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Aquarelle de Busson datant de 1894
Harnais à pompe
voitures à pompe
L'attelage d'une deux roues à une paire de chevaux prend ses racines à la naissance même de l'attelage.. Biges et quadriges peuplent les récits et les représentations (gravures, sculptures, dessins,..) des plus anciennes civilisations.
Dessins de chars sahariens découverts, en 1948, dans la grotte de Tamadjert située dans le Sahara central (Photo Kunz).
Parmi les types d'attelage, reconstitués et décrits dans " Etudes expérimentales sur l'attelage" par J.Spruytte, deux techniques basées sur l'utilisation du joug, sont communes à diverses civilisations. Il s'agit de:
L'attelage à joug d'encolure:
Voici les schémas d'un attelage à joug d'encolure, les détails de la fixation du joug aux fourchons d'encolure (Dessin J Spruytte) ainsi qu'un fourchon trouvé dans le tombeau de Toutânkhamon.
Cet harnachement était utilisé, par exemple, dans l'attelage des chars égyptiens.
L'attelage à joug dorsal:
Schémas d'un attelage à joug dorsal (Dessin J Spruytte)
Cette technique de joug fixé au niveau dorsal était utilisé dans les chars de course grecs et romains.
Représentation de l'attelage d'un bige ou d'un trige sur une céramique et ci-dessous d'un bronze grec incrusté d'ivoire et d'un char romain,
où l'on peut distinguer la cheville de fixation du joug.
Dans l'attelage moderne du XVIII° et XIX° siècle, différentes techniques sont utilisées:
L'attelage à l'échelle:
Le timon passe par une sorte de joug composé de deux barres de bois fixées aux colliers des animaux, généralement des mules.
Cette technique est encore utilisée en Aquitaine par quelques passionnés.
L'attelage à barre de poitrail de type "cape harness":
Le soutien de la voiture est obtenu par une barre qui passe devant le poitrail et est reliée par des sangles a un surcou renforcé.
Nous le retrouvons dans les voitures de type cape-cart utilisées en Afrique du sud (voir détail du harnais et de la voiture dans l'article Cape car ) Ces voitures sud-africaines se sont elles-mêmes inspirées de voitures européennes, entre autre hollandaises et allemandes.
Charette à deux roues à deux chevaux avec harnachement à bricole de type Cape-harness photographiée au CIAT de St Agil.
L'attelage avec timon et brancards
Je n'ai trouvé qu'une seule représentation dans l'ouvrage "treatise of carriages" de Felton 1894.
L'attelage avec un harnais à pompe.
Le harnais à pompe, quant à lui, serait une évolution du joug dorsal des biges romains réinventé à la fin du XVIII° siècle.
« Primitivement, la barre était en effet une variante du joug. Elle se fixait directement au dit timon »-Jacques Robiquet-
En voici un exemple rustique sur une voiture de travail girondine. Si on ne voit pas la sangle liant le timon à la barre de pompe, on distingue en bout de cette barre la courroie qui passe au dessous des deux chevaux et au dessus du timon pour l'empêcher de remonter.
Mais le harnais "à pompe" a pris ses lettres de noblesse dans son utilisation pour les voitures de luxe.
Harnais à pompe dessiné par L Caplain
Ce dessin du guide du carrossier de 1887 nous présente son positionnement par rapport à la voiture.
Le timon, souvent équipé d’un ressort pour en limiter le tangage en phase de trot, est maintenu à l’aide d’une double courroie reliée par une mortaise à une tige d’acier qui surmonte transversalement les deux sellettes. Cette barre de poupée nommée également pompe joue légèrement dans les anneaux des poupées fixées au centre des sellettes (ceci permet de compenser les mouvements latéraux des chevaux).
Dessin extrait du livre de Ginzrot et reproduit dans la revue achenbach
Pour stabiliser la voiture, le harnais à pompe déjà décrit est complèté par une sangle liée aux boucles de mancelle extérieures des sellettes et qui passe au dessus du timon pour lui éviter de remonter. En voici le principe dessiné ici par Jean Louis Libourel à partir du harnais du Carrick à pompe conservé au haras de St Lo.
Dessin Jean Louis Libourel
La photo ci dessous donne un exemple de bouclage de cette sangle sur un harnais à pompe contemporain.
Les sellettes obligatoirement renforcées donnent, à la fin du XVIII° et au début du XIX°, un aspect un peu « massif » aux harnais. Ces harnais vont rapidement évoluer au cours des années comme le montrent les planches du Régulateur du sellier entre 1818 et 1821(voir article: "Le régulateur du sellier" )
Harnais à pompe présenté dans l'édition de 1821 du régulateur du sellier de Hofer
Ils vont s’affiner et donner à l’équipage une très grande élégance.
Détail du harnais à pompe du carrick du haras de St Lo (Photo Hippotese)
A la fin du XIX°, nous sommes en présence de harnais d’une grande sobriété et beauté comme ce modèle du sellier Léné datant de 1878.
dont voici la description
Comme il est noté dans cette description, les harnais à pompe pouvaient équiper différents types de voiture. Ceci est confirmé par des écrits plus anciens.
