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L’article à suivre est le premier d’une série de 3 communications retraçant l’histoire de la Manufacture de voitures Rétif à Sancoins (Cher). Cette synthèse, totalement inédite, s’appuie sur un travail de recherche lissé sur d’une dizaine d’années, mené essentiellement aux Archives départementales du Cher. Environ 1200 documents ont été consultés et compilés : actes d’état-civil, actes notariés (l’essentiel du corpus), documents fiscaux (Cadastre, Hypothèques, Enregistrement), recensements de la population, dossiers préfectoraux (enquêtes et statistiques, correspondance officielle…), articles de presse, cartes postales (début XXe siècle), campagnes photographiques (années 1990 à 2010), publicités, courriers à entête… Les archives de l’entreprise n’existent plus et la mémoire locale (restreinte) livre aujourd’hui des informations partielles, parfois erronées. Quelques initiatives du milieu associatif ont heureusement permis la sauvegarde d’éléments précieux. Les textes proposés ici n’ont pas d’autre ambition que de restituer (avec bien des lacunes, des « omissions » délibérées et des actes succinctement résumés) le parcours d’une famille de carrossiers, partie de peu vers 1845 dans un bourg rural à l’écart des grands axes de communication, parvenue à une excellence et une reconnaissance internationales… avant de décliner et disparaitre à l’orée de la Seconde Guerre mondiale. Il conviendra bien sûr, d’en compléter la teneur (résolument factuelle) par des lectures historiques et techniques. Une ultime précision : tous les avis et les apports seront les bienvenus.
La manufacture de voitures Rétif
(partie 1/3)
Rétif à Sancoins, un des grands noms de la carrosserie provinciale. Cette maison, de renomméenationale pendant presque un siècle, a été avec la métallurgie, la porcelaine, la construction mécanique, un pilier des arts industriels berrichons.
« Nous changeâmes de chevaux à Sancoins, petite ville de 4 000 âmes. Je fus fort étonné d’y voir un bâtiment considérable, qu’en réponse à ma question, on me fit connaître pour une fabrique de carrosserie. Un peu plus loin, la voiture s’arrêta devant un grand et fort beau magasin, il était rempli de charmantes voitures de tous genres, mais particulièrement destinées à la promenade, n’étant pas couvertes. Il y avait en outre des harnais et des selles très bien faits, j’en fis mon compliment au maître de la maison, et je lui témoignai mon étonnement de voir un si bel et un aussi grand établissement fixé dans une si petite ville. Il me dit qu’ayant travaillé longtemps de son état à Paris, il avait eu le désir, il y a quatorze ans, de venir s’établir auprès de sa famille ; il avait eu d’abord une petite fabrique qui a prospéré et s’est augmentée progressivement ; il emploie maintenant plus de trente excellents ouvriers, dont trois sont ses fils, qui se sont aussi perfectionnés à Paris ; l’un d’eux est un très bon peintre en voitures. Le nom du fabricant est Rétif, il n’a pas l’air d’avoir atteint la cinquantaine ; il a encore son père, beau vieillard, et a sept enfants. Ses voitures m’ont paru être aussi bien faites que dans les bonnes maisons de Paris.Ma diligence m’a conduit à La Guerche, tandis qu’une autre voiture appartenant aussi à M. Rétif, aurait pu me conduire à Saint-Pierre-le-Moustier, dans la direction de Moulins, où je voulais me rendre ».
(Comte Conrad de Gourcy, Voyages agricoles en France et en Angleterre, pendant les années 1860, 1861 et 1862, publié en 1864).
La manufacture de voitures Rétif, disparue du paysage urbain et dans la mémoire locale, fut pourtant un fleuron des arts industriels français. La documentation collectée ne nous permettant pas de connaitre le détail de l’installation et les premières années d’activité de l’atelier Rétif, posons précautionneusement quelques jalons.
