dois vous avouer en être sorti avec une simple impression de grand bonheur. Cette exposition ne se décrit pas, elle se ressent, elle se vit.
Ce magifique évènement est le résultat du travail des équipes du musée des Beaux-Arts d'Arras, de celles du musée des Carrosses de Versailles, des commissaires de l'exposition; Béatrix Saule, Jean-Louis Libourel, Hélène Delalex, du scénographe de l'exposition; Frédéric Beauclair,... Aussi, avant de vous présenter quelques points forts de l'exposition, je vous propose de leur donner la parole:
N'oublions pas les travailleurs de l'ombre qui ont assuré, sous l’autorité du restaurateur Daniel Bouchard, la préparation des oeuvres et, si nécessaire, leur restauration. Voici un film sur le travail effectué par l'un de ces artistes, Laurent Hissier de l'atelier de dorure du château de Versailles.
Ce film est l'un des documents présentés sur le site dédié à l'exposition; www.versaillesarras.com, auquel vous pouvez accéder en cliquant sur ce lien: link. C'est un véritable centre de documentation.Vous pourrez y découvrir films, documents, diaporama,…et suivre au quotidien les différents évènements qui animeront la vie de l'exposition.
Un rapide survol en image de l'exposition vous permettra d'apprécier la qualité des oeuvres et de leur présentation.
Huile sur toile de Christian Bourgeois et Jean Baptiste Detret. Elle représente la rencontre de Napoléon I° avec le prince primat de la fédération du Rhin et fait partie d'une vingtaine d'oeuvres représentant des carrosses lors de moments historiques.
Chaises à porteurs datant du XVIII°, qui servaient dans les cours et jardins du chateau de Versailles mais aussi dans les apprtements. Sont présentées: Chaises à porteur de la maison du roi, aux armes de France et de Navarre, dites à; "Décor de marine", "Aux armes de duchesse",
Depuis Louis XIV, la cour s'offrait le plaisir d'un sport d'hiver trés particulier; la course de traineaux dans les allées enneigées du chateau. Ces traîneaux étaient de véritables oeuvres d'art. C'est l'ensemble de l'exceptionnelle collection de traîneaux de Versailles qui vous est présentée: "Traîneau du patineur", "Traîneau à la tortue," Traîneau à deux places dit des jeux chinois", "Traîneau au léopard", " Traîneau à la sirène", "Traîneau au roseaux",
"La cornaline" et une autre voiture présentée,"La victoire", ont été acquises par Napoléon I à l'occasion de son mariage avec Marie Louise.
Intérieur du carrosse du sacre de Charles X
En premier plan; la petite calèche qui aurait appartenu au dauphin Louis Charles, futur Louis XVII (1785-1795) et en arrière plan la petite berline de promenade du dauphin Louis Joseph Xavier de France (mort de la tuberculose en 1889), premier fils de Louis XVI.
Les organisateurs ne se sont pas contentés de mettre en valeur les tableaux, voitures,.. venant des seules collections exposées à Versailles. Ils nous proposent également des objets venant d'autres musées et des pièces, comme les harnais d'apparât, qui jusqu'alors n'avaient jamais été présentées au public.
Panneau de la porte du carrosse de Louis XVI.
En 1794, la Convention Nationale décida de la destruction " de tous ces restes impurs de la tyrannie" et en particulier de "La voiture dite du sacre(...), monstrueux assemblage de l'or du peuple et de l'excès de la flatterie". De cette voiture, dont l'histoire complexe est particulièrement bien décrite par M Wackernagel dans le catalogue de l'exposition, il ne reste que ce panneau de porte.
Il est le seul vestige d'un ensemble réalisé par un peintre peu connu: Jacques Chevalier. La peinture représente Louis XVI en triomphateur romain avec, à ses pieds, les vertus cardinales, l'abondance, la justice, et la vigilance.
Harnais et panneaux peints intégrés à la présentation du carrosse dit du sacre de Charles X :
Ce carrosse initialement ébauché pour Louis XVIII fut achevé pour le sacre de Charles X. Il fut par la suite modifié sous Napoléon III et participa à la cérémonie de baptême du prince impérial. A cette occasion, sa transformation avait été confiée au carrossier Georges Erhler. Celui-ci ne se contenta pas de modifier les peintures d'origine. IL les préserva et les remplaça par de nouvelles décorations. Ces panneaux d'origine sont habituellement conservés au palais de Tau, à Reims. Mis à disposition de l’exposition, ils sont pour la première fois exposés aux côtés du carrosse, ce qui vous permet de découvrir la différence de la décoration entre 1825 et 1856.
Les panneaux originaux métalliques, datant de 1825, sont l'oeuvre du peintre doreur Gautier et du peintre Claude François Delorme. Voici le détail du panneau arrière où deux putti soutiennent la couronne au dessus de deux C enlacés en feuilles d'acanthe.
Le décor, réalisé en 1856, se compose des armes impériales et anges portant les armes.
Le carrosse est présenté attelé " à la française" avec huit chevaux.
Les trois premières paires sont menées en grandes guides par un cocher, la dernière paire est conduite par un postillon monté sur le cheval de gauche.
Ces harnais ont peu servi et depuis ont été conservés dans des caisses. Ils ont donc gardé leur fraîcheur d'origine. "Tous ces harnais sont en cuir ou maroquin rouge. Toute la bouclerie est double, ciselée et dorée, et toutes les piqûres, droites ou à dessins sont en soie blanche". Les guides sont en soie. Comme ce carrosse a servi sous deux régimes, il a été choisi, pour l'exposition, d'équiper les chevaux de droite avec des harnais aux armes de France et ceux de gauche avec des harnais aux armes de Napoléon III.
La visite se termine en attelage dans les jardins de Versailles grâce a un superbe film issu de la collaboration du musée de Versailles et du haras du Pin. Des images superbes soutiennent cet excellent outil pédagogique.
Cette exposition est vraiment incontournable. En plus de sa qualité, elle représente un espoir pour que les collections qui "dorment" dans nos musées soient enfin accessibles à nos concitoyens. La grande fréquentation de cette exposition est indispensable pour que ce frémissement aboutisse à une véritable politique de sauvegarde de l'ensemble de notre patrimoine hippomobile.
Texte et photos : Figoli
Bibliographie
Cette exposition s’accompagne d’un catalogue, extrêmement bien documenté intégrant une partie des recherches réalisées pour l'organisation de cet évènement. Vous y retrouverez les signatures des plus grands spécialistes français et européens.
-Catalogue "Roulez Carrosses!" ed. Skira Flammarion (39,90 €)
Cet ouvrage se doit d'être présent dans la bibliothèque de tout amateur.
-Connaissance des arts a édité un N° hors série "Roulez Carrosses"(9 €)
-Arts et techniques de la dorure à Versailles.de Daniel Sievert et Laurent Hissier éd Vial.
Site de documentation de l'exposition: link
Berline "La victoire"
Liens avec les articles du blog sur la collection du musée des carrosses de Versailles.
La collection du musée des voitures de Versailles en 1851.
Musée des carrosses de Versailles.1 Traîneaux
Musée des carrosses de Versailles 2; Char funèbre Louis XVIII
Musée des carrosses Versailles 3: Les berlines de Napoléon
Musée des carrosses de Versailles 4:Berline du duc de Bordeaux
Musée carrosse Versailles 5: Carrosse du sacre de Charles X.
Modèle présumé du carrosse du sacre de Louis XVI