Le char du premier empereur chinois Qin Shihuang. 259-210 avant J.C
Parmi les extraordinaires guerriers de terre cuite et les objets d’une pure beauté qui les accompagnent, sont, actuellement, exposés à la
Galerie d’art de la Nouvelle Galles du sud, à Sydney, les deux chars en bronze retrouvés parmi les fouilles du mausolée de Qin Shiuang découvert à proximité du Mont Dabuzy, 150 km à l’ouest de la
ville moderne de Xi’an, dans le Shaanxi.
Des 130 chars exhumés, ne reste que peu de choses puisqu’ils étaient en bois.
C’est donc une formidable opportunité, grâce à ces deux exemplaires en bronze, intacts, de se faire une idée de ce que pouvait être un quadrige
en ces temps là.
Photo du second char provenant d'une autre exposition.
Les chars sont des répliques à l’échelle 1/2, et seul celui qui était exposé à l’entrée du musée était autorisé à la
photographie.
Le voici donc, avec des photos qui ne sont pas toutes parfaitement nettes, à mon grand regret !
Ce char en bronze rehaussé d’or et d’argent, compte tenu de son échelle, mesure 106 cm de haut. L’original devait donc être imposant. Une porte
à l’arrière permettait à l’empereur et à sa famille d’y accéder. Deux petites fenêtres sur le côté l’éclairaient. Le toit n’est autre qu’une immense ombrelle.
L’essieu et les roues à 30 rais, tout comme le meneur agenouillé et les différentes pièces qui relient les chevaux au véhicule et aux mains de
son conducteur sont également en bronze.
Le timon se prolonge jusque sous l’arrière du char.
Le passage de l’essieu y est simplement cerclé. Pas de ressort. Sur ce passage est raccordée une barre torsadée qui vient se nouer sur le timon
devant le siège du meneur par une sorte de chaine qui sert à attacher les guides intérieures des deux timoniers.
Le harnachement des chevaux et la manière dont ils sont mis à la voiture est complexe, mêlant le joug que l’on retrouve chez les égyptiens, à
deux traits qui sont fixés sous le char, de part et d'autre du meneur, pour les chevaux extérieurs, et deux traits attachés à un piton sur le timon à mi-chemin entre le meneur et les chevaux,
pour les timoniers.
Les chevaux extérieurs sont équipés d'un trait qui passe entre le cheval extérieur et le timonier. Ce trait, attaché sous la voiture,
contourne le poitrail et, semble-t-il, se boucle, après être passé sous le surfaix, en retour, sur les mêmes traits, en deux endroits différents. L’histoire ne dit pas si les chevaux
pouvaient respirer confortablement…
Les timoniers, également, sont équipés d'un seul trait, côté intérieur, mais leur point d'attache est sur le timon.
Afin que ces chevaux extérieurs ne s’écartent pas, une chaine fixée aux colliers cloutés sur lesquels sont reliées les sous-gorges, est
attachée de part et d’autre au joug des timoniers. Afin qu'ils ne se serrent pas non plus contre les timoniers, une grosse broche perpendiculaire est fixée à hauteur d’épaule sur le surfaix des
timoniers face au surfaix des chevaux extérieurs.
Les timoniers portent un joug retenu par quatre gros crochets aux extrémités d’une sorte de bricole. Deux crochets intérieurs y sont suspendus,
dont les prolongements passent sous le ventre de ces chevaux pour s’attacher à l’extérieur des montants du joug.
Les queues sont retenues par des cordelettes passant entre les jambes des chevaux, et bouclées soit à un anneau fixé sur le côté intérieur des
traits, soit après le joug.
Les chevaux sont embouchés avec ce que l’on pourrait considérer comme des filets à aiguilles. Certains ont même la lèvre protégée par des
rondelles finement ciselées.
Les brides sont faites de chaines d’or et d’argent, embellies de « masques » d’or et de longs pompons de soie. Le cheval extérieur de droite,
lui est coiffé d’un plumet.
Les guides sont faites de pièces de bronze tubulaires qui deviennent plates quand elles arrivent dans la main du meneur.
Les guides intérieures des timoniers passent par un œil prévu sur le dessus et au milieu du joug et sont attachées sur le timon, au pied du
meneur. Celui-ci a donc trois guides dans chaque main. Deux qu’il tient à la française et deux autres qui sont croisées et qu’il tient entre le pouce et l’index.
Á la française, dans la main gauche, les guides du cheval extérieur de gauche. Entre le pouce et l’index, croisée, la guide extérieure du
timonier de droite qui rejoint le mors en passant dans un œil au dessus et sur le côté extérieur droit du joug.
Á la française dans la main droite, les guides du cheval extérieur de droite. Entre le pouce et l’index, croisée, la guide extérieure du
timonier de gauche qui rejoint le mors par un orifice prévu au dessus et sur le côté extérieur gauche du joug.
Les extrémités des guides sont libres. Un fouet est posé à droite du meneur, prêt à être utilisé.
Pas de frein, enfin… sans doute n’avait-on peur de rien en ce temps là, sans suspension, de surcroit, et avec un essieu fixé aussi simplement
!
C’est à la fois très simple, très complexe et plein d’astuces. En tout cas d’une sophistication qui laisse rêveur… nous n’avons rien inventé,
mais ce n’est pas une nouveauté, et les chinois ont sans doute encore beaucoup de choses à nous enseigner.
Si cette exposition revient en France un jour, ne la manquez pas. Les chars sont extraordinaires et les guerriers impressionnants de force, de
noblesse et de beauté. Ils aident à ne pas penser que cet empereur mégalomane qui commença, entre autres, la construction de la grande muraille de Chine et marqua son pays de réformes qui sont
encore d’actualité, fut un monstre de cruauté.
Texte et photos de Julie Wasselin
Vous trouverez dans l'article Vidéos:
Chars chinois , nous vous proposerons plusieurs vidéos; sur la tombe de Qin, les différents types de chars , les harnais, et d'autres représentations de chars plus
tardives.
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