Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Vous trouverez une présentation très accessible des articles de vos "THEMES FAVORIS" dans le répertoire ci dessous.

Hommage. Rudolph H. Wackernagel nous a quittés

Le maître et l’élève, à Augsbourg chez le grand collectionneur Rudolf Stief, le 10 octobre 2007.

Le maître et l’élève, à Augsbourg chez le grand collectionneur Rudolf Stief, le 10 octobre 2007.

 

Hommage.

 

Rudolph H. Wackernagel nous a quittés

 

 

Pour la plupart des amateurs d’attelage, Rudolf H. Wackernagel est un inconnu. Né le 21 février 1933, ce grand historien des voitures hippomobiles est décédé dans sa ville de Munich le 21 février dernier, jour de son 84ème anniversaire.

 

Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’Université de Munich et une formation de restaurateur de peinture au Kunstmuseum de Bâle et à l’Institut Royal du Patrimoine Artistique à Bruxelles, Rudolf H. Wackernagel a travaillé dans plusieurs musées à Hanovre et à Munich. Il était membre du très renommé Conseil International des Musées (ICOM).

 

Sans conteste, Rudolf H. Wackernagel a été le plus sérieux spécialiste européen de l’histoire des voitures hippomobiles. Ses qualités d’historien, sa rigueur de chercheur, la finesse de ses analyses, le très grand nombre de ses publications, l’ont imposé comme le précurseur et le premier savant dans le domaine de la recherche historique sur les carrosses et voitures d’apparat et sur leur rapport avec les arts décoratifs.

 

Encouragé dans ses recherches par Max Terrier, alors Conservateur du Musée national de la Voiture et du Tourisme à Compiègne, et par la famille Hermès, il a soutenu une thèse sur les carrosses royaux français, publiée à Berlin en 1966 sous le titre Der Französische Krönungswagen von 1696-1825. Cette somme de 412 pages, que Nicole Villa, conservateur à la Bibliothèque nationale, saluait dans Le Bulletin des bibliothèques de France (juillet 1967) comme un « véritable monument pour l’historien d’art et aussi pour les historiens en général », reste la référence absolue en la matière plus de cinquante ans après sa parution.

 

Il avait pour la culture et l’art français une immense admiration. Sa thèse sur les carrosses royaux français est un vibrant témoignage de cette admiration, jamais démentie. Présent à l’inauguration de l’exposition Roulez carrosses ! au Musée des Beaux-Arts d’Arras en 2012, il déclarait avec une conviction enthousiaste : « Magnifique ! La France est le seul pays qui pouvait organiser une telle exposition ».

 

Ses travaux sont trop nombreux pour être tous cités.

Son étude des voitures ayant appartenu aux princes Wittelsbach, qui régnèrent sur la Bavière de 1806 à 1918, a donné lieu en 2002 à une magnifique publication en deux volumes, Staats und galawagen der Wittelsbacher. Jamais un livre sur les carrosses et autres voitures de gala n’avait égalé une érudition aussi riche et une beauté formelle aussi éblouissante, due à une illustration somptueuse (voir « A lire absolument… », Attelages Magazine, n° 23, décembre 2002, p. 7).

 

En 1992 il a identifié le panneau de la portière gauche du carrosse du sacre de Louis XVI miraculeusement échappé à la destruction du carrosse en 1794 sur ordre de la Convention. Il a relaté la découverte de cette “ relique ” historique dans le livre-catalogue de l’exposition Roulez carrosses ! (« Le carrosse du sacre de Louis XVI - Le dernier vestige de la voiture du sacre de Louis XVI », Roulez carrosses !, 2012, p. 92-101).

 

En 1991, je publiais un premier article, bien modeste, sur les voitures hippomobiles dans la revue Monuments Historiques. Quelques mois après, je reçus une lettre élogieuse de Rudolf H. Wackernagel, qui avait découvert cette revue en Allemagne par je ne sais quel hasard. Il y écrivait : « Enfin un français qui s’intéresse à l’histoire des voitures et au patrimoine hippomobile ! ». Suivaient deux pages d’encouragements. Cette lettre a été l’élément déterminant qui m’a conduit à transformer en une spécialité ce qui avait été jusque là un simple hobby. Dès lors, la reconnaissance, la conservation et la valorisation de ce patrimoine, si ignoré, devinrent un engagement inlassable.

Rencontré à Bruxelles en 1991 à l’occasion de l’exposition des carrosses de la Cour de Belgique, Rudolf H. Wackernagel, depuis longtemps mon maître es-carrosses, est devenu un véritable ami. Nos échanges, nos débats sur notre éternel sujet, les voitures, nos désaccords parfois — ainsi, il prétendait français, contre mon avis, l’un des rarissimes carrosses du début du XVIIIe siècle, conservé au château de Sondershausen — ont toujours été constructifs.

Son immense savoir manquera désormais au monde hippomobile. Cher Rudolf, tu resteras toujours présent partout où existent encore de merveilleux carrosses.

 

 

Jean-Louis Libourel

 

 

Rudolf Wackernagel : Staats und galawagen der Wittelsbacher, 2002.

Rudolf Wackernagel : Staats und galawagen der Wittelsbacher, 2002.

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article