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De l’industrialisation de la Carrosserie 2
(Suite de l'article De l’industrialisation de la carrosserie.)
Nous vous avons présenté deux entreprises industrialisées qui construisaient des voitures de grande qualité. Les autres entreprises de production industrielle avaient des niveaux de qualité divers adaptés aux besoins des acheteurs.
La publicité des sous-traitants en fers et aciers manufacturés est assez intéressante à observer.
Les sous-traitants marquaient leur production par des poinçons suivant leur niveau de qualité. Ces différents produits leur permettaient d’avoir une clientèle très diversifiée et un marché plus large. Ils fournissaient donc aussi bien la carrosserie de luxe parisienne que le petit charron de campagne. Malgré la grande renommée de la manufacture présentée ci dessus, une signature « Lemoine* » sur un essieu ne garantit donc pas au collectionneur d’avoir affaire à une voiture de qualité. La majorité des entreprises utilisait un autre système de marques basé sur des étoiles.
Les manufactures de voitures mécanisées fournissaient également tous les niveaux de qualité à leurs différents clients :
- Aux particuliers; des voitures adaptées à leurs besoins à des bons rapports qualité prix.
Catalogues Carrosserie industrielle et Retif 1896
-Aux loueurs de voiture, de voitures de remise,
tous types de modèles, du modeste cabriolet au break de course de bonne présentation, en passant par victorias, vis à vis, landaux,...
Catalogues carrosserie industrielle et Retif
-Aux petits entrpreneurs de fiacre;des voitures à coût modéré.
Catalogues Carrosserie industrielle et Retif
- Aux grands magasins et commerces divers, des modèles adaptés à leur activité. Ce pouvait être de voitures de grande qualité comme l'explique ce compte rendu de l'exposition universelle de 1889
- Aux différentes industries; des voitures adaptées
-A la multitude de carrossiers; charrons, selliers carrossiers, revendeurs de voitures,….
-des voitures complètes, comme on peut le voir sur cet essieu de charrette anglaise. Le revendeur n’avait plus qu’à apposer sa marque souvent par une simple gravure sur le cabochon.
Parmi les revendeurs, il n'y a pas que des petits commerces ou revendeurs spécialisés, comme vous pouvez le constater en consultant ce catalogue de 1900 des "Grands magasins du Louvre" .voir album: grand-magasin-louvre C'est assez étonnant mais, ce grand magasin vendait aussi bien des pièces détachées, des équipements que des voitures,.... au milieu des robes, froufrous divers ou bijoux!
Catalogue bibliothèque JGH diffusé sur J§B Whips
-des voitures prêtes à peindre et à garnir, que l’on appelle généralement les voitures en blanc. Ces usines proposaient en général la totalité de ces services mais certaines se spécialiseront dans les voitures en blanc comme par exemple les établissements Borde. **
Ces manufactures étaient installées non seulement à Paris mais dans toute la France, en général, à une faible distance des chemins de fer ce qui facilitait l’approvisionnement et la livraison. Elles proposaient une grande variété de modèles.
Elles avaient pour noms :
A Paris ;Firmin, Blanc et Barral , Blesser, Victor Delassale, Léon Hanovre, Kraemers fils, Le Vieux, Ehmgard et Delbenque, Duhamel et Compagnie, la carrosserie industrielle,…
En province Bordes Frères à Dijon, Lemercier à Toulouse, Raquin à Montrichard,
Lagogué à Alençon, Floquet à Saint amand, Rousseau à Montargis, ….
Voici quelques informations et types de fabrication de certaines d’entre elles :
La « Carrosserie industrielle »
C’est une société anonyme créée en 1840 par messieurs Rheims et Auscher, ingénieurs des arts et manufactures. Ils ont racheté en premier des locaux des ateliers Rotschild puis créèrent une usine à Courbevoie sur deux hectares avec bureaux d’études et de dessins. Celle ci est équipée de machines outils forges, … La carrosserie industrielle emploiera jusqu'à 1000 salariés et produira plus de 7000 voitures par an.Elle « remaniait » également les voitures de reprise.(marché de l'occasion).Le siège social et le magasin sont situés à Paris au 228 rue faubourg Saint Martin.
Elle produisait donc des voitures finies, mais également des voitures en blanc fournies avec des bouchons non signés. Elle proposait l’ensemble des activités déjà décrites en proposant ses modèles dans un catalogue( voir album des catalogues fin 19° 1 Carrosserie-industrielle ) , mais avait la capacité de s’adapter rapidement à des commandes spécifiques. En 1889 la carrosserie industrielle obtenait la médaille d’or dans la catégorie « voitures pour services publics ».
Elle y exposait :
« -un coupé de place à caisse carrée, le devant circulaire avec glace glissante.
-un mylord de place de forme carrée, avec strapontin se logeant dans le coffre,…
-un omnibus à 6 places intérieures avec siège break et siège 3 places sur l’impériale.
