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Voitures Ehrler à l’Exposition universelle de 1867

 

Voitures "Ehrler"

 

à l’Exposition universelle

 

de 1867

 

 

Voitures Ehrler à l’Exposition universelle de 1867

Nous trouvons souvent, dans les concours de tradition ou dans certaines collections, une certaine unité de couleur et de décoration des voitures présentées. Cela est contradictoire avec les descriptions anciennes de véhicules hippomobiles. Celles-ci nous montrent qu’il n’y avait pas de règles et que ces voitures présentaient une très grande diversité de décoration ; se référant aux modes, certes, mais surtout correspondant au goût des acheteurs. Un bon exemple nous en est donné avec les voitures proposées par la maison Ehrler à l’Exposition universelle de Paris de 1867. Nous trouvons ces informations dans un article de Auguste Luchet, paru dans le Monde illustré du 27 juillet 1867.

L’auteur fait précéder ces descriptions de quelques informations générales sur la situation de la carrosserie française à la fin du règne d'un homme féru de beaux équipages; Napoléon III.

 

 

Napoléon III aux guides

Napoléon III aux guides

 

Extraits du texte d'Auguste Luchet

 

 

« La carrosserie est encore une branche dans laquelle nous pouvons avoir des rivaux, mais de supérieurs point.

Les belles voitures se font à Paris beaucoup, et un peu à Lille, à Bordeaux, à Lyon, à Toulouse, Caen, Abbeville, Colmar et Boulogne-sur Mer. Chaque année en donne cinq mille, qui valent à peu près 15 millions ;

-landaus, calèches, coupés de ville.

-les victorias, les phaétons, les américaines, etc.

- les omnibus.

Puis

- les voitures de campagne, que l’on fait partout et qui varient de formes, selon l’usage et l’espèce de chemin

-enfin les voitures de louage, de place, etc.

«  La production totale d’une valeur de 35 à 40 millions dont une partie est exportée en Espagne, en Egypte, au Portugal, en Turquie, en Russie en Amérique et même en Angleterre.

Pour l’importation, elle se fait si peu que c’est comme si elle ne se faisait pas. … Ajoutons que toutes les matières dont se compose une voiture sont de fabrication française. Nous avons les ressorts, les vernis qui, avant, venaient d’Angleterre et,  bien sûr, bois, fer, acier, cuir, drap, galons, étoffes de laine, étoffes de soie, crins, maroquins, couleur. Qu’est ce qui nous manque? Où sont plus habiles que nos charrons, menuisiers, forgerons, serruriers, selliers, bourreliers, tapissiers, passementiers, lanterniers, peintres sculpteurs laqueurs? »

 

Après cette mise  en exergue de la qualité professionnelle et artistique de tous les corps de métier du secteur de la carrosserie de luxe, l’auteur spécifie l’utilisation et les limites de la mécanisation.

" Les machines dont on a tant fait peur, ne peuvent que dans les modèles très répétés, comme par exemple, ceux des voitures publiques, wagons omnibus ou autres et les petites boîtes roulantes qui font l’empire rude de M Ducoux ( nom du directeur gérant de la compagnie des voitures de place).

Quant à la belle voiture de ville, cette richesse, elle suit la mode et change avec elle, ayant toutefois pour garde et pour guide le goût sûr et la science des grands fabricants. Ce mouvement est salutaire au progrès ; c’est pourquoi, et les commissions le constatent depuis 25 ans de jour en jour, nos voitures sont mieux faites, plus solides, mieux fabriquées, plus commodes ; leurs modèles plus variés, plus appropriés ; comme, aussi, la fabrication en est devenue plus prompte, grâce à un outillage meilleur et à la distribution plus logique du travail. Faut il dire, en outre, qu’il est peu de branches où l’ouvrier soit aussi intelligent ? Pauvre cher travailleur, faire si bien des choses dont lui et les siens ne se serviront jamais.."

L’article continue par la présentation de la maison Ehrler.

" Dans cet art, parisien entre tous, sans contredit, M. Ehrler est un roi. Sa maison, qui existe depuis quarante ans, était déjà très honorée lorsque le président de la république, qui se connaissait en équipages, le prit, en 1848, pour fournisseur de ses voitures de ville et de ses voitures de cour. Il l’est toujours resté ensuite (à l’installation du second empire) et, magnifiquement, à des titres que personne ne conteste.