Les temps obscurs…
Jacques Rétif est né le 4 mai 1822 à Ainay-le-Château (dans l’Allier, bourg rural frontalier du Cher). Son père, Jean, est sellier-bourrelier, il a trois enfants de son mariage avec Jeanne Robrieux. Jacques est l’aîné, il a deux sœurs. Hormis l’information laconique (et frustrante) livrée par Gourcy, on ignore tout des 22 premières années de la vie de Jacques Rétif. Son acte de mariage, le 22 juillet 1844, avec Rosalie (Rose) Sassin, fille d’un marchand drapier (ou marchand-tailleur) bien établi à Sancoins, est le premier document à lui « donner vie » localement. Leur contrat de mariage révèle, pour le marié, la situation modeste d’un artisan sellier sans doute nouvellement installé. Le recensement de la population de 1846 indique que les époux habitent dans la rue principale du bourg et qu’ils hébergent Jean Fioche, carrossier de 14 ans… La première véritable mention d’une activité liée à la carrosserie n’apparait pourtant qu’en 1848sur l’acte de naissance de son fils Ernest. Jacques Rétif, jusque-là sellier y devient sellier-carrossier. En 1851, le couple, ses 3 enfants, une domestique et 2 apprentis (?) sont toujours domiciliés (sans être propriétaire) dans la « Grande Rue ». Une exiguïté certaine des locaux, révélée par le plan cadastral, n’autorise toutefois aucune conclusion sur la nature précise et l’importance de l’activité de l’atelier.
L’entreprenant Monsieur Rétif…
On peut néanmoins la supposer suffisante à nourrir les ambitions de Jacques Rétif. L’épargne du couple ne pouvant sans doute suffire à financer un quelconque développement, le recours à l’emprunt est obligatoire. Entre 1855 et 1862, six prêts, obtenus de particuliers, sont contractés devant notaire pour des montants allant de 1500 à 2500 francs. La répartition exacte des sommes reçues n’apparait pas à la lecture des actes mais on déduit toujours 4 orientations : investissements en fournitures et matériels, opérations foncières et immobilières, construction et aménagements des locaux, remboursement des prêts en cours.
En avril 1859, Rétif achète un terrain face à la nouvelle église (le bourg connait à cette époque de nombreuses transformations),au voisinage immédiat de la mairie et donnant sur un champ de foire jouissant déjà d’une belle renommée. Dans l’hiver 1859-1860, il y fait construire une « grande maison consistant en deux magasins et ateliers de sellier au rez-de-chaussée », une habitation de « plusieurs chambres et cabinets au premier étage, grenier au-dessus, couverte en ardoises ».Le bâtiment est immédiatement assuré contre l’incendie pour un montant de 36.000 francs.
En 1859 toujours, il unifie deux petites propriétés imbriquées (formant une cour « ayant entrée de porte cochère », avec une remise, une écurie, un petit bâtiment servant de sellerie, une maison « récemment bâtie »), situées au chevet de l’église pour y installer les voitures, chevaux et harnais de son « entreprise en voitures publiques ». Ce service de messagerie reste totalement énigmatique quant à son contenu et son fonctionnement faute de documentation. Sa première mention figure dans l’acte de prêt de 1855 mais il a possiblement débuté en 1853 ou 1854 suite à la mise en service d’une gare ferroviaire à Saint-Pierre-le-Moûtier (dans la Nièvre, gare la plus proche de Sancoins, à 17 km)…
Ces trois propriétés permettent désormais à Jacques Rétif de garantir personnellement ses emprunts, jusqu’alors cautionnés par son père et son beau-père.
- La « grande maison » édifiée dans l’hiver 1859-1860 fut le socle de l’extraordinaire ascension de Jacques Rétif. Elle traduit toute l’ambition, l’esprit d’entreprise et le talent de son initiateur. Au rez-de-chaussée se trouvaient (notamment) le magasin et à l’étage un vaste logement pour la famille.
