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Musée des carrosses de Versailles.
Traineaux
Nous avons publié dernièrement un article La collection du musée des voitures de Versailles en 1851. présentant la collection du Musée des carrosses de Versailles à son origine. Le bâtiment qui l’abritait, construit par l’architecte Questel, était situé prés du Trianon. La création de ce musée est l’œuvre de Louis Philippe. Après la révolution, il ne restait plus aucune des 2000 voitures royales et princières qu’abritaient les petites écuries et remises annexes sous Louis XVI.
Ce détail de l' entrée de la princesse Isabelle de Parme à Vienne ( peint par M. Van Meytens 1695-1790 ) comme cette esquisse ci dessous du carrosse de mariage de Louis XVI vous donneront une idée du faste et du nombre des carrosses dans les cours Royales et Princières à la veille de la révolution.
Louis Philippe a fait l'acquisition, et a rassemblé dans ce musée, des voitures qui avaient un intéret historique comme les berlines du mariage de Napoléon 1°, le carrosse du sacre de Charles X,... Le local a été détruit et la collection a été transférée en 1985 à la Grande Ecurie. Actuellement, cette collection n'est accessible au public que 4 jours par an. Nos amis d'Arras auront la chance de voir quelques pièces de la collection lors de l'exposition organisée en 2012. (Vous trouverez plus d'informations dans cet article Versailles s’exporte alors que Compiègne… court toujours après son devenir. et sur ce dossier de l'exposition link.)
Cette collection du Musée des carrosses de Versailles présente des voitures de grande qualité, maintenues dans un état exceptionnel de conservation. Nous allons vous la présenter dans différents articles dont le premier traitera des traineaux.
TRAINEAUX
Les seuls véhicules datant de la première partie du XVIII° siècle sont les traîneaux. Ils semblent avoir tous appartenus aux collections royales. D’après l’inventaire des traîneaux royaux, réalisés en 1797, certains proviennent de la « petite écurie ». A Versailles, cette écurie abritait, sous l’autorité du premier écuyer, les voitures ainsi que les chevaux d’attelage et de service. A la cour de France, les traîneaux étaient gérés par le service des menus plaisirs qui avait également la responsabilité des décors de théâtre. Ce n’est donc pas sans raison que ces traîneaux furent fabriqués dans l’esprit de ces décors, en employant des techniques similaires comme, par exemple pour certains, l’utilisation de carton bouilli.
Ces traîneaux furent utilisés en France, dès la fin du XVII° siècle, dans des courses dont la mode provenait des cours nordiques. A cette époque, les hivers étaient plus rudes que maintenant et des courses étaient couramment pratiquées dans les allées du parc de Versailles, sur le grand canal pris par les glaces,… Ce sujet a été abordé dans les articles Traineaux...jeux et oeuvres d'art. (1° partie) et Traineaux…jeux et œuvres d’art 2° partie
Détail de " l'eau" par Claude Deruet 1588-1660
Le Mercure de France de février 1729 nous donne une idée de la splendeur de ces évènements :
« Le Marquis de Beringhen, premier Ecuyer du Roi, marchait à la tête sur un grand traîneau tiré par quatre chevaux pour frayer le chemin… S.M. suivait immédiatement sur un magnifique traîneau dont le cheval avait un riche caparaçon bordé de grelots d’argent…La beauté des chevaux qui vont au grand galop, la richesse des harnais et des caparaçons, le bruit des grelots, les étendards de diverses couleurs flottant dans les airs, la magnificence des traîneaux peints et dorés avec beaucoup de goût, de formes agréables et toutes différentes…tout cela joint au son des fanfares ».
Ces traîneaux sont des œuvres de pure fantaisie ou la nature prenait une place prépondérante dans la décoration et l’ornementation. Certains prenaient la forme d’animaux ; chien, loup, tortue, dont le corps évidé servait de siège au passager. Une sellette fixée à l’arrière permettait au cocher de mener l’équipage. Ses pieds étaient protégés par des chaussons de cuir. Voici les pièces conservées au Musée des carrosses du château de Versailles.
-« Le traîneau au léopard »
Ce traîneau, construit en France, date des années 1730. C’est une pièce de grande taille. La caisse, en forme de léopard, est garnie de velours de soie jaune.
Le corps de l’animal est peint au naturel. Les brancards, se terminant par une tête de loup, sont rouges et or.