 

Equipage à la Daumont du prince président

Equipage à la Daumont du prince président

 

Quelques noms sont encore des garanties chez nous, bien que l’industrie s’y gâte, et qui dit voiture Ehrler dit voiture bonne et belle en tout point "

Après avoir indiqué les noms des nombreuses sommités internationales ayant utilisé les voitures du carrossier, Auguste Luchet présente les voitures qui ont permis au carrossier de recevoir la médaille d’or de l’exposition. Cette présentation nous donne de très intéressantes informations sur la mode décorative des voitures, à la fin du second empire.

M Ehrler. Expose quatre modèles.

 

Grand Coupé de ville

 

Voitures Ehrler à l’Exposition universelle de 1867

 

Un grand coupé de ville à flèche, monté à soupente sur huit ressorts. Caisse havane à moulures noires, armes ducales en camaïeu sur les panneaux. Train noir et rechampis havane (sorte de couleur bronze tabac), plaqué très riche en argent ciselé. Housse en drap blanc et velours, avec armes en argent mat. Intérieur en soie de couleur de la caisse. Cette voiture, d'un campement superbe, doit avoir la douceur d'un ballon.

 

Landau à flèche

Voitures Ehrler à l’Exposition universelle de 1867

 

Un landau à flèche, monté de même. Caisse vert-olive à moulure noire, armes en camaïeu. Train noir plaqué de noir. Intérieur en drap et maroquins noirs ; les galons verts.

 

Coupé Dorsay

Voitures Ehrler à l’Exposition universelle de 1867

 

Un coupé Dorsay à flèche sur huit ressorts comme les deux autres. Très élégant. Caisse jaune avec moulures noires. Train noir à rechampis bleus. Plaqué noir, excepté les poignées et les chapeaux d’essieu qui sont en cuivre. Intérieur en drap et satin bleus.

 

Cabriolet

Voitures Ehrler à l’Exposition universelle de 1867

 

Et enfin un cabriolet (elle revient cette jolie voiture rajeunissante !) à deux roues et soupente sur six ressorts. Caisse peinte comme celle du landau. Train noir rechampi en jaune foncé ; filets jaunes détachés ; un filet blanc borde la bande jaune. Intérieur en drap et maroquin vert olive. Chef d’œuvre de goût et de légèreté. »

 

 

Vous avez surement été surpris de découvrir:

-Les étonnantes alliances de couleur de caisses et de train. Diversité, également, dans le garnissage pour les couleurs mais aussi dans les alliances de matières utilisées; soie, drap, maroquin,...  

-la complexité des rechampis, filets…

A noter, par exemple, ces surprenants trains noirs qu’Ehrler avaient déjà proposés quinze ans auparavant. En effet, dès 1853, il vend à la maison de l’empereur un petit coupé dont caisse et train sont peints en noir et dépourvus du moindre rechampissage.

Récapitulatif de facture de la maison Erhler pour Novembre 1853 (source Archives Nationales)

Récapitulatif de facture de la maison Erhler pour Novembre 1853 (source Archives Nationales)

 

L'examen de la facturation de Erhler à la maison impériale fait ressortir un panel assez divers de couleurs, de rechampissages et de garnitures. Eh oui! Même les véhicules de la suite impériale n’étaient pas tous peints de couleur vert empire*

Ces exemples de la grande originalité et diversité des peintures et garnitures ne sont pas spécifiques à la maison Ehrler et sont assez représentatifs des réalisations de l’ensemble des carrossiers de luxe.

La reine Victoria et l’impératrice Eugénie dans le parc du château de Compiègne dans un grand duc attelé à la daumont. J AudyV

La reine Victoria et l’impératrice Eugénie dans le parc du château de Compiègne dans un grand duc attelé à la daumont. J AudyV

 

.Cependant, de par son statut de fournisseur attitré de l'empereur, on peut estimer que Ehrler avait une influence sur "le goût du jour" (la mode). La raison en est l'importance du statut de fournisseur officiel qui lui donnait la main sur l'ensemble de la gestion du parc hippomobile de la maison impériale. Cette fonction allait de la révision à la réfection totale, en passant par la location et la vente de voitures neuves ou d'occasion. 