Un nouvel achat, décisif, intervient en novembre 1861 : un terrain de 2 ares situé à environ 200 mètres de son établissement, au bord de la route de Saint-Amand-Montrond (sous-préfecture du Cher). Si la parcelle fait face au collège, il faut bien préciser que le quartier est encore peu construit, les prés et autres jardins y sont vastes.
Deux grands bâtiments y sont édifiés au printemps 1862. Sans plus de précision, on apprend d’un acte hypothécaire postérieur, que le premier « élevé d’un étage » donne sur la route et que le second, derrière, « abrite des ateliers »… Par le recensement de 1861, on sait que Rétif emploie 1 forgeron, 3 charrons, 4 selliers, 2 serruriers, 2 peintres en voitures. A l’exception d’un peintre et d’un sellier, tous ont moins de 25 ans. Deux sont les neveux de Jacques Rétif.
Faire voir, faire savoir
En 1863, Rétif dépose le brevet « d’invention » (?) d’un modèle de voitures à 2 roues dites Bourbonnaises. Dans son mémoire descriptif, il se propose d’alléger autant que possible le poids de la voiture (notamment par des ridelles en jonc canné montées sur châssis) sans rien retirer de sa solidité ni de son élégance. Cette voiture « à deux banquettes donne quatre places dos-à-dos ou de face et, quoique sa fabrication s’attache surtout aux voitures de chasse, il en réserve le principe pour toute autre voiture ».
– Sur le dessin joint au mémoire descriptif du brevet déposé en 1863, la voiture dite Bourbonnaise de Jacques Rétif présente de grandes similitudes avec la petite voiture des laitières de la région de Vichy…
Dans la décennie 1860-70, la Maison Rétif participe à un très grand nombre d’expositions où ses productions sont souvent récompensées. Sa réputation grandit vite, dépasse les frontières régionales. La presse ne manque pas de rapporter les succès.
Au concours régional d’Auxerre en 1866, par exemple, « M. Rétif a envoyé divers spécimens parmi lesquels on remarque un chariot à deux fins, garni de bancs très bien rembourrés, assez longs et larges pour recevoir une famille entière, qui peut encore servir à transporter 3.000 kg de fourrage. Le prix n’est que de 700 francs. ». En 1866 toujours, au Concours régional de Châteauroux, dans la catégorie des véhicules destinés aux transports ruraux, il reçoit une médaille d’or pour une charrette et une médaille d’argent dans la catégorie harnais agricoles. Cette même année, la presse berruyère fait l’éloge de la « brillante » voiture à compartiments conçue pour la livraison des produits laitiers et des primeurs d’une fameuse exploitation locale.
La fabrication de harnais est un secteur encore actif de l’atelier au début des années 1860 mais il semble totalement disparaitre vers 1867… Le revers subi en 1863-1864 en serait-il la cause ? A l’exposition régionale de Nevers en 1863, Rétif expose un collier de sa fabrication pourvu d’un système de dételage rapide (dit « instantané »). Or, un brevet pour un système en tout point identique a été déposé en 1860 par le sieur Glatard de Roanne qui en fait une promotion et un commerce notoires. L’affaire est portée en justice. Le tribunal de Nevers déboute Glatard mais celui-ci fait appel. La Chambre correctionnelle de la Cour impériale de Bourges lui donne raison et condamne Rétif le 7 janvier 1864 pour contrefaçon, à la saisie du collier, 300 francs de dommages avec intérêts et le paiement de la publicité du jugement dans 5 départements…
La participation à l’Exposition internationale de 1867 constitue un tournant décisif. Rétif obtient une médaille de bronze pour ses « charrettes à ressorts pour menus transports ».
