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Les transports publics
à Saint Petersbourg en 1888.
Les transports publics
à Saint Petersbourg en 1888.
Après avoir présenté, dans plusieurs articles, l’organisation des transports publics en France*,nous vous proposons d’évoquer cette organisation en Russie, tout particulièrement à Saint Petersbourg.
Pour réaliser cet article, en complément des informations recueillies dans la profusion des guides de voyage du XIX°, je me suis appuyé sur un opuscule intitulé; « Les chevaux et l’organisation des services publics de voitures en Russie ». Georges Deniau y relate ses observations, collectées lors de son voyage de juin à septembre 1888. Cet ouvrage s'écarte des envolées lyriques de la littérature française sur les voyages en Russie pour nous en montrer, certes d'une manière non exhaustive, l'envers du décor. Il nous donne des informations sur l'organisation des transports publics mais aussi sur les conditions de travail, peu enviables, des cochers. (N'oublions pas que la fin du servage en Russie ne date que du 3 mars 1861).
A Saint Petersbourg, le service des transports publics est, en 1888, assuré par différents moyens de locomotion : Les tramways, les omnibus, les voitures de louage à deux chevaux, les fameuses « Drojki » (voiture de louage à un cheval) et, en hiver, les traineaux.
Tramways
La première compagnie de tramways fut créée en 1860.
Elle dessert la « Perspective Nevsky », point de passage de la route Novogrod -Moscou et grande artère de circulation.
Cette compagnie gère trois lignes:
1° Depuis la gare du chemin de fer de « Moscou » jusqu’à la Place de l’amirauté.
2° Depuis la Place de l’amirauté, le long du Boulevard des gardes et par le pont Nicolas, jusqu’à l’embarcadère des bateaux à vapeur de Kronstad.
3° De la grande SadovaÏa, depuis la "Perspective Nevsky", jusqu’à l’église Pakowa.
La compagnie possède 45 voitures ; 35 avec impériales, 9 sans impériales, 1 arrosoir. La traction de tous ces véhicules est assurée par 280 chevaux .
Les chevaux sont changés trois fois par jour.
Le service commence à huit heures et finit à minuit.
La compagnie paye à la ville une taxe de 4% de ses recettes brutes, plus une redevance par cheval.
La seconde compagnie est fondée en 1874.
Elle exploite un réseau de 83 kilomètres. Hormis la ligne du "corps forestier" assurée par une machine à vapeur, l’ensemble de la traction des autres lignes est assuré par les chevaux.
La compagnie possède 341 voitures ; 201 avec impériales, 98 sans impériales, 27 ouvertes, 15 plates-formes pour l’enlèvement des neiges. La traction est assurée par 1418 chevaux et 6 machines à vapeur.
Les chevaux sont relayés trois fois par jour.
En hiver, le service commence à huit heures et finit à 11 heures. Le service va jusqu’à trois heures du matin, durant l’été.
La compagnie paye à la ville 3% de ses recettes.
Pour ces deux compagnies, je n'ai pu trouver d'informations sur les races de chevaux employés.
La troisième compagnie, suburbaine, relie la "gare de Moscou" au village de Ribetzkoe.
La traction des 21 voitures est assurée par 6 locomotives à vapeur. Depuis la gare de Moscou, jusqu'aux limites de la ville, le service se fait par traction à vapeur; de là, il continue avec les chevaux.
Omnibus
Les services d’omnibus n’existent, pour ainsi dire qu’à titre d’exception, sur quelques lignes et sont assurés par des entrepreneurs particuliers pour chaque ligne. Sur les lignes de la "gare de Moscou" à la Place de l’amirauté, ainsi que de la Perspective de Nevsky à la 8° ligne de la deuxième compagnie, les omnibus ont un parcours parallèle à celui de la 1° compagnie de tramways. En été, le service se fait avec de petits omnibus de 12 places, en hiver, avec des traineaux contenant le même nombre de passagers. Les deux autres lignes sont assurées par des omnibus à six places, menés par un seul cheval.
