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Par figoli
Pas la peine de me prendre pour une bille…
à Douceline, dite
“Doudou”
J’ai dix-huit ans.
Chez les humains, ça ferait bien dans les cinquante cinq ans.
Pas la vieillesse encore, vous en conviendrez.
Enfin, je vous dis ça, juste pour que vous compreniez que je ne suis pas née de la dernière couvée.
En clair, on ne me la fait pas.
Ah oui, j’ai oublié de vous préciser que je suis une Welsh crème aux yeux bleus, d‘un assez joli modèle, mais si…
Je ne fais pas mon âge, vraiment.
J’ai baladé des gamins sur mon dos pendant une bonne douzaine d’années, faisant preuve d’une gentillesse ex-em-plaire.
L’équivalent d’une maîtrise de philosophie, m’a-t-on dit.
Je dois reconnaître que j’ai toujours été bien traitée, même si certains humains ont cru raisonnable de m’infliger de fastidieuses et répétitives séances de dressage pour m’apprendre, en quelque
sorte, des choses que je connais naturellement beaucoup mieux qu’eux…
Sainte Patience, priez pour eux.
Laissons les à leurs illusions… ils ont tant à apprendre de nous, les pauvres, et sur eux-même surtout !
Ayant atteint l’âge de la retraite, j’ai été adoptée par une vieille dame grisonnante aux yeux bleux. Ça crée des liens.
Je dois dire que je suis bien tombée.
Mes compagnons de pré m’ont adoptée sans trop de simagrées.
Il y a de l’espace, un abri de première classe, l’eau fraîche d’un puits et de la nourriture excatement comme je l’aime.
En fait, tout va bien et l’horizon est dégagé, mais… j’ai mon caractère de Welsh, et puisque les années de servitude sont derrière moi, je rêve de liberté…
Les humains rêvent des Fidji, moi c’est mon droit d’imaginer l’Ile aux sables et ses chevaux féraux au large de la Nouvelle-Ecosse, même si l’existence y est rude… la liberté ça se paye, mais
c’est bon.
Alors voilà, je ne veux plus me laisser attraper.
Pour quatre morceaux de sucre, pas envie de me faire raper les pieds, tailler les crins, piquer à la saison des vaccins, vermifuger, et engluer de potion anti-tiques, pouah !
Merci, je vais très bien comme ça…
Mais… elle, la vieille dame, se croit obligée de persévérer, pour mon bien, évidemment.
Alors je rigole à la voir cracher ses poumons derrière moi…
Je la laisse approcher, les sucres à la main, la bouche en cœur et le licol caché dans le dos… comme si je ne la voyais pas arriver avec sa tenue de camouflage et ses gros sabots, et je m’esquive
juste au moment où elle y croit !
Non mais !
Et ça dure… le temps que je veux.
Pas gentil, n’est-ce pas ?
Mais pas méchant non plus.
Les humains, cependant, sont plus… je ne dirais pas plus intelligents que nous, non… plus fourbes, oui, c’est ça.
Elle vient de me faire un coup !
Mais rassurez vous, j’apprends vite et je n’oublierai pas.
La prochaine fois, ça ne marchera pas.
Elle a sorti mes copains du pré, et eux, bêtes comme leurs sabots, l’ont suivie, m’abandonnant seule à hennir derrière la barrière.
“ HELP !… Je suis seule au monde, au secours, j’ai horreur de ça “ !
Voyez l’angoisse, j’en ai même retrouvé ma langue maternelle !
Je ne me suis pas laissée approcher pour autant, et lu dans son regard une lueur de découragement.
“ Bisque bisque ra-ge……………”
Alors, elle a fait plus vicieux encore : elle a laissé la porte ouverte, et je n’ai découvert le minuscule enclos qu’elle avait bricolé derrière que lorsque je m’y suis engouffrée, tête
baissée.
Pas eu l’idée de sauter parce que, quand même, je respecte les rubans électriques… on ne sait jamais : ça pince cette affaire là.
“Mince alors “ !
Elle a su refermer la porte à temps, m’entourer l’encolure de ses bras et me passer le licol en riant.
Feintée…
Comme je suis un gentil nounours, je me suis laissée faire sans broncher.
Il faut savoir être belle joueuse, mais je suis vexée, elle peut remballer ses bisous.
J’ai donc eu droit à la totale, le parage, la piqûre, le vermifuge, la crinière et la queue, et ce truc poisseux sur le dos pour dégoûter les tiques, et le pire, surtout… elle m’a laissé le licol
pour pouvoir me capturer plus facilement la prochaine fois.
Ça, j’avoue que ça m’a fichu un coup au moral.
Comment voulez-vous jouer au cheval sauvage avec un licol sur le nez?
Vieille dame indigne, va !
Julie Wasselin
** Un cheval féral est un cheval retourné à l’état sauvage.
Eh!oui Julie!.... le Bonheur n'est que dans le prés.
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