Un article postérieur (Le Guide du Carrossier, 1899) rapporte : « le bon marché de ses voitures lui ouvrit immédiatement de nouveaux débouchés, et on peut dire que c’est de l’île de Billancourt, où figuraient les produits agricoles, que partit cette réputation qui devait, par la suite, s’étendre dans tous les pays où existe l’usage des voitures. Quelques carrossiers avisés, parisiens et autres, demandèrent à l’exposant de leur construire des voitures légères et bien appropriées aux besoins de la campagne pour leur clientèle provinciale. Tel fut le point de départ d’un essor qui n’est pas encore arrêté ».
La gamme des productions semble ensuite s’étoffer comme en témoigne la présentation en 1868 à l’Exposition Maritime Internationale du Havre d’un break-omnibus « très remarqué ». L’année suivante, pourtant, « les chariots (…), véhicules à deux fins, qui transportent à volonté les gens de la ferme ou les récoltes sèches du cultivateur » dont « la légèreté et l’élégance s’allient à un bon marché invraisemblable » ont encore les honneurs de l’exhibition de la carrosserie au concours de la Société hippique de Paris.
– Cette double page est la première publicité connue de la Maison Rétif, publiée dans l’Annuaire indicateur des adresses de Bourges en 1864.
Investir, toujours…
A partir du milieu des années 1860, les développements successifs de la manufacture deviennent sensiblement mieux documentés. L’ouverture, en août 1864, d’un crédit auprès d’une banque locale à hauteur de 10.000 francs (fournis au gré des besoins de l’emprunteur) répond à l’acquisition à l’automne 1863 d’un terrain jouxtant les nouveaux ateliers et témoigne de leur essor : construction, approvisionnements, embauches (?).
En avril 1868, un emprunt de 25.000 francs contracté au Crédit Foncier de Francepuis une ouverture de crédit auprès de la Caisse commerciale de Nevers pour 35.000 francs sont à rapprocher de trois achats de terrains, mitoyens des ateliers, en 1870, 1874, 1876.
L’acte conditionnel du prêt de 1868 comporte une intéressante description du site : « un bâtiment longeant la rue de Saint-Amand dans lequel sont les ateliers de fabrication de voitures, ayant un étage qui sert de magasin, un petit magasin derrière, cour à la suite, un autre bâtiment faisant magasin de bois, au-delà un autre bâtiment servant de magasin de voitures et enfin un bâtiment servant d’atelier de peinture, un autre pour étuve, jardin longeant une partie des ateliers par derrière (superficie de 16 ares 70 centiares) ».
Le carrossier assure contre l’incendie ses immeubles et leur contenu pour 182.000 francs dont la maison et le magasin face à l’église pour 69.000 francs (25.000 francs pour les voitures fabriquées, objets de sellerie et de carrosserie, literie, articles de voyage), 9.000 francs pour la remise des voitures publiques, ses écuries et la sellerie, 31.000 francs pour les ateliers, 25.000 francs pour les voitures contenues, 15.000 francs pour les outils de charronnerie, menuiserie, de forgeron, soufflets, roues, caisses et bois travaillés ou de travail, 3.000 francs pour les divers objets de quincaillerie servant à la fabrication des voitures, 3.000 francs pour les bois de travail, 2.000 francs pour la peinture, le vernis et divers ustensiles à usage des peintres.
9 - Plan des bâtiments de la manufacture:1 -Atelier de fabrique de voiture. Charronnerie, carrosserie et forge, 2 - Petit magasin, A – Cour, 3 - Magasin de bois, 4 - Magasin de voitures, 5 - Atelier de peinture, 6 – Etuve. (Dessin réalisé d’après un croquis joint à la police d’assurance souscrite auprès de la Compagnie Générale d’Assurance, 8 janvier 1868)
Parallèlement, Jacques Rétif a aussi acquis, à titre personnel, en 1863 et 1866, deux propriétés contiguës, à quelques dizaines de mètres de sa manufacture, sur lesquelles il fait construire deux confortables habitations avec jardins, appelées les « Chalets ». Une d’entre elles devient la demeure des époux Rétif.