Les omnibus à impériales ne seront mis en service que plus tardivement.
"Perspective Nevsky à Saint Petersbourg". A noter; à gauche, la ligne de stationnement des drojkis, au centre deux omnibus et à droite la ligne de tramway.
Voitures de louage
Contrairement aux grandes villes européennes; Paris, Londres,..., les grandes compagnies de location de voitures n'ont pu s'imposer. Les deux compagnies, qui, quelques années auparavant, proposaient des coupés, calèches et, plus tard, des cabs anglais, ont déposé le bilan bien avant 1888. Il ne reste donc que des loueurs privés offrant au public des voitures à deux chevaux et des voitures à un cheval.
Les voitures à deux chevaux
Les voitures à deux chevaux, coupés, calèches, landaux, … stationnent à des places que la ville met aux enchères, dans les cours des loueurs, situées dans les parties centrales de la ville, et devant les gares des chemins de fer.
Les prix aux enchères pour les stationnements sont plus ou moins élevés suivant qu’ils sont situés dans les parties les plus centrales de la ville.
La ville impose aux loueurs un règlement de police relativement contraignant. Les voitures fermées, les calèches, les landaus, doivent avoir :
1° Des lanternes avec numéros sur les verres ou autres parties.
2° Un tapis sur le fond de caisse.
3° Une poignée à l’intérieur et à l’extérieur des portières.
4°Un cordon d’appel ou un timbre dans l’intérieur.
5° Des brassières.
6° Des châssis avec glaces aux portes et sur le devant de la caisse, en outre des châssis à demi-rond des côtés.
7° Des rideaux à tous les châssis. .
Calèches, victorias, traîneaux... sont également proposés par certains loueurs, attelés de manière spécifiquement russe; en troïka. (Type d'attelage dont nous vous avons déjà présenté la technique dans l'article Troika.)
Ces voitures de place sont de bonne qualité et sont louées à l'heure ou à la journée, plutôt qu'à la course.
"Ce sont des voitures à quatre places, des coupés et des calèches. Les chevaux de ces espèces de fiacre sont en général bien entretenus; il y en a même qui ne cèdent en rien aux chevaux des particuliers" -Guide classique du voyageur-
Comme pour les voitures à un cheval, il n’existe pas de tarification. Le prix de la location se discute à l’avance entre le loueur et le voyageur.
"Le prix doit être débattu d'avance avec le cocher car il n'existe point de tarif à cet égard et ce prix varie d'ordinaire selon l'espèce d'équipage, son élégance et la bonté des chevaux. D'ailleurs, la demande de l'isvoschik (cocher) est toujours excessive; il ne faut pas craindre d'en rabattre un tiers surtout si on est étranger" -Guide classique du voyageur-
Les voitures à un cheval
Pour les voitures à un cheval (Drojki** en été, traîneau en hiver), il n’existe pas non plus de compagnies, mais seulement des loueurs qui ont de 10 à 30 chevaux, ou même des cochers propriétaires qui ont 1 ou deux chevaux qu’ils conduisent eux-mêmes. Le nombre de ces derniers est de 12500 en été et, en hiver, il s’élève à 14000. Les voitures à un cheval stationnent dans toutes les rues, le long des trottoirs, des boulevards, aux gares de chemin de fer, aux abords des théâtres,..., et paient un impôt à la ville.
Ces véhicules sont identifiés par une plaque, portant un numéro, fixée sur le dossier de chaque voiture, drojki ou traîneau.
Le règlement de police de ces petites voitures, ne transportant qu'un ou deux passagers, ainsi que celui des traîneaux est drastique ;
Pour les drojkis
1° Le drojki doit être sur ressorts, avec ou sans capote, mais il doit avoir un tablier imperméable.
2° La hauteur de la capote doit être au moins de 1 m 10 prise au milieu du siège.
3°Les ailes doivent être d’une seule pièce et fixées à la caisse du drojki, le plus près possible, sans laisser d’intervalles.
4°Les bras et les dossiers doivent dépasser le coussin du siège d’au moins 9 centimètres.