 

 

 

En tête d'une facture Ehrler adressée au grand écuyer en 1853

En tête d'une facture Ehrler adressée au grand écuyer en 1853

Vente de voitures

Il vendait, certes, des voitures neuves de gala, de ville, ou de service comme ce coupé mais aussi des voitures d’occasion, qu’il remettait totalement en état. A noter que Ehrler n'avait, cependant, pas l'exclusivité de la vente de voitures aux écuries de l'empereur, qui avaient également d'autres fournisseurs; Brune,... 

 

Loueur de voiture

Dans les facturations de 1853-59, on trouve régulièrement dans les factures, adressées mensuellement au grand écuyer, la mention de voitures louées .

 

Restauration des voitures historiques

C’est Ehrler qui, à l’occasion de la célébration du sacre, a transformé les anciennes voitures historiques de la cour de Napoléon ou de Charles X, conservées au Trianon par Louis Philippe, en voitures aux goûts et aux armes de Napoléon III: 

La voiture du sacre, la voiture dite de baptème, la Topaze, la Turquoise, la Victoire, la Brillante, la Cornaline, l'Hamétiste, l'Opale pour une facturation globale de 164733 (relevé de facturation conservé aux archives nationales).     

 

Mariage de Napoléon III avec Eugenie de Guzman

Mariage de Napoléon III avec Eugenie de Guzman

 

Maintenance des véhicules de la maison impériale 

Cette fonction englobait la révision régulière des voitures: graissage des trains, remplacement des pièces endommagées; timons volés,…, réparations diverses, fourniture d’accessoires. Ces révisions pouvaient s’intégrer dans le cadre du suivi quotidien mais également au retour d'une utilisation intensive comme les grands voyages officiels des membres de la cour. A ces occasions, la maison Ehrler s’occupait aussi du décrottage et du nettoyage de la voiture avant d’engager la révision.

Pour le seul mois de février 1853, la facturation faisait apparaître, en plus des frais de location d’un petit coupé et la fourniture d’accessoires, des frais d’entretien plus ou moins conséquent sur 26 voitures; 1 Dorsay, 5 coupés, 2 landaus,1 coureuse, 5 calèches, 1 phaéton, 1 cabriolet, 3 cabriolets à quatre roues, 2 fourgons, 1 droschky, 1 break, 2 berlines, 1 curricle. Tout au long de cette année 1853, nous retrouvons des factures mensuelles d’une importance équivalente. (sources: archives nationales)  

Ces travaux de maintenance pouvaient aller jusqu’à une réfection totale de la voiture pour l’adapter aux nouvelles modes du moment.

Quelques types de voitures utilisées à la cour, extraites de l'article: Les voitures des écuries de Napoléon III.Quelques
Quelques types de voitures utilisées à la cour, extraites de l'article: Les voitures des écuries de Napoléon III.QuelquesQuelques types de voitures utilisées à la cour, extraites de l'article: Les voitures des écuries de Napoléon III.Quelques
Quelques types de voitures utilisées à la cour, extraites de l'article: Les voitures des écuries de Napoléon III.QuelquesQuelques types de voitures utilisées à la cour, extraites de l'article: Les voitures des écuries de Napoléon III.Quelques

Quelques types de voitures utilisées à la cour, extraites de l'article: Les voitures des écuries de Napoléon III.Quelques

 
Ce récapitulatif de facturations montre l’extraordinaire diversité du parc hippomobile de la cour (voir larticle: Les voitures des écuries de Napoléon III),
d'où un impact financier et de notoriété sur la maison Ehrler.
Mais ce marché devait s’entretenir ce qui englobait quelques petits cadeaux  comme cette petite calèche offerte par Ehrler au prince impérial.
Voitures Ehrler à l’Exposition universelle de 1867

Texte.

Patrick Magnaudeix

(Figoli)

 

Documentation.

Le monde illustré du 27 Juillet 1867 "courrier de l'exposition universelle,….col  personnelle

Comptes 1853-1859 des écuries impériales conservés aux archives nationales.

...

 

*Malgré la grande affection pour cette couleur verte de nos restaurateurs et collectionneurs, dès qu’il est question d’une voiture de cette période et quelque soit son origine profane ou impériale. 

 Montpezat

Montpezat

 

 

 

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J
fantastisch tres belle information <br /> <br /> carriages J K Berkhof <br /> Holland
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