Un domaine au lieu-dit « La Pointe »(à la sortie du bourg, route de Saint-Amand) composé d’un corps de bâtiment, deux écuries, une cour, un jardin avec puits, un terrain attenant et trois prés est aussi acquis en juin 1876.
Etat des propriétés professionnelles de Jacques Rétif en 1877. En 1 - la « grande maison », en 2 - le service des voitures publiques (écuries, sellerie, remise, un logement), en 3 - les ateliers.
Remplaçant une locomobile Gérard (Vierzon), une première machine à vapeur fixe offre en 1877, la possibilité d’un nouvel outillage et d’un nouveau mode de production, résolument industriels.
Industriel ! Jacques Rétif a bel et bien quitté l’artisanat lorsqu’il figure, en août 1877, sur la liste des treize personnalités arrêtée par le Préfet du Cher pour composer une commission chargée d’étudier l’avant-projet de construction d’un chemin de fer d’intérêt local. Sept sont des industriels locaux majeurs, d’envergure nationale dans les secteurs de la métallurgie, du tannage, de la porcelaine…
Ainsi se présente la manufacture de voitures Rétif à Sancoins, en 1878, à la veille de l’association de Jacques Rétif à ses deux fils Emile et Ernest…
A suivre
Etienne Petitclerc
Sancoins est un des principaux bourgs du Val d’Aubois, une zone bocagère, située à l’est du département du Cher, longeant au sud le cours de l’Allier depuis la vallée de Germigny et celui de la Loire, ensuite, jusqu’au Sancerrois. Cette région, relevant de l’ancienne province du Berry, possède une longue tradition sidérurgique, attestée dès l’époque médiévale, fondée sur d’abondantes ressources minérales, forestières et hydrauliques. Dans la première moitié du XIXème siècle, le secteur sidérurgique prospère grâce au percement du Canal de Berry (navigable sur la totalité de son parcours en 1841), à son raccordement au canal latéral à la Loire (1839) puisà l’arrivée du chemin de fer une dizaine d’années après. En 1861, plus d’un millier d’ouvriers travaille dans les forges ou à leur approvisionnement.
Victimes du tarissement des ressources locales, de l’intérêt croissant des investisseurs pour d’autres régions, les hauts-fourneaux du Val d’Aubois (Torteron, Grossouvre…) cessent progressivement de fonctionner entre 1860 et 1880.
Un autre secteur industriel prend néanmoins le relais, celui de la terre cuite. Les briqueteries et les tuileries (Perusson-Desfontaines à Sancoins, Sauvard à La-Guerche-sur-l’Aubois…) sont bientôt relayées par la fabrication des chaux et ciments (à Beffes, par exemple). De grands établissements ne tardent pas à naître assurant 14% de la production nationale au milieu des années 1920.
Afin de fixer leur main d’œuvre, d’en assurer un encadrement hygiénique et moral (lutte contre l’alcoolisme notamment), les industriels développent dès 1830 une politique sociale, dite « paternaliste », dont les logements ouvriers sont la principale concrétisation (Grossouvre, Torteron, Jouet-sur-l’Aubois, etc.). Plusieurs ensembles constituent encore aujourd’hui des éléments remarquables du patrimoine bâti régional.
On ne manquera pas de signaler, dans le même temps, une profonde mutation de l’activité agricole, trouvant dans l’assèchement de zones humides et l’adoption de nouvelles pratiques culturales, les conditions d’un bel essor concentré sur l’élevage (bœufs Charolais-Nivernais, chevaux Berrichons et Percherons) et, plus modestement, l’industrie betteravière (sucrerie-distillerie de Laverdines).
La démographie de Sancoins, en quelques repères :
1840 : 2245 habitants, 1861 : 3188 hab., 1876 : 4001 hab., 1886 : 4706 hab., 1906 : 4851 hab., 1911 : 4685 hab.