5° Le marchepied de la caisse doit être sillonné de rainures, ou recouvert d’une étoffe non glissante. Sa hauteur, au dessus du sol, doit être, au plus, de 0,36 m, sa largeur d’au moins de 0m25 et la profondeur de 0m18.
6°La longueur du siège entre les bras doit être, sur le devant, d’au moins 0 m 90, la hauteur de caisse, du fond à la surface du coussin, de 0,45m.
Comme pour les traîneaux, ces voitures sont attelées à la manière traditionnelle russe. Les brancards sont attachés en leur extrèmité au collier du cheval. La caractéristique duga les maintient écartés.
Pour les traîneaux.
1° Les traîneaux doivent être en creux.
2° Le siège du cocher doit être séparé des autres parties du traîneau par une cloison en bois ou une séparation en peau ou autre matière.
3°, 4°,5°, (Toutes les côtes du traîneau y sont précisées)
Sur le plancher du traîneau, il doit y avoir une couverture mobile en tapis ou en feutre.
D’après Georges Deniau ; « les cochers de ces voitures doivent rapporter à leur « maître » une somme fixe tous les jours ; ils gardent le surplus pour eux dans les bonnes journées et ajoutent ce qui manque à la taxe dans les mauvaises. »
Il y a des cochers qui font le service de jour commençant entre 8 et 10 heures et finissant entre 23 heures et minuit, d’autres font le service de nuit sortant à partir de 20 heures, 21 heures et rentrant entre 8 et 10 heures le lendemain.
Durant leur très long service, les cochers vont généralement une ou deux fois dans les traktirs (auberges) pour manger, boire le thé et faire reposer leurs chevaux. Ces traktirs ont de vastes cours avec mangeoires pour les chevaux. Ceux ci sont gardés par les domestiques de l’auberge qui leur donnent à boire et qui reçoivent quelques kopeks pour salaire.
La tenue des cochers
Ce costume se compose :
-D’une grande houppelande, en gros drap bleu de piètre qualité, Ce vêtement couvre complètement le cocher, du cou aux talons. La taille est très courte et se termine par une ceinture faite en une espèce de galon de différentes couleurs. Ce vêtement, bordé de fourrure, est rembourré, par endroits, d’une couche de ouate assez épaisse et a les revers croisés.
-D’un chapeau grossier, en feutre noir et à forme spéciale, rappelant vaguement le chapeau haut de forme. Certains cochers portent un bonnet russe en fourrure, ou un bonnet carré et bas de forme.
Cette tenue est complétée par une plaque de cuivre gravée d’un numéro que le cocher porte dans le dos.
Il m'a été difficile de discerner les races utilisées spécifiquement à chaque moyen de locomotion; tramways, omnibus,.... Celà s'explique par un manque de données mais aussi de la pratique des propriétaires de haras d'avoir recours massivement à divers croisements pour les chevaux de service.
"En Russie, les propriétaires de haras ont souvent pour but non seulement de fournir des chevaux de somme à l'agriculture et des chevaux de charge, mais aussi d'élever des chevaux , soit grands, soit petits, pour la cavalerie ou pour les courses de ville (chevaux de voitures, chevaux de selle). Comme chevaux de somme, on emploie généralement des chevaux de petite taille de type pur sang. Pour la selle, le harnais, en un mot comme chevaux de ville, on se sert de métis..." -Georges Deniau-
Texte :
Figoli
Photos
Coll privées, Tramway russes, Tradition Fahrkrunst, figoli.
Documentation (coll. Figoli)
Les chevaux et l’organisation des services publics en Russie / Georges Deniau en 1889
Guide classique du voyageur / Marchand
La Russie et les Russes dans la fiction française
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* Les lecteurs qui voudraient comparer cette organisation des transports publics avec ceux de Paris peuvent consulter les articles :
Qand les rues de Paris comptaient 80000chevaux chaque matin
La compagnie générale des Omnibus
Location de chevaux et de voitures de luxe au XIX° siècle
**Drojki s'orthographie également Droshki