-un grand break de course ; la caisse forme deux compartiments bien distincts de huit place chacun en vis-à-vis. Le pavillon qui surmonte cette voiture cette voiture forme deux plates formes séparées de 2 sièges chacune, les banquettes contiennent 4 personnes dos à dos. Un coffre à provision forme séparation entre les 2 compartiments…. »
Les établissements « Retif »
Voici l’historique de cette maison décrite par Henri Baup dans le site ami I§ B Whips:link à partir des travaux de Genevieve Cagnard de l’association « Aubois de terres et de feux 4, rue de la Mairie 18150 CUFFY, atfaubois@aol.com »
"Fondateur Jacques Rétif
Jacques, Charles RETIF (1822-1883), sellier carrossier, fondateur de la dynastie, est fils de sellier. Il est né dans une famille de marchands drapiers, à Ainay le château (Allier). Il se marie à Sancoins en 1844. En 1860-61, il construisit ses ateliers de construction et réparation ainsi q’un magasin de voitures hippomobiles, route de Saint Amand à Sancoins. Ses enfants sont encore jeunes : Emile a 15 ans, Léonard Ernest a 13 ans et Ferdinand a 7 ans. C’est une activité florissante qui l’incite à s’agrandir . L’usine moderne est dotée de matériel performant : machines outils, scierie mécanique, forges. Nous n’avons pas confirmation qu’Emile et Ernest aient suivi les cours de Brice Thomas, à Paris.
En 1878 les deux fils ainés sont associés à l’entreprise du père : "Rétif et Fils".
L’usine à Sancoins
Le nombre des ouvriers et le personnel des bureaux atteindra rapidement le nombre de 300, mais logements ouvriers sont peu nombreux.
En 1881 l’usine produisait 600 à 800 voitures, « en blanc ou finies », qu’elle livrait par chemin de fer, à partir des gares voisines de saint Pierre le Moutier et de La Guerche sur l’Aubois « en blanc, roues ferrées, ou finies, avec capote, mécanique,sièges arrière, brancards et timon à la demande ».
En 1883, la société devient : "RETIF Frères", après le décès de Jacques. Ferdinand, employé n’est jamais cité dans la direction de la société.
Vers 1884, 2 pavillons jouxtent l’usine et ont été construits par et pour Emile et Ernest.
Tous les modèles courants de voitures hippomobiles de l’époque figurent dans des catalogues illustrés, parfois en couleur, qui sur 100 pages présentent 160 modèles différents. Tel est le cas du catalogue N°12 de 1896 dont nous donnons des extraits.
La firme ne produisait pas que des modèles courants en grande série, elle exécutait aussi, sur commande, des voitures d’exception : huit ressorts, landaus ou ce « nouveau mail coach, présenté en 1889 à l’Exposition de Paris
Exposition Universelle 1889
En 1904, la société a pris le nom de « RETIF Aîné » ;. Ernest quitte la société
Les gendres d’Emile et Ernest Rétif, Messieurs Harrand et Gaimy, ingénieurs de l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures, produisent des carrosseries automobiles pour les marques : Ariès, Delaunay-Belleville.
Torpédo Rétif Delaunay Belleville 1913
Durant la Grande Guerre, l’usine travaillera pour l’aviation mais par la suite elle ne retrouvera pas une activité rentable et fermera ses portes en 1939, à l’aube de la seconde guerre mondiale."
Vous aurez une vue générale de ses fabrications dans le catalogue: 1 Retif
Dés la fin du 19° l’entreprise construisait des voitures pour handicapés et des voitures pour enfant.
Dans la deuxième partie du 19°, comme nous l’avons vu dans l’exemple de la compagnie générale des voitures, ces entreprises développèrent des modèles de base types dont les pièces étaient interchangeables ce qui limitait encore les coûts de production, et d'entretien pour les acheteurs.
Nous citerons comme dernier exemple:
La manufacture H. Vallas.
Cette fabrique avait la particularité de ne fabriquer que deux types de voiture, et fait encore plus surprenant avec ce type de production limité, travaillait sur le marché de l'exportation.
Son autre particularité est la possession d’un parc de machines outils non plus mues par la vapeur mais par l’électricité.
Cette présentation est bien sur partielle, mais nous l’espérons, aura pu vous donner une idée de la complexité du marché de la voiture hippomobile au 19° et au début du 20° siècle.
Notes:
** Certains carrossiers de luxe se spécialisaient, eux aussi, dans la production de voitures en blanc comme la maison anglaise « Harrisson et fils » qui exposait un petit landau à terminer dans la catégorie voitures de luxe de l’exposition universelle de 1878. Ceci est à noter car on a tendance à confondre voitures industrielles et voitures en blanc.
* L’entreprise Lemoine fabriquait également des voitures complètes.
Texte: Figoli
Les parkings de ces usines pouvaient avoir un petit air de ressemblance avec ceux de nos constructeurs automobiles modernes, comme le montre ces photos de l'usine Schustala en 1914.
Documentation: H.B.Paggen, Henri Baup,J.L.Libourel R. Fabre,R. Senseby, J.P. Binder,,Figoli, ...
Bibliographie: Rapports exposition universelles 1855-1900, Les grandes usines de Turgan 1863, Voitures et carrossiers aux XIX et XIX siècle de C.Rommelaere,Le cheval è Paris de G Boucher, Rapport de la société des ingénieurs civils 1879, Rapport exposition de Vienne 1873,....