Vous trouverez une présentation très accessible des articles de vos "THEMES FAVORIS" dans le répertoire ci dessous.
Restauration d'un coupé de voyage
dans les ateliers de Dieter Gaiser
Le XIX° siècle, grande période de développement économique et technologique, voit s’intensifier les modes de déplacement tant au motif de voyages d’agrément que de voyages d’affaire. L’arrivée du chemin de fer n’entraînera pas un affaiblissement du transport routier mais plutôt sa modification et sa réorganisation. Cette évolution se concrétisera par l’amélioration du réseau routier avec la généralisation du procédé Mac Adam, la mise en place d’une règlementation sur la circulation des véhicules et une amélioration constante des voitures hippomobiles. Les durées des transports étant très longues, les routes pas toujours en état, les conditions de sécurité pas toujours assurées, les professionnels ou les familles aisées qui sillonnaient la France et l'Europe utilisaient des voitures adaptées à ces différents aléas. Les voitures, de types divers ; coupés, berlines, landaus ou même calèches avaient un aspect moins ornementé et une construction plus robuste que les voitures de ville.
Berline de poste qui se rapproche des vieux mail-coachs anglais de la fin du XVIII° et aurait appartenu au général de Gaulaincourt qui l'aurait utilisé en 1807 pour se rendre en Russie à St Petersbourg en tant qu'ambassadeur (Photo de l'exposition centenale de 1900)
Briska de 1842 appartenant au comte de Rotschild dont voici la description effectuée dans le compte rendu de l'exposition centenale.
Les voyages les plus longs nécessitaient la présence d’un personnel de maison qui prenait place à l’extérieur de la caisse sur un siège plus ou moins protégé, situé à l’arrière du véhicule, ou dans des fourgons à bagage qui suivaient l’équipage.
Siège de domestique sur un étonnant landau de voyage vu à Ronda en 2013
La voiture elle-même pouvait être équipée de différents accessoires pour recevoir des bagages; coffres,« vaches »,... des armes; tambour ou « arsenal ».
Voiture présentée à l'exposition centenale de 1900
L’intérieur de l’habitacle était également adapté avec différents espaces et poches permettant de ranger livres et accessoires, pot d'aisance et autre, comme nous avons décrit dans l’article: Exposition: La berline de Napoléon de Mars à Juillet 2012.
Cette voiture fait partie de la famille des coupés de voyage dont nous voyons un exemplaire photographié à Ronda
C'est un des véhicules les plus usités et ce à toutes les époques. En voici un exemplaire du XVIII° dont vous trouverez la description dans l'article;
Ces voitures vont évoluer tout au long du XIX° siècle
Coupé de poste empire de style boule à double flèche. Caisse jaune, garnitures intérieures vertes (exposition centenale 1900)
Elles vont être dotées à l'arrière d'un siège pour les domestiques. Elles n'étaient pas obligatoirement munies d'un siège de cocher car elles étaient souvent attelées en poste
Coupé de voyage utilisé par SAR le duc d'Angoulème, en 1823, pendant la campagne d'Espagne puis par le Duc de Trevise, ambassadeur de Louis Philippe en Russie (voyage de 2700kms entre St Petersbourg et Paris)
En voici sa description faite lors de l'exposition centenale de 1900
Certaines des caisses étaient prolongées à l'avant par un coffre ou un souflet qui permettait aux passagers de s'allonger et ainsi "dormir" pendant le voyages.
Vous trouverez l'histoire de cette voiture conservée au haras du Pin et inscrite au patrimoine sur le site des Ressources culturelles de Basse Normandie;
voir lien:link
Elles étaient alors nommées dormeuses. Dans le dessin de la voiture de Napoléon présenté plus haut, vous pouvez apprécier le soin apporté à l'aménagement intérieur de ces voitures, destiné à amèliorer le confort des voyageurs.
Cette recherche du confort passe par l'amélioration de la suspension et, dès leur apparition, des trains à huit ressorts furent montés sur de nombreux coupés de voyage.
Cette voiture montée à huit ressorts, construite en 1830 par Bergeon Bordeaux pour le comte Lamarque, présente la particularité d'être transformable en voiture de demi-gala.
