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Par figoli
Les voitures à sable
du bassin d’Arcachon.
Au XIX ° siècle, les stations balnéaires devinrent le lieu de véritables rendez vous mondains. Sur la cote Aquitaine, le bassin d’Arcachon en était un des fleurons.
Mais par mauvais temps, à part le casino, les distractions étaient peu nombreuses. Il restait donc les excursions . Malheureusement le réseau routier carrossable était peu important et phaétons, milords, et autres voitures de maître ne pouvaient s’aventurer sur les pistes de sable.
Hormis la monte d'ânes, de mulets ou de chevaux, le seul moyen de locomotion possible sur les pistes forestières était la « voiture à sable ».
Ces voitures étaient, pour leur majorité, de simples charrettes légèrement modifiées pour cette utilisation. Adaptés aux pistes sablonneuses des landes, ces véhicules rustiques à brancards, cousins des fameux "bros" à timon, étaient dotés de deux grandes roues à bandages de 10 à 15 cms.
Pour le transport de passagers, la modification apportée se limitait au simple rajout d'un siège pour le cocher et de bancs pour les passagers. Comme nous le préciserons, ils étaient attelés à de forts chevaux de trait et non à des poney landais de dunes; "Les lédons" dont l'usage touristique se limitait à la monte.
Une de ces charrettes dans son utilisation de travail sur une piste jonché d'épines de pins ou de paille.
C’est dans cet équipage que vous pouviez aller découvrir la faune locale comme le petit cheval « lédon »* (Tout petit cheval à gauche de la voiture à sable attelée à deux fort chevaux en ligne) .
et les vaches de « race cabaniste » surveillées par leur gardien juché sur ses échasses.
Ces deux races locales ont disparu.
Vous pouviez également « visiter le peuple » et prendre collation dans une cabane de résinier comme chez le célèbre « Seguin » au Mulleau.
Mais une des excursions les plus renommées, était celle de la dune du pyla, haute de 115 mètre en 1900.De là, il était possible de poursuivre jusqu’au poste des douaniers.
Comme nous le voyons sur toutes ces photos, les chevaux étaient attelés en flèche. Le cheval de devant était en traction et n’avait pas la « vie facile » d’un leader de tandem.
Les deux chevaux étaient équipés de harnais de travail à collier et le premier était mené en longues guides. Pour faciliter le travail des chevaux, les pistes les plus fréquentées étaient régulièrement paillées par les loueurs de véhicule.
Dans notre région du sud gironde, nous pouvons noter cette particularité des jantes larges sur d’autres véhicules comme certains dog-carts d'équipages de chasse à courre des landes girondines, doté de bandages de 8 cms et plus.
Voici un diaporama présentant différents types de charrettes à deux roues utilisées comme "voitures à sable".
Hors saison, les voitures retrouvaient leur utilisation initiale.
Texte:
Patrick Magnaudeix.
* Le "Lédon"
De nos jours certains "auteurs" régionaux, heureusement peu nombreux, affirment que le "Lédon" était utilisé pour tracter les voitures à sable, ce qui est bien sur totalement impossible au vu des caractéristiques physiques de ces poneys; ne dépassant pas 1,35 m au garrot. (voir la photo édifiante présentée en début de texte)
Pour confirmer mes dires, je vous propose de découvrir les caractéristiques et les utilisations de ces poneys telles qu"elles sont décrites par différents auteurs des XVIII° et XIX° siècles.
La présence équine dans les landes est très ancienne, ainsi des textes datant du 1° siècle avant J.C., font état de guerriers montés sur de petits chevaux fuyant dans les marécages. Il est difficile de savoir, au rythme de l'histoire mouvementée de la région, quelle influence ont eu les races espagnole et arabe sur l'évolution du petit cheval des landes.
Différents textes des XVIII° et XIX° font état de la présence de deux populations équines sauvages:
-Le poneys des "Barthes" évoluant dans les prairies longeant l'Adour. Cette souche a été sauvée et a donné naissance à l'actuel poney landais.
-Le "Lédon" évoluant dans les dunes côtières des hautes landes et de la gironde qui a totalement disparu.
Le nom de "Lèdon" vient que ces poneys se nourrissaient des herbes présentes dans les espaces séparant les dunes aussi nommées; "Leytes", "Lettes" ou "Lèdes".
"Il y a quelques mauvaises herbes dans les intervalles des dunes qu'on nomme "Leytes" qui servent à la pâture de quelques chevaux aussi sauvages que les paîsans qui en sont propriétaires"-Rapport de Charlevoi de Villiers Ingénieur de marine chargé de créer un port à la Teste en 1788-
Hormis la photo de cet article, je n'ai pu trouver d'autres clichés représentant ce poney. Nous devons donc nous contenter des descriptions des contemporains pour découvrir leurs caractéristiques:
"...Ils ont les membres souples et déliés, la tête légère et carrée, les naseaux très ouverts, l'oreille fine et bien attachée, l'encolure souple mais un peu courte; ils soutiennent les plus longues fatigues, vivent de peu et ne sont sujets qu'à un petit nombre de maladies" -1834 De Bonneval dans "tableau pittoresque des landes du bassin d'Arcachon"-
Dans les fermes, ils étaient essentiellement utilisés comme animaux de bât mais étaient également attelés à de petites carrioles.
Durant la saison on les employait à la promenade des touristes
"Il n'est pas rare dans la saison des bains, de rencontrer des cavalcades composées de 20 à 30 personnes allant en groupes visiter les environs de la teste. Rien de joli comme ces cavalcades lancées au galop et parcourant la plaine avec une étonnante rapidité." -1839 Bonneval-
La disparition du "Lédon" provient de différentes causes dont, en premier, les mesures de protection des dunes.
A la fin du XVIII° commencent les premiers travaux de stabilisation et de fixation des dunes par l'implantation de pinèdes. Cet ensemencement de pins ne se fit pas sans difficultés dans des dunes habituellement pacagées par les "Lédons". Les "Lédons" furent donc dés 1803 chassés des "Leydes" par les gardes des semis qui en éliminèrent un grand nombre. Quand les pins grandirent, les fermiers, sous contrainte de payer une taxe, purent de nouveau faire pacager leurs animaux.
Les "lédons" sauvages qui avaient pu échapper aux battues ou abattages des gardes des semis purent subsister dans les dunes. Les fermiers, ayant besoin de poneys de selle, d'attelage ou de bât, les capturaient dans des pièges nommés "Barrack", "Braguey",...suivant les communes.
Ces enclos aux ouvertures cachées par la végétation et les accidents de terrain étaient "de forme légèrement allongée avait ses grands côtés de part et d'autre du chemin tracé à la longue par le passage des chevaux". Une fois enfermés, ils étaient capturés grâce à une perche munie d'un nœud coulant.
Progressivement le nombre d'animaux se restreint jusqu'à leur extinction définitive en 1950.
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