" Mais il est des harnais de cabriolets, tilburys, carrick, qui sont cependant à deux chevaux, ce sont des harnais à pompe " -manuel complet du sellier bourrelier 1833-
Ils n'étaient donc pas dédiés au seules voitures de forme carrick. L'utilisation du vocable carrick pour désigner toute voiture à pompe est donc une erreur.*
Le Carrick à pompe est une voiture trés particulière que nous vous présenterons dans le prochain article. Il est donc plus juste de désigner ces véhicules de formes et utilisations trés variées, sous le vocable de "voiture à pompe".
Ces types d’attelages se développèrent fin XVIII°, début XIX°, en Angleterre, alors creuset de la création hippomobile. Leur développement fut lié à plusieurs facteurs:
-La taxation des voitures à deux roues qui y était nettement inférieure aux voitures à quatre roues.
-L'attrait pour les sportsmen d'un menage trés délicat demandant des chevaux d'un trés haut niveau de dressage.
-Crées à l’époque de la mode des voitures extravagantes, elles concurrencèrent le high-perch puis les supplantèrent.
Fin XVIII° le futur prince régent, en fut un des plus enthousiastes promoteurs. Sur cette gravure, il mène un cabriolet accompagné de ses grooms qui le suivent à cheval.
L'ouvrage "collection meubles et objets de goût" de 1807 présente un autre exemple de cabriolet à pompe sous le nom de cabriolet à flèche.
Les types de caisses se diversifièrent au fil des ans comme cette « charrette » transportant Said Pacha, en 1849.
ou ce dog cart de 1860 figurant dans un album de la maison "Holmes Maker".
Mais le système d'attelage avec un harnais à pompe fut également utilisé dans des voitures de service comme ce cab à porte arrière; "Curricle tribus" présenté par M Harvey en 1845,
également pour des cabs en France comme "La parisienne", cab à pompe photographié à Paris, en 1893 par Delton, et primé au Concours Hippique.
"La parisienne" Photo de Delton (revue Acchenbach)
Des voitures comme certains cocking carts américains ont été conçues pour être attelées avec un harnais à pompe pour deux ou pour trois chevaux comme le montrent le dessin et plans suivants.
Ce système de harnais à pompe fut utilisé également en 1914 dans les armées. Une barre de pompe pouvait s'adapter rapidement sur les bats permettant ainsi, sans déharnacher les animaux, d'atteler des mules bâtées.
Dans le dernier quart du XIX°, la construction de ces voitures de luxe très onéreuses a fortement diminué. De jeunes amateurs désirant atteler en paire à moindre frais font modifier des deux roues de toutes sortes. Voici la description de la modification d’une humble charrette en voiture à pompe; modification prescrite par M. Lagard et cité par C.de Comminges dans "Dressage et Menage"1897 (P.153).
« A cet effet, on retire les brancards de limonière d’une charrette anglaise, par exemple ; on les remplace par de faux brancards se terminant, en avant du garde-crotte, par une gueule de loup destinée à recevoir les palonniers ; un collier et une douille de timon fixés sous la caisse reçoivent le timon. On voit que cette légère modification, appliquée à une voiture quelconque à deux roues, permet de mener un attelage à pompe sans entraîner de grands frais. La seule modification à apporter aux harnais est de faire visser dans les sellettes des tiges en acier nommées poupées, qui reçoivent la traverse en acier dite traverse de poupées. Mais ces modifications doivent être faites avec grand soin et par un très bon fournisseur, sous peine d'avoir des accessoires grossiers impratiques et de mauvais goût »
Cette mode a encore amplifiée la confusion sur l'authenticité de certains harnais et sur la typologie et l'authenticité des voitures.
La terminologie de voiture à pompe pour l'ensemble de ce parc est donc amplement justifiée.
Il reste qu'un modèle a été une pièce d'exception, réalisé par les plus grands carrossiers anglais et français. Il s'agit du carrick à pompe que nous vous présenons dans l' article:
Carrick à pompe (inscrit au patrimoine) du Haras de St Lo (Photo Haras Nationaux)
La seule voiture de ce type visible en France par le public
Texte:
Figoli
Photos:
Archives;D Gaiser, H. Baup, Figoli, photos de courtoisie,...
Bibliographie:
Libourel Jean Louis, voitures hippomobiles
Lebrun, Manuel complet du Bourrelier et du sellier, Riquet Paris,1833
Spruytte J, Etudes expérimentales sur l'attelage
Walrond Sallie, Les voitures à chevaux
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* En Angleterre (dans les journaux et le langage commun), dés la fin du XVIII° siècle, toutes les voitures à deux roues attelées à deux chevaux grace à un harnais à pompe ,dont le carrick, furent nommées sous le terme générique de curricle provenant du voccable latin curriculum; "chars de course".L'utilisation de cet angliscisme Curricle en France pour désigner un carrick à pompe a renforcé la confusion.
Photos complémentaires