L'élégance d'une voiture comme celle ci lui permettait d'être utilisée également comme voiture de ville ou de demi gala grâce à de légères modifications décrites dans le compte rendu de l'exposition centenale:
Nous allons vous présenter aujourd'hui la restauration d'un autre coupé de voyage de la même époque, monté, lui, avec des ressorts en C. Ces travaux ont été réalisés dans les ateliers de Dieter Gaiser dont vous avez déjà pu apprécier la qualité professionnelle dans les articles :
Préservation d'un phaéton suédois du XVIII°.
Coach privé Mülhbacher: Histoire et Restauration 2° Partie
et dont vous pourrez apprécier les autres réalisations sur son site: link
Cette voiture a été construite pa la maison Powel à Londres dans les années 1820-30.
Globalement la structure bois est en bon état mais l'ensemble des parties métalliques sont attaquées par la rouille. Bien qu'une grande partie des éléments soit préservée, un travail de rénovation ne pourrait suffire à sa remise en état. D.Gaiser va donc effectuer une restauration, bien entendu respectueuse de la construction d'origine, tant au niveau des matériaux, que des techniques employées.
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Lors de son achat, le siège des domestiques manquant avait été, en partie, refait mais était incomplet. Une malle de siège complétait la voiture.
Comme avant toute restauration, Dieter Gaiser effectua un travail de recherche sur la voiture, trouvant par exemple les plans d'une caisse similaire.
Nous allons vous présenter l'ensemble des travaux d'une façon un peu particulière car nous vous présentons de manière séparée les structures extérieures, le train et la caisse.
Les structures extérieures:
Elles se composent donc des sièges et coffres arrières et avant.
La partie bois concerne essentiellement les coffres;
Le siège arrière est débarrassé de ses renforcements en fibre de verre et est complété par une planche repose pied.
le coffre avant est, quant à lui, remis en état; les fentes traitées par collage et les parois doublées de toile de jute.
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Les pièces métalliques sont démontées, sablées, réparées si nécessaire et traitées contre la rouille.
Les fers des sièges, ainsi préparés, peuvent alors être "garnis en plein" ce qui est une des caractéristiques des voitures de voyage. Le protège-boue est refait.
Ces cuirs sont alors teints. La voiture étant destinée à un musée, ils sont également vieillis.
Leur positionnement sur la caisse permet de vérifier leur adaptation
Le façonnement des garnitures et pentes des sièges peut alors commencer.
Les divers éléments seront ensuite fixés sur la voiture.
Le train :
Le démontage du train fait apparaître de sérieuses dégradations des bois au niveau de la flèche et de l'avant-train, notamment certains armons et la volée.
Certaines pièces doivent donc être reconstituées
Le démontage fait également apparaître des dégradations dans les différentes pièces métalliques qui sont réparées ou changées. Ainsi, 60% des vis et boulons aux filetages dégradés ont du être changés.
Les pièces sont ensuite sablées
et traitées contre la rouille.
L'ensemble du train remonté est enduit d'une première pré-couche
avant d'être peint et ornementé de filets.
La caisse:
La caisse est entièrement déshabillée, permettant de mettre à nue les différentes altérations du bois dont de nombreuses fentes ou fendilles, qui sont traitées par encollage.
Le décapage et la mise à nu des bois ne sont pas sans effet sur l'esthétique du courageux restaurateur!
Les pieces endommagées réparées et les fentes stabilisées, l'ensemble des parois est recouverte, comme autrefois, de toile de jute afin d'éviter d'autres dégradations, liées aux changements hygrométriques.
La garniture intérieure est réalisée avec des tissus se rapprochant, au plus prés, de la garniture originale.
En voici différentes phases, allant de la mise en place de la matelassure à la rénovation de la passementerie.
La passementerie est rénovée ou recrée entièrement à l'identique
L'intérieur terminé,
Il ne reste plus qu'à peindre les armoiries
et monter portes, volets, vitres, sabot,...
Voici l'ensemble terminé
Nous remercions Dieter Gaiser de nous avoir si aimablement confié ses photos
Texte
Figoli
Bibliographie:
"Panorama Exposition universelle musée centennaux" N°20 1900
"Notice de l'exposition centenale des moyens de transport" 1901
Catherine Rommelaere "Voitures et Carossiers"
Jean Louis Libourel "Voitures hippomobiles"
Photos
Dieter Gaiser