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Par figoli
« Au rencart, les vieux tombereaux à chevaux ! »
« Au rencart, les vieux tombereaux à chevaux ! »
« Leur nombre diminue chaque jour, heureusement ! Il faut espérer que bientôt l’on en verra plus du tout. Ces chariots antédiluviens, lents, assourdissants et encombrants sont aussi déplacés à notre époque que le seraient ceux qui traînaient les rois fainéants. Le public a d’autant plus le droit d’exiger qu’on débarrasse les rues de ces véhicules grotesques que les entrepreneurs eux-mêmes ont tout intérêt à adopter des méthodes plus rapides pour manutentionner et transporter les charbons, terres et gravats. Une maison qui s’est fait une spécialité de l’entreprise d’excavations pour fondations d’immeubles nous assure que le transport des déblais lui revient, amortissement des camions automobiles compris, à un quart du prix qu’il faudrait compter en se servant des anciens tombereaux attelés à deux chevaux en tandem.
D’ailleurs tous les Parisiens se souviendront avoir vu circuler à rapide allure les camions automobiles dont se servaient les entrepreneurs des tunnels du Métro lorsqu’il s’est agi d’évacuer les terres de ces excavations colossales ; sur ces camions se chargeaient côte à côte (à la grue) trois bennes de wagonnets de terrassement. Les camions arrivés à la Seine, une autre grue enlevait les bennes et les basculait directement dans les péniches. »
Cet article - sous ce titre - est paru dans la revue La Science et la Vie en janvier 1914…
Il y avait tout juste un an, le 11 janvier 1913, la Compagnie Générale des Omnibus (ancêtre de la RAPT) « enterrait » pompeusement son DERNIER attelage. Dix ans avant, ses écuries abritaient encore 12 747 chevaux!
La fin du cheval !
1890 - 1910… Deux décennies qui voient les brevets se multiplier dans le secteur (large) de la traction motorisée, se multiplier aussi les brûlots contre les attelages laborieux du pavé…
L’attelage sportif et élégant est pourtant le premier menacé. Une nouvelle passion gagne la bourgeoisie d’affaire et séduit bientôt une partie de l’aristocratie, avide de nouveautés, de distinction : l’automobile. Empruntés aux types hippomobiles, les modèles automobiles en gardent aussi le nom : coupé, cabriolet, berline, break, spider, phaéton(et même fourgon, camion,omnibus...).
Inauguré le 15 juin 1898 au Jardin des Tuileries, le premier Salon de l’Automobile est un tel succès que le marquis de Dion, vice-président de l’Automobile Club de France, lance : « cette fois, ça y est, nous avons gagné, l’avenir est à nous ! »
Plus « fashionable » que les attelages (synonyme de « en vogue », « à la mode » au début du XXe siècle), l’automobile ne tarde pas à conquérir l’Opinion, soutenue par les journaux en vue et de nouveaux cercles sportifs.
1920 -1930…Quelques auteurs plaident encore pour « le cheval à l’époque du moteur » mais massivement, rapidement, au lendemain de la « Grande guerre », les transports urbains et routiers se motorisent. Le « cheval vapeur » (comprendre le camion) est plus souple, plus économique, plus rapide, plus… moderne.
L’agriculture reste l’unique,solide,bastion de la traction animale pour une trentaine d’années… Il n’est cependant pas déraisonnable d’affirmer que la Seconde Guerre mondiale a seulement différé la motorisation agricole générale. Dès 1933, par exemple, dans les bureaux d’étude de la puissante Société Française de Machinisme Agricole et Industriel (à Vierzon, Cher), la mise au point de tracteurs polyvalents (traction des outils et entraînement des machines fixes comme les batteuses et les bancs de scie) est une priorité absolue ! 700 petits ateliers, dans toute la France, s’efforcent déjà d’en perfectionner des prototypes… Alors : « au rencart les vieux tombereaux à chevaux » !
Etienne Petitclerc
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