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Par figoli
Cet article est la suite de "Quelques éléments sur la suspension des voitures (1)
Quelques éléments sur la suspension des voitures (2).
En 1662, le Hollandais Huyggens fait état, dans la correspondance à son père, de ressorts composés de trois lames d’acier. Il avait vu ce projet sur un dessin envoyé par son père qui résidait à Paris. Ce dessin provenait sûrement du « service des écuries du Roi », qui fournit au Roi une première calèche dotée de ce dispositif, nommé coin de ressort, en 1665.
Il s'agit d'un ressort court, légèrement cintré, positionné dans les angles de la caisse. Les aciers utilisés, composant les « feuilles » (lames) du ressort, provenaient de Hongrie. Il peut être simple ou double comme ceux de cet imposant carrosse de 1708, propriété de la reine Maria Anna d’Autriche.
Cet agrandissement permet de mieux distinguer ces ressorts intégrés dans une structure dite main de ressort, reliant l'ensemble à la suspente.
Cette photographie du train avant d'un carrosse de la couronne portugaise, datant de 1715 et exposée au musée de Lisbonne, permet d'observer l'ensemble de la suspension.
Vue d'ensemble de la suspension avec ressorts de coin sur ce carrosse de la couronne portugaise, de construction française, exposé au musée des carrosses de Lisbonne.fixation
L'efficacité de ce type de suspension, par ailleurs très onéreux, est assez relative. L'acier n’acquit donc le monopole de la suspension que plus tardivement. Vers 1710, les berlines remplacent les carrosses et vont bénéficier progressivement de nouveaux modes de suspension.
C’est Dalesme (1643-1727), expérimentateur de l’Académie royale des sciences, qui révolutionne la carrosserie en inventant le ressort droit à lames qui porte son nom. Son invention n'est appliquée que très tardivement, vers 1740, dans la suspension des berlines. Le ressort droit est soutenu, en son milieu, par un arc boutant.
L’utilisation de lames donna naissance à de nombreux types de ressorts :
Ressort à fouet :
Développé assez rapidement par les carrossiers anglais, c’est une déclinaison du ressort à la Dalesme. Il a une forme en S.
Berline coupée conservée au musée de Vienne. Carrossier : Johan Georg Magis, Sellier :Peter Kaufman.
Sur cette voiture on peut distinguer, en complément des ressorts en fouet, des ressorts dits à boudin. Ceux-ci, placés entre deux soupentes, augmentent la souplesse de la voiture.
Ressort à la Polignac :
Ressort courbe dérivant du ressort à la Dalesme et soutenu, comme lui, par un arc-boutant métallique. Il préfigure le ressort en C .
Le ressort en C :
Ces ressorts sont l’ultime évolution des ressorts au 18° siècle. Ils améliorent nettement le confort de la voiture.
Sur les voitures à deux roues, des ressorts d’essieux reprendront cette forme courbe.
Le ressort à pincette ou ressort elliptique:
Comme beaucoup des inventions liées aux suspensions, il y a un écart de plusieurs années entre son invention et sa généralisation. Créé, en effet, par O. Elliot en 1805, il ne se généralisera qu’aux alentours des années 1830-1835.
Le ressort à pincettes est formé de deux ressorts droits dont les convexités sont tournées l'une vers l'autre. Il est nommé demi pincette quand le ressort supérieur est coupé après son milieu, pour être fixé, par l'intermédiaire d'un moutonet, à la caisse.
Les modèles de mains d'articulations, de formes des feuilles sont multiples. Ils répondent aux exigences techniques et esthétiques des carrossiers.
Le ressort droit :
Il est composé de la superposition de plusieurs lames de forme cintrée et de longueur décroissante. Il est dit ressort d'essieu quand il est fixé à l'essieu.
Voici d'autres modèles de ressorts, d'origine américaine
Le ressort droit est aussi intégré dans différents montages.
Ainsi le montage en « châssis », composé de quatre ressorts droits, que l'on nomme montage télégraphe en Angleterre.
En France, le montage télégraphe correspond à un ensemble composé seulement de trois ressorts droits.
Ces « compositions » de ressorts peuvent être très complexes comme sur ce phaéton de Kellner à 16 ressorts, couplant montage en châssis, ressort elliptique,....
Voici un autre montage sur ce Mail Phaéton 12 ressorts de chez Erhler ; collection Martignoni.
Bien sûr, nous ne pouvons terminer cette présentation sans parler du montage à 8 ressorts, couplant ressorts en C et pincettes.
Les carrossiers ont continuellement cherché à améliorer le confort de leurs voitures, jusque dans les moindres détails. Ainsi, en 1878, le carrossier belge Van Aken présenta un landau huit ressorts, dont les ressorts à pincette étaient équipés de bobines de caoutchouc, amortissant les chocs et limitant le bruit. De nombreuses autres inventions furent imaginées, mais ne furent pas réalisées ou se révélèrent inefficaces.
D'autres n'ont eu qu'une courte vie comme ces voitures dont les rais consistaient en des lames de ressort.
La recherche s’est relancée avec le renouveau de l’utilisation de l’attelage. Les innovations se multiplient; ressort à boudin, à air, …et ce n’est pas fini. Mais comme le préconisait ce dessin de la revue Achenbach de 1980, le pire est peut être à venir.
Pourtant, il est difficile pour nos concepteurs de dépasser le ressort à lames qui est encore largement prioritaire dans nos voitures contemporaines.
Et, au cas où vous ne seriez pas satisfait de votre suspension, voici les travaux d’entretien, proposées en 1879 par Binder Ainé.
Vous trouverez l'ensemble des travaux d'entretien que proposaient les grands carrosssiers dans l'article Listing des travaux à faire sur une voiture par... "Binder Ainé"
Texte
Patrick Magnaudeix
Bibliographie pour les deux parties:
Chars, charettes, et charrois Lâszlo Tarr. Ed:Aux quais de Paris
L'invention des ressorts de voiture de Max Terrier. Ed: Persée
Voitures hippomobiles de Jean Louis Libourel. Ed: Le Patrimoine
L'art de conduire et d'atteler de Faverot de Kerbrecht
Un siècle de carrosserie Française de Jean Henri Labourdette. Ed: Edita Lazarus
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