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Le cheval de fiacre 2/ Dressage, utilisation, soins aux chevaux

Le cheval de fiacre:

2/ Dressage, utilisation et soins aux chevaux

Le premier article de cette série "Le cheval de fiacre: 1/ Le choix des chevaux" vous a présenté les modalités de sélection des chevaux. Avec ces extraits du journal "le sport universel illustré" de 1904 nous allons vous faire découvrir les modalités de dressage, d'entretien et d'utilisation de cette cavalerie.

 

« Une compagnie de voitures à Paris »

 

« Après avoir séjourné pendant quelques jours dans un dépôt  spécial, où ils se reposent des fatigues du voyage, ces chevaux sont répartis dans les différents dépôts  de la compagnie pour être de suite mis en service. Arrivés au dépôt qui leur est attribué par la commission de répartition, ils sont d’abord essayés par le piqueur chargé de les habituer aux bruits des rues de Paris. Pour cela, on commence par les atteler à une voiture d dressage.

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Le cheval reconnu bon, c'est-à-dire non ombrageux, docile et de bonne allure, est immédiatement confié à un cocher d’élite au service duquel il sera désormais affecté.

Pendant les six  premiers mois de sa carrière, le travail qu’ on exige de ce jeune animal est modéré. Il ne sort que quelques heures le matin, et tous les deux jours seulement ; le cocher est dans l’obligation de le ramener au dépôt, après un temps de travail déterminé ; sa sortie est sévèrement contrôlée par le chef de dépôt. Elle ne doit pas durer plus de  deux trois heures dans les premiers temps, puis elle augmente graduellement jusqu’à cinq et six heures au fur et à mesure de son entraînement, et suivant la facilité avec laquelle il s’assimile au nouveau régime auquel il est soumis. Dans les dépôts de la compagnie, on a  eu soin, pour contrôler plus facilement l’exécution de ces ordres, de faire couper en poney la crinière de tous les chevaux de rang, mais on la laisse intacte à tous les jeunes chevaux de remonte.

Vous rencontrerez seulement, de sept heures du matin à midi des chevaux de cette compagnie à crinière longue ; passé midi vous n’en trouverez plus un seul dans les rues de Paris ; tous les cochers  les auront rentrés au dépôt et remplacés par des chevaux de rang.

Au bout de six mois, lorsque ce jeune cheval est suffisamment habitué au travail du fiacre et aguerri au pavé de Paris, il est mis en plein service actif, et sa crinière lui est coupée.

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Il devient alors un cheval de rang ; tous les deux jours alternativement avec un autre cheval, il est à la disposition de son cocher pour le service de jour qui comporte huit heures de présence sur la voie publique ; le trajet exécuté serait d’une quarantaine de kilomètres, tant au pas qu'au trot si l’on ne faisait abstraction du temps passé aux stations diverses.

Le cocher attelle alors le cheval de relais qui, celui là, travaille tous les jours et fait le service du soir.

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 Dans ces conditions, le cheval ordinaire de fiacre, travaillant tous les deux jours, depuis le matin jusqu’à quatre 4 ou 5  heures de l’après midi, dure environ 6 ou 7 années, suivant son degré d’endurance. Après cette première période, et à de rares  exceptions prés, il passe au deuxième rang. Il devient cheval de relais travaillant tous les jours, mais le soir seulement ; c’est le cheval qui, l’été fait la promenade du soir, au bois, et l’hiver, la sortie des théâtres  et des restaurants de nuit. Devenu cheval de relais, s’il est bien soigné, et ne succombe pas à une fluxion de poitrine contractée à la porte des établissements à la mode, il dure 4 ou 5 années.

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Après ces deux périodes dans son existence, si ses membres ne sont pas trop usés, et s’il possède encore la vitesse indispensable au service, on le garde au dépôt pour en faire un auxiliaire destiné à remplacer les chevaux de rang ou de relais retenus à l’infirmerie…. S’il est trop usé, il est alors vendu après avoir passé devant la commission de réforme, à des nourrisseurs de la banlieue de Paris, ou généralement aux petits loueurs qui font le service des gares avec  ces vieux fiacres  à galerie pour lesquels la vitesse  n’est qu’un accessoire.

Dans plusieurs dépôts que nous avons réussi à visiter, il nous a été présenté des chevaux qui ont de 12 à 15 ans de service de fiacre, et qui néanmoins ont encore conservé une belle prestance  malgré le travail énorme auquel ils ont été assujettis ; ce sont de beaux restes tout à l’éloge de la compagnie qui les utilise.

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Pour avoir une bonne cavalerie, il faut la soigner et surtout la bien nourrir, tel est l’axiome de la compagnie « l’urbaine ».

Nous avons assisté au repas des chevaux et avons pu constater que, contrairement à la vieille légende, « le cheval moderne ou nouveau siècle » est bien nourri.

La ration est plus que suffisante, nous avons même constaté dans plusieurs dépôts, que les chevaux au repos d’un jour n’absorbaient pas de suite la totalité des aliments qui leur sont donnés.

Ces aliments qui  consistent en grains et fourrages sont centralisés dans une immense manutention située aux environs de la place de l’étoile.

Là,  toutes les fournitures sont reçues, les unes livrées directement par les fournisseurs de la compagnie, les autres reçues dans les gares de chemin de fer ou sur les quais de la seine ou des canaux, en aliment de marchés passés avec des producteurs de la province ; dans ce dernier cas, ce sont les fourragères de la compagnie, bien connues dans Paris, qui effectuent les transports du point de réception à la manutention.