-« Le traîneau aux roseaux ».
A l’inverse de la pièce précédente, ce traîneau est très léger car son décor en relief est construit avec la technique du « papier mâché ».
Fabriqué vers 1840, il appartenait aux écuries royales de Louis XV. Il fut également utilisé par Napoléon 1° puis fut abandonné en mauvais état dans les réserves du château jusqu’à maintenant. Les chocs subis lors de son utilisation avaient laissé des déchirures à plusieurs endroits. La tapisserie en velours avait souffert des atteintes de la poussière et présentait également plusieurs déchirures.
Il a été restauré par Christopher Augerson. La remise en état proprement dite a été précédée d’une recherche sur son histoire et de différentes analyses chimiques de pointe qui ont mis à jour les techniques de fabrication du papier mâché et de la polychromie, utilisées à l’époque. « Il a été découvert pas moins de quinze couches de peinture, dorure, glacis et vernis qui ont permis de protéger le traîneau des intempéries. »
Ce traîneau en forme de coquille est orné d’éléments de relief végétaux et marins. Les brancards se terminent en coquille. Il est décoré à la feuille d’or et à l’aventurine (paillette métallique) sur un fond coloré. Si l’usure du temps lui donne actuellement un aspect marron, les analyses ont montré qu’il était à l’origine peint en vert et bleu turquoise. De même, le velours gaufré était bleu avant de déteindre en vert.
-«Le traîneau à la tortue »
La caisse, en bois peint et doré, représente une coquille supportée par une tortue. Ses brancards se terminent en volute et sont dotés d’anneaux permettant de fixer les bâtons reliant le traineau au cheval. Elle est garnie de velours vert frappé.
- "Le traîneau aux jeux chinois"
Il a été construit en France vers 1735. Sa caisse en bois à deux places, en forme de gondole, est soutenue par un motif sculpté de flots et de têtes de dauphins. Elle est peinte de figures et paysages exotiques et garnie de velours de Gênes à trois couleurs. Ses brancards se terminent en forme de volute.
Le siège du cocher repose sur une troisième traverse. A noter la présence des chaussons de cuir de Russie qui assurent la protection des pieds du cocher.
-« Le traîneau au patineur »
Ce traîneau a été utilisé au début du règne de Louis XV jusqu’à l’époque de Napoléon III. Les traces laissées par cette longue histoire ont nécessité des travaux de restauration-conservation confiés à Christopher Anderson, assisté de la chimiste Sylvie Demailly et, pour les tissus, de Patricia Dal Pra.
Les sculptures sont d’origine et ont un style qui le fait dater entre 1815 et 1825.
Il s’agit de sculptures d’ornement ; roses et entrelacs sur les brancards et de figures : une chimère à la proue, un triton soutenant le siège du cocher et un dragon ailé à l’avant.
L’analyse des peintures a montré que ce traîneau avait été remis en état, ou redécoré, plusieurs fois. Les restaurateurs pensent qu’il a subi 6 époques d’intervention comprenant chacune diverses actions successives. Il semble qu’à l’origine les parois de la caisse marouflée n’avaient pour polychromie qu’une feuille d’or appliquée sur toute leur surface.
Schéma de l'hypothèse de la polychromie originale par C. Augerson (Revue Coré)
Les peintures de paysages d’hiver sur la caisse ont donné son appellation au traîneau et datent de la quatrième époque d’intervention.
La revue Coré n° 11 présente une étude très détaillée de toutes les périodes d’intervention sur la polychromie. Feuilles d’or, d’argent s’intercalaient avec glacis, peintures aux multiples pigments…
Siège du cocher et détail du tissu
-« Traîneau à la sirène »
Datant des années 1740, il se compose d’une caisse de bois en forme de conque, enrichie de guirlandes de fleurs et d’une sirène à la proue.
Celles-ci sont sculptées et dorées. L’extrémité des brancards en forme de tête de triton est percée d’un orifice permettant de placer la fourche recevant les guides. Elle est garnie de velours vert gaufré.
Texte : Figoli
Photos: courtoisie et Figoli
Documentation :Coré N° 11 »conservation du patrimoine hippomobile », « Musée carrosses » de Béatrix Saule,…
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La collection du musée des voitures de Versailles en 1851.
Musée des carrosses de Versailles 2; Char funèbre Louis XVIII
Musée des carrosses Versailles 3: Les berlines de Napoléon