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Aucune nourriture n’est admise dans les magasins de la compagnie sans avoir été soigneusement examiné par des agents réceptionnaires qui constituent un personnel des plus expérimentés.

….

Le foin et la paille arrivent à cette manutention dans ces grandes fourragères à quatre chevaux que le public parisien rencontre journellement dans les rues.

Une fois reçues, les livraisons sont chargées sur des transporteurs automatiques et envoyées dans les magasins et de là au hachoir ; le hachage, à la sortie des machines, est mis est mis automatiquement en sac puis chargé sur les fourragères  de la compagnie qui le distribuent dans les différents dépôts.

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Pour le fourrage, la compagnie a adopté le système anglais qui consiste à donner aux chevaux foin et paille hachés et mélangés dans des proportions déterminées par l’expérience et suivant les saisons.

Les résultats qu’elle en a obtenu sont excellents, et si elle a réussi à maintenir à ces chevaux une allure vive et rapide qui la distingue des autres compagnies, et en fait la favorite du public, c’est surtout grâce à la nourriture de premier choix dont elle alimente sa cavalerie, et à son soin extrême d’écarter toute nourriture artificielle de nature douteuse. 

La manutention que nous avons inspectée est un vaste bâtiment où toutes les opérations sont faites automatiquement, grâce à une machine à vapeur de 50 chevaux qui est à peine suffisante pour le service»

L’auteur traite par la suite la question des juments achetées pleines et spécifie qu’elles continuent leur service pendant la grossesse. Les poulains, quand à eux sont revendus à des éleveurs qui les  élèvent au biberon. Puis il présente les services  vétérinaires.

 

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 «Le haras de Gentilly est exclusivement consacré aux chevaux indisponibles. Ce n’est que par une expérience de longue haleine que la compagnie s’est rendu compte des inconvénients de soigner, au dépôt même, les chevaux arrêtés dans leur travail. Les jeunes chevaux surtout, à leur arrivée de Hongrie, sont souvent fort éprouvés par le pénible métier auquel ils sont astreints.

Soit par manque d'entrainement suffisant au début, soit encore qu’en raison des allures  excessives que leur demandent certains cochers peu soigneux, ces chevaux boudent sur la nourriture, dépérissent et ont besoin d’un repos forcé. En les tenants indisponibles au dépôt, ils ont beaucoup de peine à se remettre d’aplomb ; en les mettant en prairie, ils ne tardent pas à se rétablir et ce temps gagné à la reprise du travail compense largement les frais de l’établissement d’un haras dans les environs mêmes de Paris.

L’établissement de Gentilly est en somme un sanatorium. En dehors des jeunes chevaux indisponibles par suite de simple fatigue, on envoie à Gentilly les chevaux d’âge qu’un accident ou une tare met hors de service. Tous les matins, le vétérinaire en chef de la compagnie passe à heurs fixes dans les différents dépôts ; le chef du dépôt fait défiler devant lui tous les animaux proposés à la visite. Il les examine avec soin et dicte à l’infirmier vétérinaire les soins à donner. Trois cas se présentent :

1° la maladie est peu  grave et l’infirmier est chargé de faire les pansements ou d’administrer les drogues ordonnées ; alors le cheval reste dans sa  stalle.

2° L’état du cheval nécessite des soins particuliers, mais qui d’après l’avis du vétérinaire ne seront pas de longue durée ; il est alors versé à l’infirmerie du dépôt et soigné par le vétérinaire lui-même.

3° Enfin, si le cas nécessite du repos ou une intervention, on dirigera le cheval sur Gentilly.

A  Gentilly sont donc expédiés les chevaux tarés auxquels le feu est nécessaire.

Nos lecteurs savent combien la médecine vétérinaire a fait de progrès dans ces dernières années, nous n’avons donc pas été surpris de trouver à Gentilly tout le confort moderne dont une table d’opération.

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L’animal  y est placé et ses membres sont solidement liés avec de courroies rembourrées de cuir pour éviter les blessures. Une fois dans l’appareil il est soulevé de terre au moyen d’un treuil, puis couché horizontalement à hauteur d’homme. Grace à ce procédé déjà bien connu, on évite les accidents si fréquents avec l’ancien système, qui consistait simplement à jeter le cheval sur un lit de paille au risque de lui casser les reins.

Une écurie spéciale est affectée à Gentilly aux chevaux opérés ; sitôt que faire se peut ils sont mis en liberté dans des paddocks,

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 et, au bout d’un laps de temps relativement court, sont à nouveau en état de reprendre leur service soit aux fiacres soit aux voitures de louage si les marques de l’opération ne demeurent pas apparentes.

Pour en terminer avec cette question des fiacres disons que le compteur horo kilométrique, qui a fait couler tant d’encre va enfin avoir sa solution. En juillet mille voitures vont être munies du nouvel appareil supprimant à l’avenir toute difficulté entre clients et cochers. Et tout le monde sera satisfait. »

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Figoli

Documentation et photos

-Sport illustré des 14 février et 13 mars 1903 (collection Cuvreau)

-Collection Figoli

 

A suivre dans le prochain article :

la selection et le dressage des  chevaux de « grande remise ».   

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